Brexit : un Jack-pot de 52 millions d’euros pour Brittany Ferries
4 janvier 2019 Frédéric De Poligny 1 commentaire À la une Angleterre, Brexit, Brittany Ferries 4904 vues
Brittany Ferries, la compagnie de ferries française (et bretonne) trans-Manche pouvait à juste titre éprouver quelques inquiétudes avec l’arrivée fort probable d’un Brexit sans accord, le « Hard Brexit » aussi appelé « Brexit no deal », qui risque d’enclencher un vrai cataclysme dans les ports Britanniques dès le 29 mars prochain.
En effet, dès le 29 mars 2019 à 23h (heure anglaise), minuit (heure française), le Royaume Uni devrait sortir officiellement de l’Union Européenne, et sans la signature d’un accord qui lui offrirait une période de transition de deux ans, il deviendrait ipso facto, un Etat tiers, l’égal d’une simple république bananière comme on disait autrefois !
Le rétablissement des barrières douanières, simplement pour les ports du Royaume Uni, va entrainer des délais d’attente monstrueux avec d’impressionnants bouchons.
Déjà pour le tunnel sous la Manche, le gouvernement Britannique lui-même parle de bouchons de 15 à 50 km de long pour accéder aux services des douanes avant l’embarquement dans les navettes d’Eurotunnel. Aussi envisage-t-il d’utiliser une partie de l’accès autoroutier au tunnel à Douvres comme parking d’attente pour les poids lourds, et de mettre à double sens les voies de sortie.
Car non seulement les contrôles douaniers des poids lourds sont administrativement longs et fastidieux, mais nos amis Britanniques viennent de remarquer qu’il va leur manquer plusieurs milliers de douaniers, ce qui ne vas pas accélérer les opérations.
Le gouvernement de Theresa May réalisant que l’économie du Royaume Uni dépend beaucoup de cette Europe qu’ils veulent quitter, mais qui est à la fois son premier fournisseur et son plus gros client, commence seulement à mesurer l’impact qu’aurait un simple ralentissement du trafic trans-Manche. Aucune étude officielle et sérieuse n’a été effectuée à ce jour dans ce domaine vital et hautement stratégique.
Ce week-end La BBC a annoncé que pour essayer de faire face à ce danger immédiat, le Ministère des Transports britannique venait de signer un méga-contrat de 109 millions de livres (soit environ 120 millions d’euros) avec 3 compagnies de ferries, la française Brittany Ferries, la danoise DFDS et la britannique Seaborne, pour augmenter le nombre de liaisons maritimes vers l’Europe en cas de « no deal ».
Ces contrats n’ont pas fait l’objet d’appels d’offre a précisé le Ministère à cause de « l’extrême urgence » de la situation.
Le contrat signé avec Brittany Ferries s’élève à 46,5 millions de livres, soit environ 51,9 millions d’euros, DFDS obtient un contrat très légèrement supérieur (52,6 Millions d’euros), tandis que la compagnie britannique se contente de 15,3 millions d’euros. Ces liaisons supplémentaires se feront au-départ-de et vers plusieurs ports du Sud et de l’Est de l’Angleterre pour tenter fluidifier le trafic en allégeant celui de Douvres.
Ce contrat de 51,9 millions d’euros va redistribuer les cartes chez Brittany Ferries, car la compagnie bretonne qui dessert largement l’Irlande depuis les ports français étudiait la possibilité d’augmenter son offre vers ce pays dont la partie Sud, la République d’Irlande, fait partie de l’Union Européenne, dans le cas où il y aurait un effondrement ou un ralentissement des traversées de France vers l’Angleterre.
Ces belles étrennes à 52 millions offertes par le gouvernement de sa Gracieuse Majesté seront appréciées à leur juste valeur mais elles sont déjà la reconnaissance par le Royaume Uni de l’importance et de la qualité des services de Brittany Ferries.
Mais pour assurer une augmentation des fréquences et des routes, Brittany Ferries risque d’être amenée à modifier quelque peu les horaires de certaines liaisons.
Et vraisemblablement la compagnie devra augmenter ses capacités de transport, avec l’acquisition ou la location d’au moins un navire supplémentaire.
Mais tout ceci ne dépend que de l’évolution absolument imprévisible du Brexit.
D’ici une quinzaine de jours avec le vote au Parlement Britannique, nous devrions en savoir un peu plus sur l’avenir de nos relations avec le Royaume Uni. Brexit avec accord, Brexit sans d’accord, ou même, pas de Brexit du tout, toutes ces options sont sur la table !
Alors comme le disent eux-mêmes nos chers voisins britanniques, « Wait and See ».
Frédéric de Poligny
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Dans Le Figaro
Londres signe un contrat avec une compagnie de ferry…sans bateaux
Dans le cadre de ses préparatifs à un Brexit sans accord, le gouvernement britannique a passé des contrats avec trois compagnies de navigation dont la britannique Seaborne qui ne dispose ni de bateaux ni d’expérience en matière de transport maritime.
Par lefigaro.fr et AFP agence
Le ministère des Transports britannique a en effet signé des contrats avec trois compagnies de ferry
Les critiques pleuvent sur le gouvernement britannique. De fait, dans le cadre de ses préparatifs à un Brexit sans accord, l’État a passé un contrat de près de 14 millions de livres avec une compagnie de ferry… sans expérience et sans bateaux!
Le ministère des Transports britannique a en effet signé des contrats avec trois compagnies de ferry pour un montant de 107 millions de livres (120 millions d’euros) afin de limiter les perturbations dans les ports en cas de sortie de l’Union européenne sans accord.
L’État craint en effet qu’un Brexit sans accord crée la pagaille sur les mers et que des marchandises essentielles restent bloquées sur le continent. Pour prévenir ces désagréments, le gouvernement met donc la main au porte-monnaie pour créer des liaisons supplémentaires avec le continent. Ces liaisons additionnelles permettront l’entrée de 4 000 camions qui représenteront environ 10 % du trafic actuel au port de Douvres. Elles seront dirigées vers plusieurs ports britanniques (Poole, Plymouth au sud, Felixstowe à l’est…). «La situation d’extrême urgence» justifie le non-respect de la procédure d’appel d’offres, a détaillé le gouvernement.
Reste que cette «urgence» a entraîné une erreur. Ainsi, dans la précipitation, l’État a noué un contrat avec la société britannique Seaborne pour 13,8 millions de livres (15,3 millions d’euros) pour créer des liaisons supplémentaires avec le continent. En vertu de ce contrat, Seaborne est supposé transporter du fret de Ramsgate en Angleterre jusqu’au port belge d’Ostende. Or, le port de Ramsgate, situé dans le Kent, ne fournit plus ce type de services depuis 2013. Mieux: Seaborne n’a jamais opéré ce type de services et n’a «ni navires ni historique commercial», selon le conseiller local Paul Messenger (conservateur), interrogé par la BBC.
L’opposition a tancé le gouvernement.
«Pourquoi choisir une entreprise qui n’a jamais transporté un seul camion de son histoire et leur donner 14 millions de livres sterling? Je ne vois pas la logique», a-t-il déclaré, estimant peu probable que la compagnie soit capable de mettre en place ce service à temps pour le Brexit, prévu le 29 mars 2019.
Dans un communiqué Seaborne a affirmé travailler depuis 2017 pour lancer un service de ferry début 2019. «Le service devait démarrer à la mi-février, mais il a maintenant été retardé à la fin mars pour des raisons opérationnelles», a souligné la compagnie.
«Ce contrat a été attribué en sachant que Seaborne Freight est un nouveau fournisseur de services de transport maritime et que la capacité et les navires supplémentaires seraient fournis dans le cadre de ses premiers services», s’est défendu le ministère des Transports dans un communiqué. Mais l’opposition a tancé le gouvernement.
«Le fait que le gouvernement ait signé un contrat avec une compagnie de ferry sans ferries résume en gros leur approche grotesque du fiasco du Brexit», a moqué le député Edward Davey, membre du parti libéral démocrate, pro-UE, sur Twitter. Le député travailliste Neil Coyle, anti-Brexit, a dénoncé «le dernier gâchis en date» du ministre des Transports Chris Grayling, après l’affaire des drones qui ont semé la pagaille à l’aéroport de Gatwick récemment.