La boutique éphémère, désintermédiation ou nouvel intermédiaire


Et hop, encore un nouveau canal de vente : « la boutique éphémère ».

C’est une sorte d’affiche bourrée de QR codes ou de différents tags, mise au point par la société Powatag pour le Comptoir des cotonniers, spécialiste du prêt à porter.

ephemereVous téléchargez l’application de la marque, vous y rentrez une fois pour toutes vos coordonnées bancaires et votre adresse de livraison, puis vous pointez votre portable sur l’un des produits proposés. En 30 secondes : vu, vendu, payé !

400 marques, dont Carrefour et Les Galeries Lafayette, utilisent déjà ce type de services, et le Comptoir y croit assez pour installer 10 000 de ces nouvelles « boutiques » partout où le consommateur attend un peu : un quai de tram, un arrêt de bus, une table de café, des salles d’attente… où la page d’un magazine ; oui, lire et attendre, c’est pareil.

En voilà un qui n’a pas peur de vider ses véritables boutiques pour un canal de distribution additionnel. D’ailleurs, avec 17 Mds € dépensés via leur téléphone, en dépit des questions de sécurité, ce mode d’achat séduit visiblement les Français.

Avec un joli bonus à la clé : hausse des ventes directes, dématérialisation des transactions, CRM très qualifié, baisse de la masse salariale…

Que du bon pour la marge. On voit mal pourquoi les grands du tourisme ne suivraient pas cet exemple pour vendre un week-end à Malte ou un séjour en club depuis un simple abribus.

Un mail suffit pour livrer le dossier complet du client. Pas de stockage, pas de frais postaux…

Je me demande pourtant si, aujourd’hui, ce mode de ventes peut réellement créer de nouveaux clients. Ça fonctionne sur l’impulsion, sur l’émotion plus que sur la raison : d’accord.

N’empêche que le consommateur réagit mollement, même devant des promotions à 50 %…

Je me demande également si trop de désintermédiation ne va risque pas de faire des technologies le seul intermédiaire, surtout maintenant qu’elles proposent de rajouter « l’humain » dans la relation clients.

À voir les hôteliers se battre avec Google, Expedia et Booking.com, ou Hachette refuser les diktats d’Amazon, on finirait par se méfier aussi des fournisseurs de technologies.

Le « Pouvoir, » c’est toujours le « savoir » et personne ne travaille pour la gloire.

Cela dit, je ne me vois pas acheter ma prochaine croisière attendant le bus ; je lis trop pour ça.

Bertrand Figuier





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