L’autocaritude vue par Jérémie Richeplan, autocarapateur et patron à bord de son autocar.


« Il faut savoir d’où l’on vient pour choisir l’endroit où l’on veut aller », citation qui colle bien pour ce grand voyageur devant l’éternel qu’est notre Jéjé, talentueux autocarapateur !

« Mais souviens-toi don’ ! »
L’apparition, puis le développement de l’activité touristique se sont progressivement installés dans notre vie courante aux environs des années 50, alors que soufflait un gros vent de bonne humeur sur les populations, période d’après-guerre où tout se trouvait à reconstruire ou à réinventer.

Ça s’est traduit partout, dans tous les foyers, par une impétueuse soif d’évasion, de voyage, de savoir et de découvertes…

Il faut dire qu’avant cette époque pourtant bien contemporaine, les occasions de voyager se réduisaient à quelques obligations professionnelles, aux impératifs des devoirs  militaires ou à des visites familiales.

Seuls quelques avantagés pouvaient s’offrir le privilège de partir à la découverte de la mer… « Hâ…voir la grande bleue ! » ou de filer vers Paris… « Hâ…escalader  la Tour Eiffel ! »… Hâ Hâ…Voir le Mont Blanc et ses glaciers… Triple Hâ ! le Mont Saint Michel et ses sables mouvants…
Autant de rêves qui suffisaient aux citoyens les plus chanceux pour atteindre les sommets du nirvana, le  comble de la félicité et de l’émerveillement. (Juste génial !)

Faut dire qu’en ce temps-là, m’sieur… les réclames (pubs) se résumaient à des papotages distillés sur le ton de la confidence de bouches à oreilles, les « gens » ne faisant guère étalage de leurs dépenses.
Les textes et images étaient puisés dans le livre de géographie de l’école communale qui suffisait à faire office de guide touristique et à donner envie de faire sa valise et mettre trois tours de clé à sa porte.

 

Ainsi, chers amis lecteurs, tous plus gamins les uns que les autres… chers lecteurs, soyez en bien persuadés… l’essor du tourisme de masse ne doit strictement rien au rail et à ses wagons de 3eme classe, pas plus qu’à des liaisons aériennes internationales rares et bien trop coûteuses en ce temps là…Aussi, sauf à posséder sa quat’chevaux, sa moto ou son vélo, il n’y avait guère de balade commode à organiser…et les rêves d’aventures étaient bien compliqués à réaliser.

Comme chacun le sait, la nature ayant une franche horreur du vide, la notion de voyage collectif fit son apparition avec l’avènement des pèlerinages motorisés.
Si vous vouliez que je vous la fasse plus savante et autrement dite, la notion d’homo-touristus-pèlerinum de type migrateur-obsessionnel-habité apparut de manière fulgurante, contagieuse et exponentielle dans la vie de tous les jours comme  une grippe de type épidémique trotteuse achun ènin.

Était née l’une des maladies évolutives des moins douloureuses qui soient et qui, malgré ses mutations fortement aspergées d’encens purificateur, poursuivit sans relâche son action de contamination, étendant ses ravages sans que ne soit aujourd’hui encore trouvé de remède.
Ce mal non infectieux, mais fortement contagieux, je l’ai nommé…et vous pouvez interroger votre toubib de famille pour vérifier, c’est l’autocaritude !

Principalement diffusée par les prêtres, et sous l’effet complémentaire d’une grâce divine… cette épidémie s’est propagée quasiment d’un coup dans chaque paroisse de France. Pour satisfaire une indispensable soif de validation de sa propre foi, Môsieur le Curé prenait (ou empruntait) l’idée d’organiser son propre pèlerinage. Cette initiative s’inspirait à la fois d’un louable besoin de sanctifier sa pieuse personne et, auxiliairement de faire bénéficier ses paroissiens d’une sainte bénédiction collective.

Ainsi donc, ces premiers pèlerinages relèguent aux livres d’histoire les épopées des chevaliers croisés en route pour la Terre Sainte, de même pour celles des pauvres pêcheurs du moyen âge cheminant pédibus vers Compostelle.
Pour ce faire, ces messieurs les abbés étudient, réfléchissent, comparent et finalement adoptent l’autocar, mode de déplacement certes modeste, mais commode et souple.

Ne subsisteront sous la coupe des évêques que les pèlerinages de malades que l’on déplace en masse vers des espoirs de guérison à Lourdes… Mais, bon sang… pourquoi les évêques furent-ils historiquement tellement scotchés à la SNCF ? « Va  savoir ! » (Tiens, au fait…faudrait p’t être bien qu’on en parle de cet évènement unique autocarotélivisuel de Gérard Klein.)

Pour les ecclésiastiques, il suffisait de réunir quatre dizaines de paroissiens, la promotion étant habilement glissée en prêche à la grand’messe du dimanche. En échange de quelques poignées de francs, denier du culte inclus, et de quelques prières, Monsieur le Curé et ses oyes pouvaient partir à destination du lieu d’apparition divine le plus proche de chez eux…

C’est cette première expérience qui a fait, sans conteste possible, office de mise en bouche, de dévirginisations, même si ce mot égratigne, pour la plupart des aspirants découvreurs ruraux.

Comme à cette époque, il n’était pas question de pouvoir centralisé… Paris étant très loin, Rome au bout du monde…  les décisions se prenaient entre grandes personnes responsables, chacun priait pour sa paroisse (ou œuvrait pour sa commune), ce qui laissait à Monsieur le Curé toute liberté pour sélectionner son entreprise de cars et choisir son conducteur.

 

Entre parenthèse, les communautés de l’époque savaient se comporter en responsables pour gérer leurs destins et n’avaient que faire de subventions ou autres organes et combines politiques propres à créer de la dépendance, de la privation de liberté ou de manœuvre. Chacun savait parfaitement gérer la vie collective de la meilleure façon qui soit et s’en portait fort bien.

En conséquence, l’autocar et son chauffeur furent le passage obligé pour partir à la découverte du pays, de ses sites de culte, de ses paysages et de toutes ses richesses culturelles et culinaires.

Les conditions de transports étaient infiniment modestes, le confort du car et des logements plutôt spartiates, mais présentaient l’avantage de rester à la portée de toutes les bourses.

Jéjé vous parlera dans un prochain chapitre de l’évolution de l’aménagement des cars depuis ses débuts professionnels, temps heureux… jusqu’à maintenant où c’est nettement moins simple !

(A suivre)

Jean-Pierre Michel

 

Ps : Début avril dernier un 515 HD Setra prenait son départ pour le 1° tour du monde en autocar organisé par l’agence  AVANTI de Freiburg (www.avantireisen.de).
Nos lecteurs peuvent suivre en direct ce périple sur http://blog.busweltreise.de





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