Le Sud Tunisien vers un autre tourisme
16 avril 2014 Rédaction Aucun commentaire Pays Abdelhamid Zammouri, ADD, Amel Karboul, Association pour le développement Durable, Béchir Zamouri, Béni Khédache, Bernadette Granger, Corinne Roger, Département de l'Hérault, djebel Demmer, Hallouf, Houmt Souk, île de Djerba, Jouamaâ, Lotos Voyages, Médenine, Mohamed Ali Toumi, Sud Tunisien, Syndicat Intercommunal du Pays Haut Languedoc et Vignobles, Tunisie, Tunisie: sud 9250 vues
Alors que la fréquentation touristique semble repartir à la hausse sur l’île de Djerba, une nouvelle forme d’accueil se développe dans la région de Béni Khédache. D’autant plus intéressante et innovante qu’elle est le fruit d’une coopération franco-tunisienne plutôt réussie.
On l’a dit et écrit dans ces mêmes colonnes (cf laquotidienne.fr du 8 avril dernier), les premiers chiffres de fréquentation de l’année 2014 semblent attester d’une reprise de l’activité touristique en Tunisie.
D’aucuns préféreront employer le terme de « frémissement », mais eu égard aux trois dernières années qui viennent de s’écouler, tout signe positif se doit bien d’être accueilli avec satisfaction.
Quoi qu’il en soit, la toute nouvelle ministre du tourisme tunisien, Amel Karboul, est assurément consciente des difficultés qui l’attendent.
Et du fait que la stabilisation du pays avant les échéances électorales de fin d’année reste le premier facteur susceptible de rendre confiance aux marchés étrangers et au premier d’entre eux, le marché français.
Si le problème de la formation des personnels s’inscrit ainsi comme une priorité, il s’avère que des choix stratégiques en terme de développement devront être arrêtés surtout pour ce qui concerne Djerba et le sud du pays.
Sur l’île, le balnéaire attire de moins en moins, les saisons sont de plus en plus courtes et le niveau de clientèle ne va pas en s ‘élevant avec la mise en place du « all inclusive » dans nombre de structures hôtelières.
Autant dire que l’expérience de « tourisme authentique » menée dans la région de Béni Khédache et tout le djebel Demmer, prend à ce jour valeur d’exemple. Sans prétendre jouer dans un registre quantitatif, elle peut pour le moins compléter l’offre existante. Tout en permettant aux habitants d’une zone particulièrement défavorisée (Médenine, région de forte émigration s’il en est) d’exploiter quelques ressources locales et d’en tirer des revenus.
Une opération franco-tunisienne de tourisme durable et solidaire
Depuis prés de vingt ans, le Gouvernorat de Médenine et le Département de l’Hérault œuvrent ensemble dans le cadre d’une convention de coopération décentralisée.
Jumelages, formations d’agents de la fonction publique, actions en faveur de l’insertion et dans le domaine de la santé, de l’agriculture: la liste n’est pas exhaustive.
Il y a trois ans, les deux partenaires ont signé un avenant, septième du genre, à leur convention initiale de 1995, définissant un appui au développement du tourisme rural.
Côté français, la mise en œuvre, la réalisation et le suivi des nombreuses opérations préalablement définies ont été confiés au « Syndicat Intercommunal du Pays Haut Languedoc et Vignobles ».
En Tunisie, l’interlocuteur’était autre que l’Association pour le développement Durable (ADD) de Médenine présidée par Abdelhamid Zammouri.
Dernièrement, sous la conduite de Corinne Roger (Directrice Générale des Services du Pays Haut Languedoc et Vignobles) et Bernadette Granger (chargée de mission tourisme) et avec l’aide de l’ONTT, un voyage de presse associant journalistes tunisiens et français a été entrepris. Une visite édifiante sur le terrain qui a permis de juger de l’état des réalisations entreprises grâce aux financement conjoints mobilisés.
Et à l’implication et la parfaite coordination entre les collectivités et associations partenaires.
Autant l’avouer, nous avons trop souvent été les témoins dans le monde du tourisme de grands discours portant sur la coopération et de fabuleux projets de coopération, pour ne pas avoir hésité quelques instants avant de nous embarquer en direction de ce sud tunisien à la beauté saisissante.
Mais force a été de constater que pour une fois le pari, qui est de développer une forme de tourisme rural durable et solidaire -et par la même de créer des emplois pérennes dans une région difficile-, est en passe d’être tenu !
Dans un rayon de 30 kms autour de Béni Khédache, plusieurs ksour ont été réhabilités à l’image de ceux de Jouamaâ et Hallouf.
Sur le site du premier, on trouve des chambres, un restaurant et un salon de thé typique…
Côté hébergements encore, un premier réseau de Maisons d’Hôtes a été développé, proposant d’ores et déjà prés de 150 lits. Nous avons pu visiter une bonne dizaine d’entre elles, dont certaines maisons troglodytes, et toutes situées à proximité de champs d’oliviers ou de figuiers.
La réhabilitation d’éléments architecturaux et leur mise en valeur s’est accompagnée d’un plan de signalisation touristique incluant les directions, les thèmes et les enseignes des hébergeurs. Côté animation, plusieurs circuits de randonnée pédestre et un circuit géologique ont été tracés et répertoriés dans deux petits topo-guides.
Car c’est chaussures aux pieds que l’on peut le mieux partir à la découverte de ce patrimoine naturel… de ces plateaux en pente douce… de ces canyons parcourus par des oueds à fonds plats et secs… de ces oasis à l’ombre si accueillante !
Le soutien et la promotion de l’artisanat n’ont pas été oubliés. On trouve ainsi à Béni Khédache une « Maison de l’ Artisan » où sont regroupés les ateliers de douze spécialistes locaux. La magnifique salle d’exposition et les premières ventes aux visiteurs laissent augurer de beaux jours à cette structure qui devrait, à moyen terme, commercialiser certains de ses produits par internet.
Bien sûr, toutes ces réalisations estampillées ADD et Pays Haut Languedoc Vignobles, n’auraient pu être menées à bien sans l’aide et le concours de plusieurs organismes tels l’ ONTT (Office National du Tourisme Tunisien et son Commissaire Régional), les Ministères Tunisiens des Transports et de l’Artisanat, l’ INP (Institut National du Patrimoine), l’ IRA (Institut des Régions Arides)…etc
Quant au volet communication et promotion, il a été particulièrement travaillé avec la mise en place de guides découverte, de documents d’appel, de kakémonos et autres posters, cartes postales, vidéos…
Un site internet (www.sudtunisien.org) va être opérationnel d’ici peu et permettra de se renseigner sur tous les produits proposés.
L’agence « Lotos Voyages » pour commercialiser
Au terme de trois années d’échanges de savoir-faire, d’expertises, de formations et de réalisations, le projet de « Tourisme Authentique autour de Béni Khédache » est donc devenu une réalité. Mais on le sait, même si cette nouvelle niche semble répondre aux besoins d’une clientèle française et européenne de plus en plus en quête de nature, de sérénité et de plaisirs partagés avec les autochtones, il reste maintenant à remplir ces structures d’hébergements, à faire visiter ce patrimoine exceptionnel et ces parcours pédestres. En un mot, à commercialiser ce produit.
Là encore, l’ ADD et le Pays Haut Languedoc et Vignobles ont assuré en retenant l’une des agences de voyages les plus performantes de Djerba, Lotos Voyages, dont le siège social se situe à Houmt Souk.
Créée en 1995 par son actuel Directeur Général, Béchir Zamouri, forte d’une vingtaine de salariés et d’une imposante flotte de 4X4, bus et mini-bus, cette structure a su résister à la crise et à la baisse de fréquentation post révolution.
Autodidacte, originaire de la région de Béni Khédache comme son nom l’indique, Béchir Zamouri (photo) ne pouvait rester insensible aux efforts déployés pour doter cette région défavorisée d’équipements susceptibles de mettre en avant ses atouts et d’attirer des touristes.
Actuel président régional pour Djerba et le Sud Tunisien de la Fédération Tunisienne des Agences de Voyages (et semble t’ il à nouveau candidat derrière son président national, Mohamed Ali Toumi, pour l’échéance qui se dessine), Béchir Zamouri entend développer rapidement une plateforme de réservation spécifique à l’attention des clientèles françaises et étrangères.
D’un « optimisme mesuré » selon ses propres termes à l’orée de la saison d’été, il pense que sans arriver aux chiffres de fréquentation de 2010, le retour des touristes à Djerba et dans le sud est une réalité qui se mesure au quotidien.
« Avec le changement de gouvernement et l’arrivée de notre nouveau Ministre du Tourisme qui prouve son efficacité au fil des jours, nous avons pleinement confiance ».
Puisse l’avenir lui donner raison.
Jean BEVERAGGI,
de Djerba pour LaQuotidienne.fr
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