Exclusif : Nicolas Delord, président de Thomas Cook France, répond à ses détracteurs
21 octobre 2019 Rédaction 2 commentaires À la une France, nicolas delord, Richard Vainopoulos, Thomas Cook 7053 vues
Accusé par Richard Vainopoulos le président de Tourcom de « ne pas avoir les épaules solides« , de ne pas avoir fait dans les temps la déclaration de cessation de paiement ou encore d’avoir abandonné à leur sort les agences franchisées Thomas Cook, Nicolas Delord remet les choses au point. Il a choisi La Quotidienne pour le faire.
LQ : Que répondez vous aux nouvelles critiques sur votre gestion de la chute de Thomas Cook France ?
Nicolas Delord : Je me suis déjà longuement exprimé lors d’un point presse mardi dernier. Je ne me livrerais pas à une surenchère avec des personnes qui manifestement continuent de nous jeter la pierre. Les critiques parues récemment dans la presse me semblent irréfléchies et indignes.
La discussion doit porter sur le fond, je trouve indécent ce manque de solidarité et ce ton tout à fait démagogique.
LQ : Quand avez-vous précisément déposé la DCP ?
ND : Le dépôt d’une déclaration de Cessation de Paiement obéit à un certain nombre de règles légales, suivant d’ailleurs la structure juridique de l’entreprise qui dépose.
Dans le cas de Thomas Cook France, il y a un comité central d’entreprise et deux comités d’établissement avec des délais à respecter, en particulier une contrainte impérative qui est la convocation des instances représentatives du personnel qui doivent être consultées pour ce dépôt.
Entre le constat de la date de cessation de paiement et le dépôt de la déclaration de cessation de paiement, il peut s’écouler 8 jours. Dans notre cas, nous avons pu accélérer le processus et ramener le délai à 5 jours.
La DCP a été déposée le 27 septembre 2019.
Le juge du tribunal de commerce, une fois la déclaration déposée, a la responsabilité de constater et d’établir formellement la date de cessation de paiement.
La date de dépôt de cessation de paiement et la date d’état de cessation de paiement sont deux choses différentes compte tenu des obligations légales en la matière.
La déclaration de Richard Vainopoulos récemment à la presse est donc tout à fait inexacte et révèle pour le moins une méconnaissance des procédures.
LQ : Les franchisés peuvent-ils juridiquement dès à présent rejoindre d’autres réseaux d’agences de voyage ?
ND : Les franchisés agissent sur les recommandations de leurs conseillers juridiques. Certains ont immédiatement décidé de rompre leur contrat de franchise avec Thomas Cook. D’autres ont été conseillé de ne pas le faire.
Dans le cadre d’une procédure de redressement judiciaire telle que celle que nous vivons, les contrats continuent de courir. C’est la réglementation.
L’entreprise est en continuation même si elle n’a pas la faculté d’effectuer certaines opérations.
LQ : Votre centrale de paiement Tess, non réassurée semble t-il, a t-elle favorisé les agences intégrées Thomas Cook au détriment des franchisées ?
ND : Je constate chez certains professionnels une méconnaissance du fonctionnement de la centrale de paiement Tess qui gère les règlements fournisseurs des agences franchisées.
La mission de la centrale est de collecter les paiements des franchisés, elle n’est pas de payer les fournisseurs. C’est une banque qui paie les fournisseurs à partir d’un compte en banque. La centrale n’est juste qu’un outil de transit entre les fonds des franchisés et la banque de Thomas Cook qui elle paie les fournisseurs.
Ce fonctionnement historique, déclaré à la Banque de France, est totalement transparent et normal.
La centrale de paiement ne nécessitait pas d’être réassurée. Les fonds collectés auprès des franchisés pour le règlement des fournisseurs étaient sanctuarisés et, contrairement au fonds en provenance des agences intégrées, n’entraient pas dans le cash pool du groupe.
Sur les PNR, nous n’avons retenu aucun billet d’avion. Quand un billet a été émis et payé, il est demeuré à la disposition du client sauf si l’agence a décidé d’annuler sa réservation.
Pour les agences qui nous ont demandé de récupérer le billet (transfert de propriété vers leur office ID, ndlr), il fallait que la compagnie aérienne donne son d’accord et que l’agence accepte de payer le prix.
Certaines compagnies, avec des billets en bloc sièges, ont pu décider d’annuler les blocs et les passagers n’ont pas pu embarquer.
Pour les billets réservés mais non encore émis (ce qui déclenche le paiement c’est l’émission, ndlr), ils ont été transférés sur demande sans contrepartie mais avec accord de la compagnie
LQ : Quelles conséquences aura à terme, selon vous, la chute de Thomas Cook France sur le marché français ? Le modèle est-il à revoir ?
ND : Le stress a créé beaucoup d’impatience. Pour ma part, comme certains confrères, je pense qu’elle conduira à repenser le modèle. Le système de flux financier qui va du client jusqu’au prestataire est extrêmement complexe et n’apporte probablement pas assez de sécurité à tous les acteurs de la chaîne …
La garantie des fonds déposés et le schéma de protection des divers acteurs avec, devra certainement évoluer.
Propos recueillis par PR
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2 commentaires pour “Exclusif : Nicolas Delord, président de Thomas Cook France, répond à ses détracteurs”
Je suis scandalisé par le comportement de Thomas Cook. C’est facile de passer la saison et de déposer le bilan à la fin de celle-ci en laissant 20 M€ d’impayés aux hôteliers tunisiens déjà en crise aiguë. Ceci n’honore ni Thomas Cook ni la profession. Les hôteliers tunisiens ont été manipulés et mis devant le fait accompli. On a profité de leur fragilité. C’est honteux d’avoir agi de la sorte !
Intéressant à lire ; comme quoi il est toujours bon de bien connaitre un dossier et d’avoir un recul non partisan pour l’analyser.
Merci à Nicolas pour cet éclairage via la Quotidienne.