L’hélicoptère n’est pas encore fini
25 mars 2025 Jean-Louis Baroux 1 commentaire À la une eVTOLs, France, hélicoptère, Volocopter 3579 vues
Devant la puissante offensive des écologistes qui trouvent cet engin trop bruyant, trop consommateur de carburant et surtout réservé aux plus fortunés, au moins dans l’usage transport privé, on se prenait à imaginer la fin de ce mode de transport, d’autant plus que son remplaçant semblait prêt à prendre la relève, je veux parler du eVTOLs (Electric Vertical Take Off and Landing), paré de toutes les vertus.
Il faut bien reconnaître que les dernières nouvelles ne sont pourtant pas très optimistes quant au remplacement des hélicoptères.
En témoigne les récentes commandes réalisées par les grands constructeurs : Airbus, Leonardo ou autres Bell ou Sikorsky qui ont démontré le regain d’intérêt pour un engin dont on a beaucoup de mal à se passer.
Le meilleur score a été fait par Airbus Hélicoptères avec 118 commandes dont 63 fermes lors du dernier salon Verticon tenu mi-mars à Dallas.
Le redémarrage s’était d’ailleurs fait sentir dès 2024 avec 455 commandes de ces appareils rien que pour Airbus Hélicoptères soit plus qu’en 2019, le tout pour 182 clients répartis dans 42 pays.
Il faut dire que l’hélicoptère remplit beaucoup de missions très variées : cela va des évacuations sanitaires jusqu’aux bombardiers d’eau en passant par le transport civil, la défense aérienne voire même les opérations de police.
Bref voilà une machine multifonctions qui a fait ses preuves depuis le début des années 1950.
Les récentes commandes montrent que la réputation de ce transport résiste très bien au dénigrement et aux mesures administratives destinées à en freiner le développement, d’autant plus qu’on voyait se développer à grand pas son successeur le eVTOL, disons l’hélicoptère à propulsion électrique, donc beaucoup plus silencieux avec sa capacité à être piloté depuis le sol avec une version électronique annoncée comme très proche.
Le temps des drones transporteurs de passagers était proche.
Seulement tout n’est pas si simple.
Les déboires s’accumulent sur les start-up pourtant bien implantées.
C’est ainsi que le leader européen Volocopter d’ailleurs été sélectionné pour effectuer une desserte pendant les Jeux Olympiques entre l’aéroport de Charles de Gaulle et une barge installée sur la Seine qui n’a jamais eu lieu, a été conduit au dépôt de bilan en fin décembre 2024.
La raison en est hélas simple : la société n’a pas trouvé le financement nécessaire y compris auprès des pouvoirs publics nationaux ou régionaux allemands pour mener à bien le passage du concept à la fabrication industrielle.
Voilà qui est bien triste. Cela montre les difficultés considérables que doivent affronter les développeurs.
La propulsion électrique est un premier obstacle mais il en existe bien d’autres et d’abord la gestion de l’espace aérien dans des environnements déjà très encombrés par
l’actuel trafic aérien.
Tout n’est pas terminé pour autant mais les espoirs suscités par les eVTOLs ont entrainé des envies et celles-ci ne peuvent être satisfaites que par les hélicoptères à propulsion classique.
Il faudra sans doute attendre de longues années pour voir le remplacement des hélicoptères par les eVTOLs, d’autant plus que les énormes capitaux nécessaires à la recherche et au développement industriel vont plutôt être fléchés vers les avions.
En effet les commandes sont tellement pléthoriques et les enjeux environnementaux tellement prégnants que l’argent ira en priorité vers l’avion au détriment des nouveaux concepts.
L’hélicoptère a encore de beaux jours devant lui
Il va non seulement poursuivre ses utilisations actuelles lesquelles seront renforcées par les besoins en provenance des pays émergents mais il sera certainement, enfin, utilisé pour désenclaver les populations éloignées des grands centres si on en juge par le désir de nombre d’acteurs économiques désireux de s’affranchir des contraintes urbaines alors qu’ils peuvent exercer leur activité en grande partir avec les outils digitaux à leur disposition.
Un jour viendra bien ou les dessertes de proximité entre des petites villes éloignées des grands centres urbains accepteront et même demanderont leurs liaisons héliportées.
Cela coûtera infiniment moins cher que de laisser s’étioler ces petites agglomérations.
Certes on peut encore rêver à l’arrivée des eVTOLs mais leur généralisation n’est hélas pas pour demain.
Une dernière remarque pour terminer.
La ville de Paris est entrain de fermer progressivement son héliport, situé proche du centre-ville, au trafic commercial pour transférer ce dernier à 60 kilomètres de la capitale.
Comme quoi on peut facilement prendre des décisions qui n’ont aucun bon sens sans doute sous l’effet des meilleures intentions du monde.
Jean-Louis Baroux
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1 commentaire pour “L’hélicoptère n’est pas encore fini”
Il faut garder en tête que le transport « de loisir » n’est qu’une faible part du marché et de la valeur ajoutée de l’hélicoptère. Les eVTOL ont une réelle pertinence sur cet étroit secteur du marché de la voilure tournante.
Les services de sécurité, d’évacuation sanitaire, de transport dans des zones inhospitalières, les armées ont un besoin continu d’hélicoptères qui ont prouvé leur fiabilité, et de nouveaux modèles de constructeurs qui ont prouvé leur efficacité.
Que les eVTOLs connaissent des difficultés, tant dans leur développement technique que dans leur certification et dans leur acceptation sociale est une évidence. Que les autres secteurs de marché aient besoin de nouvelles machines en est une autre.
Bonne journée