Comment j’aime bien mes égo-portraits…

28 janvier 2014   Julie   1 commentaire   La vie de Julie       2978 vues

J’ai toujours bien aimé faire la moue et puis, ensuite, la partager avec toutes mes cops mais, depuis que les médias sociaux ont assis leur domination sur le monde, cette habitude (teintée d’un brin de vanité, il faut bien reconnaître) est passée d’un « check me out » gentil pour virer carrément à l’obsession dévorante !

Avant avec Facebook, disons depuis 2007, on publiait ses photos de soirées ou de vacances en montrant qu’on avait plein de potes et une vie trépidante!

Quitte parfois à embellir un peu la vérité…

… mais la tendance actuelle depuis l’année dernière, c’est maintenant de pouvoir montrer un bon selfie – c’est ainsi qu’on les appelle si vous n’êtes pas encore au courant -, une tendance (autoportraits modernes) qui s’adapte à toutes les cultures, à tous les sexes et à toutes les ères du temps.

Imaginez si Vincent van Gogh, Salvador Dali ou Frida Kahlo, avaient connus Twitter, Instagram ou Facebook, aujourd’hui on trouverait probablement leurs œuvres, tirant la langue ou agitant leurs doigts (et je ne parle pas des quenelles !), au Louvre ou à la Tate Gallery.

Même un type comme Andy Warhol qui aimait à prendre des photos de lui-même (de Marylin et de quelques boites de conserves aussi, en les déformant et les colorisant) – mais l’attaquait-on sur sa vanité et son égocentrisme puéril ? Nan -, aurait adoré ça.

Parce que presque instantanément, la photo (et son commentaire) s’affiche sur les réseaux sociaux à la mode, où tous (stars, apprentis artistes, anonymes) espèrent récolter une poignée de « likes » et booster leurs égos.

Que ce soit pour montrer leur nouvelle coiffure, leur nouveau chiot ou leur nouvelle conquête – où est le mal là-dedans ? La moue est souvent souriante, comme le bâillement lui est contagieux.

Alors vive le selfie, un outil de « personal branding » en somme, façon de se vendre soi-même comme une marque ou un produit.

Après tout, ça coûte rien et, avec un filtre Instagram, ça a tout de suite de l’allure !

Comble du narcissisme, phénomène majeur de l’année 2013, ça nous apprend quoi finalement ?

Disons que ça confirme, pour la faire courte, ce que l’on savait déjà. Notre société est exhibitionniste et voyeuriste !

pour certains culte du moi, pour d’autres, plutôt expression de l’instantanéité et du partage, le selfie peut même aider à renforcer positivement l’image de soi, l’anonyme devenant alors son propre
paparazzo.

Pour les acteurs du tourisme, il y a là une vraie piste à emprunter : générer du buzz sur leurs nouveaux produits exclusifs ou limités. Etre connecté au bon moment. Une logique du rendez-vous qui a fait le succès de la télé-réalité. Et en plus là, le contenu est qualitatif et idéal pour le partage (photo ou vidéo) …et fourni gratuitement par les clients.

Car si Narcisse regardait seul son reflet dans le miroir (sans se soucier des autres), le selfie, au contraire, veut faire partager au plus grand nombre ses expériences et ses découvertes pour inciter aux commentaires et à l’interaction. Qu’il s’agisse de célébration ou de communion, selfie ou pas, les gens aiment regarder les gens et ça ca ne changera jamais.

Allez, je vous embrasse bien fort en espérant quand même que tout cela restera bon enfant et qu’on ne verra pas trop de photos trash publiées un peu partout. Ca ferait désordre.

Julie Labrune. 28 ans
Conseiller en Voyages