Transport aérien et Tourisme, mais que d’occasions ratées !
12 octobre 2020 Jean-Louis Baroux Aucun commentaire À la une ancilliary products, fonds de garantie, France, IATA, Ryanair 4202 vues
Les professionnels du transport aérien s’accordent tous à penser qu’il faudra réinventer son mode de fonctionnement une fois la tempête passée. La pression du public mobilisé par les activistes écologiques fera son effet. Il sera urgent de la prendre en compte si l’on veut voir les clients retrouver le chemin des aéroports.
Or la période tragique actuelle est finalement bienvenue pour imaginer le futur, sauf qu’apparemment peu d’initiatives sont prises. J’ai relevé au moins trois sujets importants dont l’évolution paraît inéluctable et dont on attend toujours les évolutions.
SESAR
Sous cet acronyme se cache un projet destiné à unifier et à automatiser le contrôle aérien européen.
C’est le « Single European Sky ATM Research ». Sa réussite est essentielle non seulement à la sécurité du contrôle aérien futur, mais également pour la diminution des émissions de gaz à effet de serre.
Il va de pair avec une nouvelle adaptation des routes aériennes. Sa mise en œuvre pourrait permettre de gagner en moyenne 8 minutes par vol.
Or on estime qu’il y aura aux alentours de 13 millions de vols en Europe à l’horizon 2030, soit dans 10 ans, si bien entendu le trafic veut bien reprendre fusse avec un taux de croissance inférieur à celui des années précédentes. Cela représente une économie de 104 millions de minutes, soit plus d’1,7 millions d’heures de vol.
A raison d’une consommation moyenne de 2,5 tonnes par vol, cela fait une économie de carburant de plus de 32 millions de tonnes. Voilà qui est significatif et vertueux non seulement pour la sauvegarde de la planète, mais aussi pour l’économie du transport aérien.
On aurait pu s’attendre à une rapide accélération dans la mise en œuvre de ce projet à partir du moment où le nombre de vols à contrôler s’était effondré, laissant la place aux tests. Ce n’est apparemment pas le cas. Le train-train semble suivre son cours.
La lutte contre la vente à perte
Tous les pays européens disposent d’une législation contre la vente à perte. Ce type de dumping destiné soit à tuer un concurrent, soit à encaisser rapidement une recette, même dégradée, est nocif pour le transport aérien. Or on voit fleurir les opérations promotionnelles qui n’ont simplement pas de sens.
Ryanair par exemple vient de mettre sur le marché des tarifs à 5 euros sur 240 destinations.
A qui fera-t-on croire qu’un tel prix de vente couvre les coûts, même uniquement les coûts directs ?
Eh bien on n’a vu aucune compagnie européenne porter l’affaire devant les tribunaux.
On n’a d’ailleurs pas vu, non plus, les organismes officiels chargés de la concurrence se mobiliser pour faire cesser ce genre de pratique. Celle-ci est très dangereuse. Elle tend à faire comprendre aux clients que le transport aérien ne vaut plus rien et qu’il n’est finalement qu’un moyen de retenir les consommateurs dans un espace confiné pour leur vendre les fameux «ancilliary products ».
On attend encore une réaction des Pouvoirs Publics contre cette pratique. Le transport aérien futur devra être basé sur la qualité plus que sur le volume. La recherche à tout prix de passagers supplémentaires quelle que soit leur contribution conduit à la situation que nous connaissions avant
que le Coronavirus n’y mette une fin brutale.
La création d’un fonds de garantie pour les compagnies aériennes
Depuis des années les agents de voyages réclament à IATA la création d’un fonds de garantie qui permettrait de sécuriser les dépôts d’argent qu’ils sont amenés à payer afin de faire bénéficier leurs clients de tarifs avantageux, lesquels ne sont mis en place par les compagnies aériennes que pour améliorer leurs besoins en fonds de roulement.
On a vu que les transporteurs étaient dans l’incapacité de rembourser les avances reçues, car ils ont été amenés à faire un choix de survie.
La proposition de remplacement par des « vouchers » valables jusqu’à 1 an et demi, n’est crédible que si les compagnies peuvent garantir aux détenteurs qu’elles seront encore capables de les valider lorsque les clients les présenteront.
La période actuelle aurait été très favorable pour convaincre les grands transporteurs récalcitrants du bienfondé de la création de ce fonds de garantie.
Le sujet est dans les mains de IATA qui manifestement n’a pas bougé d’un iota quant à son avancement.
Il est dommage de ne pas utiliser la crise actuelle pour faire avancer les dossiers de fond dont le transport aura bien besoin pour se reconstruire.
Jean-Louis Baroux
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