Humble supplique au Comité Théodule


bertrand FiguierQue l’on soit Français, Allemand, Chinois ou même Hobbit, la 1ère chose qu’on remarque en arrivant à l’étranger, ce sont les produits qui viennent de chez nous : voitures, grandes marques, produits alimentaires, électroménager…

Et là, tous pareils, on se sent fier. C’est bien normal, n’est-ce pas ?

Mais surtout, on se sent déjà plus rassuré, car chacune de ces marques, chacun de ces produits constitue un repère familier au milieu d’une avalanche de bizarreries.

C’est le signe rassurant qu’attend à chaque instant le client pour consommer ses vacances l’esprit vraiment tranquille.

C’est si vrai qu’on pourrait presque deviner le marché émetteur dominant d’une destination rien qu’en examinant de près l’origine des objets que l’on trouve dans sa chambre, l’oreiller, la robinetterie, la literie, la télévision…

Faites le test : allez dans une destination touristique massivement fréquentée par les Allemands, et détaillez les objets de votre chambre d’hôtel, la carte du restaurant ou du bar… les produits allemands seront omniprésents.

Pareil pour les Français : allez le vérifier en Tunisie, au Maroc… et c’est bien agréable quand même de boire un petit vin bien de chez nous, de manger un petit bout de camembert ou de se laver avec le savon d’une marque française.

Je ne parle même pas des Chinois et de leur gastronomie obligatoire où qu’ils soient… Comme on dit : « pas de resto chinois, pas d’agences chinoises, pas de Chinois »…

Résultat de ce constat, certes tout à fait empirique mais tout aussi facile à vérifier en pratique : exportant des touristes vers des pays x ou y, les TO et les agences de voyages exportent avec eux la demande de produits français.

Le commerce extérieur français ferait bien de s’intéresser à l’impact de « l’outgoing » français sur notre commerce extérieur et sur notre balance commerciale.

Un touriste parisien qui part en Thaïlande, en Tunisie ou ailleurs, ce n’est rien ; mais quand plusieurs millions de français y vont passer leurs vacances, ils provoquent inévitablement certaines adaptations : le personnel local apprend à parler français, les musiciens locaux s’essayent à la chanson française et les hôteliers importent des produits français, literie, alimentaire, cosmétique, spiritueux…

On pourrait aussi parler des pays comme l’Espagne, où les Français se rendent avec leur véhicule personnel : vous savez, genre Renault, Peugeot ou Citroën ; en cas de panne, il faut bien des fournisseurs pour les réparer, les assister…

Qu’en disent les constructeurs français ?

En fait chaque touriste devient inévitablement, presqu’à son insu, un agent commercial bénévole, un Monsieur Jourdain de l’export.

Bien sûr, il dépense ailleurs son argent, mais si cet argent sert ensuite à acheter des produits français… C’est plutôt bien, non ?

Quant aux agences et aux TO, non seulement ils collectent bénévolement un sacré volume de TVA, mais en plus, avec les millions de Français qu’ils envoient à travers le monde, ils soutiennent de fait, et gratuitement, notre commerce extérieur, sans le moindre remerciement des entreprises dont elles encouragent les exportations.

Ni de Bercy d’ailleurs, qui n’a jamais pris la peine de quantifier tant soit peu cet impact économique et la force du levier que cela pourrait devenir.

Cher Comité Théodule, entre la normalisation de la blanquette de veau et la définition officielle de la poule au pot, juste avant le digestif artisanal qui s’impose, pourriez-vous vous penchez sur cette question ?

Vous pourriez par exemple intégrer des tour-opérateurs et des distributeurs. Je suis sûr que le SNAV et le SETO seraient ravis de vous rejoindre, et pas seulement pour parler shop suey, de bobun ou de couscous…

Ce serait un honneur pas cher pour le budget de l’État et ce ne serait que justice, pour service rendu à notre balance commerciale.

Bertrand Figuier





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