Grève AF : les vraies raisons de la colère
23 septembre 2014 Rédaction 2 commentaires Transport Air France, Alexandre de Juniac, Grève AF, groupe Air France-KLM, Jean-Louis Barber, Lufthansa, pilotes, SNPL AF Alpa, Transavia 5598 vues
Les pilotes de la compagnie Air France ont entamé un mouvement de grève le lundi 15 septembre dernier.
Il s’agit du mouvement le plus important depuis 1998.
Jean-Louis Barber, pilote et président du syndicat SNPL AF Alpa fait le point sur les raisons de ce mécontentement :
« Ce genre d’évènement n’est jamais décidé et ni entrepris à la légère ou de gaieté de cœur.
Ce mouvement répond aux provocations sans précédent du Président Alexandre de Juniac vis à vis des pilotes de ligne d’Air France et plus généralement de tous les salariés de l’entreprise.
La détermination des pilotes est si forte que cette grève est suivie par quatre pilotes sur cinq« .
LQ : Que reprochez-vous à la direction d’Air France ?
JLB : Sur la forme, le choix du Président d’Air France/KLM de ne pas respecter les accords en vigueur, d’afficher un mépris vis à vis de l’ensemble des salariés en considérant qu’ils ne comprennent pas les enjeux, de fixer les points de sortie « non négociables », pose les bases d’un dialogue social d’un autre âge.
Sur le fond, et en dépit des mensonges de la direction de la compagnie, le projet de création de Transavia Europe constitue bel et bien une délocalisation des emplois de pilotes vers des états membres moins disant socialement.
Quant au développement annoncé de Transavia France, il s’agit ni plus ni moins d’une externalisation et d’un transfert de l’activité d’Air France.
En outre, la direction d’Air France annonce être prête à investir dans un premier temps un milliard d’euros et provisionne un autre milliard pour mener ce projet, ceci alors même que la capitalisation boursière de l’entreprise est d’environ deux milliards et demi d’euros.
Il ne fait désormais aucun doute que les efforts entrepris depuis deux ans, à hauteur de 20 % de la masse salariale, par les salariés d’Air France dans le cadre de Transform2015 – efforts consentis pour améliorer les comptes de l’entreprise, réduire son endettement et permettre le retour à la croissance – servent aujourd’hui à la direction pour le financement d’un projet qui vise à la délocalisation de leurs emplois.
LQ : Quelles conséquences selon vous cela peut-il avoir ?
Par-delà cette dangereuse spirale, se profile à très court terme une baisse des ressources fiscales et sociales de notre pays, l’activité économique des bases européennes de Transavia Europe échappant aux cotisations françaises.
Citons notamment un risque potentiel d’explosion de la Caisse de Retraite du Personnel Navigant de l’Aviation Civile.
A l’évidence, cette situation pose la question plus globale des charges qui pèsent en France sur le travail d’une manière générale et sur le Transport Aérien en particulier. Face à cette difficulté, les dirigeants d’entreprise cherchent à réduire les écarts de compétitivité en agissant, dans le meilleur des cas, sur la qualité des contrats
français et, dans le pire, en les délocalisant.
LQ : Le mouvement peut-il s’étendre ?
JLB : En interne, les explications que nous parvenons à donner aux salariés du Groupe Air France amènent aujourd’hui les pilotes néerlandais du Groupe Air France KLM, légitimement inquiets de la tournure prise par les évènements, à soutenir notre mouvement. Les hôtesses et les stewards viennent d’écrire au Premier Ministre pour lui faire part de leur menace de déposer également un préavis de grève. D’autres organisations syndicales pourraient bien leur emboîter le pas.
Au-delà des questions inhérentes au seul Groupe Air France, nos collègues allemands de la Lufthansa sont engagés dans un conflit similaire. La différence entre nos deux pays demeure que les pilotes allemands ont été en capacité de lever leur préavis, la direction de la Lufthansa semblant prête à reprendre les discussions.
Sur le même sujet
Ryanair arrive enfin à Orly
Ryanair, la compagnie aérienne irlandaise, commencera à desservir le deuxième aéroport de Paris à...
Brèves d’en haut : Emirates, Qatar Airways, Lufthansa, British Airways, Pakistan Airlines, Air Antilles, etc.
Le Pakistan licencie ses faux pilotes de lignes. Le 22 mai 2020, en pleine...
Corsair lance le paiement en crypto-monnaie
Après le lancement du paiement en plusieurs fois sans frais, Corsair poursuit son objectif...
2 commentaires pour “Grève AF : les vraies raisons de la colère”
Tout est clair. Les syndicats de marins ont coulé la marine marchande française. Celle-ci survit uniquement grâce au courage du gouvernement Baladur qui a eu les c… de créer le Registre Kerguelen devenu Registre international français.
Les syndicats de dockers ont coulé les ports français, les syndicats de la S.N.C.M. ont coulé cette compagnie, idem pour Air Liberté, Air Littoral, etc. Maintenant c’est au tour d’Air France…. Continuez, qu’y a-t-il encore é détruire ? Notre gouvernement de lâches (comme presque tous les précédents) a déjà commencé à baisser la culotte.
M. de Juniac, vous êtes un homme courageux, c’est ce qui vous différencie de tous les nabots. Mais ils vous forceront à partir. Contre la lâcheté vous ne ferez, malheureusement, pas le poids – tout comme ce fut le cas pour Christian Blanc. Merci pour ce que vous avez déjà fait.
Ce discours masque mal une triste réalité : des pilotes très bien rémunérés, qui jouissent de manière corporatiste de leur pouvoir de nuisance pour mettre en danger l’ensemble d’un groupe… Oui les salariés et leurs privilèges bien français mettent en danger l’économie du pays et le développement de groupes mondiaux comme Air France qui n’est plus une entreprise « française » depuis longtemps. Oui ce mouvement de grève ne fait pas l’unanimité chez les personnels d’Air France contrairement à ce que ce syndicaliste raconte. Oui c’est le client qui paie les billets d’avion chers, certes pour un niveau de qualité, mais aussi pour faire face aux salaires de ces « élites »… J’espère que la direction de l’entreprise pourra tenir bon et que ces irresponsables n’entraînera pas l’entreprise dans une spirale qui a vu une entreprise américaine comme la Panam disparaître…