L’A380 doit-il encore évoluer ? Alitalia peut-elle s’en sortir ?
19 octobre 2017 Jean-Louis Baroux 1 commentaire À la une Air Berlin, Airbus, Alitalia, Monarch Airlines, New Engine Option, tim Clarke
On a parfois de la peine à comprendre certaines décisions. Dernièrement j’ai été alerté par deux sujets d’ailleurs assez éloignés l’un de l’autre : Airbus et l’A 380 d’une part et l’avenir d’Alitalia d’autre part. Commençons par Airbus.
Pas plus tard que la semaine dernière Sir Tim Clark le CEO d’Emirates, premier client du A 380 et de loin, répondant à une interview dans le journal économique hollandais « Het Financieele Dagblad », répétait son optimisme quant à la croissance du transport aérien. Et une fois encore, il renouvelait la nécessité d’opérer encore plus d’A 380.
Or quand Tim Clark parle, ce n’est pas pour envoyer des paroles en l’air. Rappelons que sa compagnie opère 98 des 215 A 380 livrés et qu’elle en a commandé 142 au total soit à elle seule plus du tiers des appareils.
Pour information Air France en a 10, British Airways 12 et Singapore Airlines qui vient au deuxième rang des utilisateurs 19.
Et bien depuis des années Tim Clark réclame à Airbus une version améliorée de l’appareil, un A 380 NEO (New Engine Option). Cette version serait l’équivalent de ce qui a été développé pour la série A 320 avec le succès que l’on connait.
Sauf qu’Airbus semble aller à reculons devant ce nouveau développement. A vrai dire le constructeur ne recueille pas un grand enthousiasme de la part des acquéreurs potentiels.
Mais il faut se rappeler tout de même l’histoire du Boeing 747. Ce magnifique appareil a été vendu à 1500 exemplaires
pendant sa très longue carrière. Or il en a été construit pas moins de 6 versions entre le B 747/100 et le dernier B 747/8 avec 9 sous versions. Sans ces développements constants, la carrière de ce Jumbo aurait été très différente.
Durant les 10 premières années, Boeing a livré 394 B 747 alors que dans la même période Airbus en a vendu 317 et mis en service 215. Les résultats ne sont au fond pas si éloignés.
Il serait vraiment dommage que les développements nécessaires ne soient pas réalisés sur ce qui reste encore le meilleur appareil long courrier tout au moins pour les passagers… et leur avis doit tout de même être pris en compte.
Et maintenant revenons à Alitalia.
Alors que l’on pensait la compagnie proche de sa fin, laquelle était programmée pour le mois de novembre, on apprend que le gouvernement italien vient de rallonger le prêt consenti à son transporteur national.
Celui-ci est pour le moment de 600 millions d’euros remboursable fin octobre soit à la fin de la durée de 6 mois prévue à l’origine.
Mais Alitalia est bien en peine d’effectuer ce remboursement et les approches faites pour trouver un repreneur sont pour le moment restées sans résultat.
Le gouvernement italien peut difficilement accepter de ne plus avoir un transporteur national historique, et on le comprend.
Alors il vient de décider une rallonge de 300 millions d’euros supplémentaires. Plus même, il repousse le délai de remboursement au 30 avril 2018. Voilà qui donne un peu d’air à la compagnie, laquelle annonce l’ouverture de nouvelles lignes, comme si de rien n’était.
Seulement il n’est pas certain que cette mesure soit suffisante pour la sauver. Car, si on suit les règles européennes auxquelles sont soumis et le gouvernement italien et le transporteur national, ce prêt devra être remboursé.
Mais alors tout repreneur potentiel devra bien intégrer cela dans son plan de reprise. Le montant est donc de 900 millions d’euros ce qui n’est pas une petite somme. Il risque par conséquent de décourager les bonnes volontés qui déjà ne se précipitaient pas au portillon.
D’autre part les clients qui ont pris l’habitude d’acheter leurs billets à l’avance sont sans doute échaudés par ce qui est arrivé à Air Berlin et à Monarch. Ils ne vont donc pas se précipiter pour donner leur argent et cela ne facilitera pas la trésorerie de la compagnie.
Il est certes très pénible pour un pays de voir disparaître son fleuron aérien et on comprend bien que les pouvoirs publics fassent tout leur possible, et même parfois plus, pour empêcher cela. Mais à défaut de modifier les règles européennes, on voir mal comment cette nouvelle facilité financière pourra sauver Alitalia du désastre. Et c’est bien triste.
Jean Louis Baroux
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1 commentaire pour “L’A380 doit-il encore évoluer ? Alitalia peut-elle s’en sortir ?”
Pour l’instant, Alitalia a dans ses caisses, la totalité du premier prêt pont de 600 millions d’euros. La saison a été bonne… avec excellente ponctualité et bon remplissage des avions. Les trois commissaires font un excellent travail. La caisse des dépots italiennes devrait reprendre la compagnie intégralement et c’est l’ancien PDG de Trenitalia qui gérera la compagnie.
Qatar Airlines a pour sa part pris 49% de Meridiana en vue d’en faire la compagnie italienne numéro 1.
Qatar Airlines, autre chose qu’Ethiad… une bande de charlots de l’aviation.