Mais qui veut la peau des distributeurs de voyages ?
10 janvier 2023 François Teyssier 2 commentaires À la une césar balderacchi, France, IATA, MyHotelMatch 3924 vues
Officiellement aucun suspect auto-revendiqué. Les victimes potentielles sont nombreuses au point qu’un « génocide » pourrait être invoqué à terme. Les revendeurs sont des cibles privilégiées. Ils n’ont jamais été au sommet de « la chaine alimentaire ». Ils évoluent dans un environnement fortement fragilisé. Ils manquent de solidarité et souffrent depuis toujours d’un manque endémique de revenus qui freine leur développement.
Pourtant globalement, ils génèrent des revenus importants.
Le mobile ne fait aucun doute, c’est l’argent. Les ressources des distributeurs de voyages constituent un enjeu financier majeur. Un but sur lequel lorgnent désormais les fournisseurs des distributeurs de voyages. Des sommes colossales sont en jeu quand on sait que la seule perception des suppléments bagages en cabine sont évalué à 20 milliards d’euros au niveau mondial. Le lien de cause à effet entre le mobile et les victimes potentielles.
Les moyens pour arriver aux fins des « meurtriers sont connus. Depuis le début de ce siècle, petit à petit se sont mis en place des outils, qui permettent à terme de shunter les intermédiaires grâce à la montée en puissance de nouvelles technologies : l’informatique, puis Internet, et dans un très proche futur, l’intelligence artificielle.
Autant de technologies qui ont en commun de pouvoir créer un lien direct entre les producteurs et les consommateurs.
Autant d’armes potentiellement léthales pour éradiquer petit à petit les intermédiaires. Un combat a priori déséquilibré entre l’homme et les machines.
A terme, seuls les vrais spécialistes pourront survivre. Des experts capables d’informer et de conseillers leur clients.
L’intelligence humaine semble plus adaptative que l’intelligence artificielle. C’est sans doute la meilleure raison d’espérer.
Les temps changent comme disait Bob Dylan. Depuis des lustres, tout le monde n’est plus beau, tout le monde n’est plus gentil.
Les ambitions et les intérêts de chacun des protagoniste se sont plus les mêmes. Ils se sont modifiés au point ou les partenaires d’hier deviennent des antagonistes.
Il est loin le temps ou « les gens du voyage » comme l’affirmait feu le Président du SNAV César Balderacchi, coopéraient harmonieusement la main dans la main. Une époque qui semble bien révolue ou les fournisseurs respectaient leurs distributeurs car ils avaient besoin du maillage de leur réseau pour distribuer leurs produits.
Désormais, ils sont en voie de pouvoir s’en passer. Que va ou que peux faire la profession ? Attendre que le ciel leur tombe sur la tête ? Mais la situation est particulièrement complexe et difficile à gérer.
Quoi qu’il en soit, personne ne pourra dire que rien de tout cela était prévisible. Car cette transition fut lente et progressive.
Pour les distributeurs elle s’est traduite tout d’abord par la perte de leurs avantages ou autres prérogatives.
Et puis, personne ne s’est vraiment battu pour défendre bec et ongles la profession. Ou alors, d’une manière trop feutrée. Les gens du voyages sont trop policés ou individualistes pour être en mesure de se défendre efficacement. Y t’il un pilote dans l’avion ?
Contrairement aux compagnies aériennes, qui, sous l’étendard de IATA, n’hésitent pas à utiliser des méthodes peu déontologiques.
IATA, autrefois un organisme régulateur, qui aujourd’hui sévit en qualité de bras armé en charge de la défense des intérêts corporatistes des transporteurs aériens adhérents. Ceci dans un secteur fortement dérégulé. Donc propice à des coups de force.
La SNCF est certes plus consensuelle, moins radicale. Nous sommes en France. Mais elle est plutôt pour la baisse des commissions des agences de voyages. Personne n’est hostile à ses propres intérêts.
Des nouveaux entrepreneurs pas des agents de voyages, mettent actuellement en place une plateforme de réservation hôtelière basée sur l’intelligence artificielle, qui à l’instar de MyHotelMatch, pourrait révolutionner la relation touristique directe entre les hôteliers et les voyageurs.
Petit à petit le gagne-pain des distributeurs se paupérise.
La liste est loin d’’être exhaustive. Que restera t’il à la profession ? Les yeux pour pleurer ? Personnellement je trouve que cette situation est triste. Elle ressemble à la fin d’un cycle.
François Teyssier
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2 commentaires pour “Mais qui veut la peau des distributeurs de voyages ?”
Il y a quelques années, le développement d’internet faisait prédire à certains la disparition des agences de voyages physiques. Quelques tours du soleil plus tard et une tempête sanitaire en sus, nous constatons qu’il n’en est rien. Et que même ces dernières enregistrent de nouveaux clients déçus (ou trompés) du net.
J’ose envisager que si la Commission Européenne ne met pas ses menaces à exécution (et il va falloir se battre contre la fin des acomptes, on attend le pilote !!!), la distribution traditionnelle a encore de l’avenir, car jamais un ordinateur ou une IA ne remplacera le contact et la relation directs.
Allez, on fait un voeu, c’est le moment…
Je réagis à la tribune de François Teyssier. Si le constat est juste et part intenté il me semble incomplet et condamner de façon aussi abrupte les distributeurs me semble ne pas refléter la réalité. Comme dans tous système vivant il y a mutation, dégénérescence et adaptation. Il y a des distributeurs qui ont su réagir et ne pas s’épuiser dans des batailles stériles d’arrière-garde que ce soit avec les producteurs et mieux encore avec les compagnies aériennes dont IATA, chef d’une bande mafieuse, dont les états sont souvent complices. Grâce au programme aux de la technologie et à la baisse des coûts ils se sont dotés d’instruments juments très fiables, réactifs et connectés à différents sytème d’IA leur permettant de rester vivant, visible et opérationnel. La seule question qui se pose et le constat raisonnable et sérieux qui peut de faire est que si on accède beaucoup plus facilement à la technologie il faut aussi des bras et des cerveaux derrière tous ces systèmes et là, il faut de la marge, de la ressource pour payer ces « servants » et équilibrer ses bilans. O tempo O mores… S’adapter pour survivre. Vivre et se battre. Se battre pour gagner. Nouveau paradigme qui n’est pas lié à la taille mais à la capacité de réaction et la mise en route d’un plan d’actions facile à suivre avec discipline et responsabilité.