Les 8 tendances pour le futur du Tourisme d’ici 2030 (1ère partie)


Face aux nouveaux enjeux économiques, environnementaux et sociaux, le tourisme de demain se réinvente. Les tendances actuelles annoncent un passage du tourisme de masse vers des pratiques plus respectueuses et personnalisées. Armelle Solelhac, experte reconnue et conférencière recherchée nous précise son point de vue.

« Entre le tourisme d’espace, accessible aux plus privilégiés, et le tourisme virtuel en pleine expansion, ces évolutions reflètent le désir croissant de durabilité et de sens. Voici huit grandes tendances pour explorer les mutations qui redéfiniront l’expérience touristique, alliant technologie, écoresponsabilité et authenticité« .

Tendance n°1 : Le passage d’un tourisme de masse à un tourisme d’espace

Grâce à la croissance du pouvoir d’achat, la généralisation des congés payés, et des moyens de transports et d’hébergement plus accessibles, le tourisme de masse s’est développé en France depuis les années 1960.

Depuis une quinzaine d’années, l’expression de «surtourisme» est apparue pour désigner la surfréquentation et donc la saturation –réelle ou perçue– des sites touristiques.

Cette « massification » fait émerger le souhait d’une évolution vers un tourisme «plus durable ».

Les consommateurs ne s’y trompent pas et on constate désormais le passage d’un tourisme de masse à un tourisme d’espace. Deux réponses de prime abord paradoxales se profilent.

D’un côté, se développe un tourisme d’espace, a priori accessible à une clientèle financièrement plus aisée, qui sera en mesure de se déplacer physiquement.

En effet, selon Jean-François Rial, PDG du groupe Voyageurs du Monde, «globalement le prix du voyage va augmenter parce qu’il faudra payer les conséquences écologiques de ce qu’est le voyage».

Ces privilégiés rechercheront des sites naturels extrêmement préservés, et surtout très peu fréquentés. Cependant, si ces voyageurs souhaitent vivre
l’illusion d’être «seuls au monde», ils ne sont pas pour autant en demande d’une solitude effective.

Il leur faudra pouvoir être rapidement et facilement en relation avec du personnel hautement qualifié, car ils sont en attente d’une qualité de service maximale.

En outre, cette clientèle a un besoin important de relations humaines à forte valeur ajoutée.

De l’autre, se dessine un tourisme virtuel, de masse, et relativement immobile.

Il sera pratiqué soit par des personnes aux moyens financiers trop limités pour voyager physiquement, soit par des visiteurs souhaitant approfondir la visite d’un site touristique ou encore par des pratiquants d’activités physiques dans l’impossibilité de se déplacer.

Il leur sera alors possible d’accéder à des activités virtuelles, comme le trail running, la conquête d’un col à vélo ou encore la visite virtuelle de sites classés (grottes de Lascaux, ruines de Pompéi, etc.), soit depuis l’intimité de leur salon, soit dans l’excitation de lieux publics (musées, complexes multimédia, palais des sports, etc.).

A l’aide de casques de réalité virtuelle et d’autres équipements sportifs (tapis, plans inclinés articulés …), ils pourront ainsi se promener dans des musées ou pratiquer des activités sportives dans des espaces « naturels » recréés numériquement.

Cette forme de tourisme virtuel s’accompagne par essence d’une qualité de service quasiment inexistante et d’interactions humaines extrêmement limitées.

Ces deux types de tourisme peuvent être pratiqués en alternance, voire en complémentarité.

Tendance n°2 : « Friction free » ou l’expérience touristique « sur mesure et sans couture »

De récentes études indiquent que 64 % des consommateurs pensent que l’expérience client est plus importante que le prix et que 51 % des clients n’iront plus dans une destination ou n’utiliseront plus les produits d’une marque après une seule expérience négative.

Le voyage sans friction, c’est une expérience touristique globale complètement fluide.

Un grand défi pour les professionnels du tourisme. Il commence dès la réservation du séjour et va jusqu’au retour des visiteurs à leur domicile, en passant par la consommation de l’expérience touristique sur place.

La difficulté réside dans le fait qu’on touche aussi bien à des paramètres qui relèvent des opérateurs touristiques locaux qu’à des éléments sous le contrôle d’entités sans relation directe avec l’industrie du tourisme.

On peut citer à titre d’exemple:
-la gestion des flux et la problématique dite « du dernier kilomètre». Il est possible aujourd’hui de déplacer des foules importantes, à très grande vitesse, sur de très grandes distances. Trois heures seulement suffisent pour parcourir la distance Paris-Grenoble en train (575 km).

En revanche, il faut ensuite une heure trente–si les conditions de route sont dégagées – pour effectuer en bus ou en voiture le trajet séparant la gare de Grenoble et la station de l’Alpe d’Huez (France), alors que cette destination est distante de moins de 65 km !

La problématique des cent derniers kilomètres et celle ensuite du dernier kilomètre sont très complexes.

Pour y répondre, il faudra faciliter les parcours clients en s’assurant de la parfaite intégration des nouvelles solutions de transport avec les infrastructures aéroportuaires ou ferroviaires déjà existantes.

Il sera nécessaire de repenser aussi complètement l’urbanisme et la conception des lieux d’hébergement des stations de montagne de façon à répondre aux nouvelles attentes de la clientèle : besoin de calme et de silence (avec un travail sur le design sonore des espaces), de lieux de socialisation, d’espaces de coworking, de services intégrés, etc.

L’évolution des modes de consommation et les paiements qui en découlent conduisent vers des destinations dites « cashless».

Dans ces espaces, l’acte de paiement avec de la monnaie ou par carte bancaire disparaîtra progressivement au profit de paiements mobiles ou par le biais de bracelets connectés communs à plusieurs commerces et prestataires d’activités.

Ainsi, le Club Med déploie cette technologie avec succès depuis plus de 5 ans et personnalise l’expérience client, grâce aux données collectées.

Les services de conciergerie hybrides se démultiplieront. Ils proposeront à la fois des réponses numériques par le biais de chatbots, ainsi que des solutions physiques livrées par des personnels dédiés, dans le cadre de situations complexes auxquelles les robots ne sauront pas répondre.

En tout état de cause, l’un des facteurs clé de succès pour créer des expériences de voyage en montagne sans friction réside dans l’intégration intelligente de solutions à venir au sein d’infrastructures déjà existantes.

On peut citer à titre d’exemple, les stations de Zermatt ou de Saas Fee en Suisse, où les visiteurs doivent laisser leurs véhicules dans un parking payant en vallée, puis prendre un train (payant lui aussi) pour accéder à la station.

Les compartiments du train comportent des espaces pour stocker facilement des bagages, des skis, des vélos, des poussettes, etc. À leur arrivée, ils trouvent à la gare des téléphones permettant d’appeler leurs hébergeurs.

Ces derniers viennent chercher leurs clients dans des véhicules électriques. Toute personne non autorisée à monter dans la station avec sa voiture est susceptible de recevoir une amende élevée.

Pour les déplacements intra-station, des bus électriques sont disponibles (compris dans le forfait de remontées mécaniques) et les hébergeurs proposent souvent de conduire leurs clients dans leurs voiturettes. Il en résulte moins de pollution sonore, moins de pollution de l’air, et une expérience de déplacement fluide.

Tendance N°3 : L’«hyper tourisme», quand l’hyper connexion et l’hyper déconnexion se complètent

0L’hyper connexion et l’hyper déconnexion seront de plus en plus fréquentes. Ces deux formes de tourisme peuvent d’ailleurs se succéder dans le cadre d’un séjour ou cohabiter au sein d’une même cellule familiale.

Il est possible, par exemple, de vivre une expérience dite « digital detox », pendant les premiers jours d’un séjour en montagne, puis de souhaiter pour la suite de son voyage vivre une complète connexion.

Les quatre motivations des voyageurs qui recherchent la déconnexion sont le désir d’évasion, l’épanouissement personnel (dépaysement, confiance en soi), la santé et le bien-être (pleine conscience, connexion avec l’environnement, diminution de l’anxiété sociale et médiatique) ainsi que les relations avec les autres (renforcement des liens existants et création de nouveaux).

Tendance n°4 : Le tourisme «partout et tout le temps» : faire du tourisme près de chez soi… ou le bureau près du lieu de séjour ?

00000000Avec le développement du télétravail, la frontière entre vie personnelle et vie professionnelle tend à se brouiller.

Le « staycation » (mot anglais, contraction de «stay» et «vacation», aussi appelé «holistay » est une période pendant laquelle un individu ou une famille reste à la maison et participe à des activités de loisirs à faible distance de sa résidence principale et ne nécessitant pas d’hébergement pour la nuit).

Le slow tourisme est un tourisme privilégiant notamment des destinations proches et des moyens de transports moins polluants où l’on prend le temps de découvrir une destination et d’apprécier les paysages.

Le «bleisure », contraction de «business» et «leisure», désigne l’ajout de temps de loisirs à un voyage d’affaires, et les «worlidays» (contraction de «work » et «holiday»), le fait de travailler quelques heures par jour sur son lieu de vacances).

Tous se développent à toute allure, permettant des pratiques touristiques hybrides, facilitées par le développement d’espaces de coworking et de coliving.

Ainsi, en réponse au développement rapide du télétravail consécutif à la crise sanitaire, des destinations proposent des offres dédiées, afin de permettre des séjours en « worliday ».

A titre d’exemple, Pierre & Vacances propose un cadre de travail idéal dans ses résidences avec piscine et appartements tout équipés, tout en profitant d’une connexion haut débit et sécurisée avec la mise à disposition d’une clé 4 G (grâce à un partenariat avec GoBox):

« La généralisation du home office a posé les jalons d’une transformation profonde des habitudes de travail.
« Les salariés ont envie de profiter d’un cadre de travail agréable, hors de leur domicile. Une tendance forte dans nos équipes également : plusieurs collaborateurs nous ont sollicités dès le déconfinement pour télétravailler dans nos propres résidences !», selon Grégory Sion, Directeur général de Pierre & Vacances.

A Suivre …

Armelle Solelhac, PDG du cabinet de stratégie SWiTCH & Conférencière

 





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