Quand Ryanair se fait la valise
27 août 2018 Rédaction Aucun commentaire Transport Bagage à main, cabine, Irlande, Ryanair 4977 vues
Ryanair a donc décidé de faire payer à ses passagers le droit d’emporter une petite valise, que ce soit en soute ou en cabine, poussant encore un peu plus loin le modèle low-cost et ses critères de rentabilité.
Jusqu’à présent, les passagers de la compagnie irlandaise à bas coûts pouvaient emporter avec eux gratuitement une petite valise ainsi qu’un petit sac supplémentaire.
Mais la compagnie à bas prix a expliqué dans un communiqué publié jeudi soir que ses clients devraient dorénavant payer un embarquement « prioritaire », facturé 6 euros par voyage et par personne, pour avoir le droit d’emporter une petite valise en cabine.
Les passagers qui ne choisiront pas cette formule pourront sinon faire enregistrer leur petite valise en soute, mais cela sera aussi payant, à hauteur de 8 euros par bagage au moment de la réservation.
Dorénavant, les passagers ne pourront donc emmener gratuitement qu’un petit sac, comme un sac à main ou un petit sac à dos pouvant être placé sous le siège.
L’entreprise irlandaise a expliqué vouloir ainsi réduire les délais à l’embarquement.
L’un des critères de rentabilité important pour une compagnie low-cost est en effet le temps de rotation de ses appareils.
Pour un meilleur amortissement normalement
Pour augmenter le nombre de vols quotidiens, amortir l’ensemble des coûts fixes et rentabiliser la flotte, chaque avion doit passer le moins de temps possible au sol -environ 30 minutes pour une low-cost- entre deux vols.
Les bagages payants signifient plus de revenus mais aussi, s’ils sont moins nombreux, un temps de chargement et de déchargement réduit. Et moins de poids dans l’avion, rimant avec une consommation de kérosène plus basse.
Si le bagage en soute constitue déjà une variable d’ajustement pour de nombreuses compagnies, le bagage dit « cabine », pouvant se ranger dans les compartiments situés au-dessus des sièges, reste gratuit.
Le principal concurrent de Ryanair, la britannique easyJet, propose ainsi toujours un bagage à main par personne à bord, sans limite de poids, mais respectant certaines dimensions.
Enregistrer sa valise en soute était au contraire déjà systématiquement payant pour les compagnies à bas coûts, là où ce service est compris dans le prix du billet pour les compagnies traditionnelles.
Mais ces dernières s’adaptent elles aussi: certaines -comme Air France- proposent à présent des tarifs « light », avec un bagage en soute en option payante sur des vols transatlantiques, afin d’aligner leur prix d’appel sur celui de leurs redoutables nouvelles concurrentes, les compagnies low-cost longue distance.
Depuis quelques mois, Ryanair prenait à la porte d’embarquement une partie des petites valises que les passagers prévoyaient d’emmener en cabine et les transportait gratuitement en soute, faute de place suffisante dans les compartiments à bagages au-dessus des sièges, selon elle.
Mais cette politique « qui a conduit à l’étiquetage de jusqu’à 120 valises gratuitement aux portes d’embarquement a conduit à des retards de 25 minutes environ« , a expliqué la compagnie.
Pour mettre fin à ce problème, elle prévient qu’à partir du mois de novembre, « il n’y aura plus d’étiquetage gratuit des bagages à la porte d’embarquement« . Concrètement, cela signifie que les passagers devront avoir payé préalablement soit pour un embarquement prioritaire, soit pour un bagage en soute.
Ryanair autorisait les passagers à emmener une petite valise et un petit sac gratuitement depuis 2013 et le lancement de sa politique « Always Getting Better ». Ce programme d’amélioration du service visait à rendre plus aimable une compagnie jusque-là connue pour la rudesse de ses conditions de voyage.
Cette politique a connu du succès et contribué à doper le trafic de Ryanair, devenue depuis la première compagnie aérienne en terme de passagers transportés en Europe.
L’entreprise est confrontée cependant à une fronde sociale inédite de son personnel depuis l’an passé et a entrepris de négocier avec des syndicats pour répondre à une partie des demandes d’amélioration des conditions de travail, ce qui va lui occasionner des coûts supplémentaires.
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