Aéroport Toulouse-Blagnac : retour sur les dessous du scandale
16 décembre 2019 Serge Fabre Aucun commentaire France Aéroport Toulouse-Blagnac, CASIL, China Airport Synergy Investment Limited, Languedoc-Roussillon, Shandong Hi-Speed Group 4794 vues
La privatisation de l’aéroport en 2014 avait suscité des craintes dans la région. Un groupe chinois avait réussi à racheter près de 50 % du capital de l’aéroport. Les opposants à la vente soutenaient que la vente n’avait pas respecté la réglementation en vigueur et devait être annulée.
En 2015, un groupe chinois s’emparait de 49,99 % du capital de Blagnac
Il y a quatre ans, en 2015, « China Airport Synergy Investment Limited » (CASIL), obtenait une participation majoritaire mais pas un contrôle global de l’aéroport de Toulouse.
CASIL est une coentreprise qui comprend le groupe d’État chinois Shandong Hi-Speed Group et la société d’investissement basée à Hong Kong Friedmann Pacific Asset Management. Il y avait à l’époque un intérêt politique.
Des responsables locaux opposés au groupe chinois
Le gouvernement français avait une option pour vendre CASIL une participation supplémentaire de 10,01 %, dans le cadre d’une vague de ventes d’actifs appartenant à l’État. Un groupe de responsables locaux a demandé au Premier ministre, Edouard Philippe, de ne pas vendre la participation, accusant les chinois d’utiliser les réserves de liquidités de l’aéroport pour maximiser les dividendes au lieu d’investir dans ses opérations.
CASIL voulait attirer les compagnies aériennes chinoises
L’aéroport de Toulouse a enregistré une augmentation record du trafic de 14,6 % l’an dernier pour atteindre 9,2 millions de passagers, ce qui en fait le cinquième aéroport français.
La croissance des compagnies low-cost est notable au départ de cette métropole du sud-ouest. De son côté, CASIL déclarait vouloir augmenter le trafic à 18 millions de passagers d’ici 2046, en grande partie en développant des connexions vers des destinations chinoises.
Une affaire politique ou un problème de procédures ou une histoire financière
Il faut expliquer d’abord le plus simple, c’est le problème financier. En effet les actionnaires n’étaient pas tous d’accord pour que tous les bénéfices soient reversés, notamment en 2018. Le problème de procédure est également un élément relativement simple. L’offre initiale de CASIL avait été initialement faite aux côtés de la SNC Lavalin du Canada. Cependant, l’accord final n’incluait pas le groupe canadien. L’affaire politique est sûrement devenue un enjeu géostratégique…
L’affaire géostratégique est bien plus complexe …
Shandong Hi-Speed Group, qui fait partie de CASIL, est impliqué dans la stratégie chinoise « One Belt, One Road ».
Ce projet ambitieux se concentre sur l’amélioration de la connectivité et de la coopération entre plusieurs pays répartis sur les continents d’Asie, d’Afrique et d’Europe. Il aura permis à la Chine d’accélérer son développement.
Il faut dire aussi que l’’aéroport de Toulouse est emblématique à plus d’un titre, il est situé à moins de 7 kilomètres de la base d’Airbus. Cette proximité pouvait être inquiétante.
La société CASAL, qui a mis en vente sa participation, reste toujours « positive » sur les perspectives d’investissement en France et en Europe …
CASAL vient de revendre sa participation
Eiffage SA, troisième constructeur de génie civil en France, a annoncé avoir entamé des pourparlers exclusifs pour acheter 49,99 % de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, retirant la participation de son propriétaire chinois.
Serge Fabre
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