Dans la peau de John Malkovich
6 janvier 2015 Lucius Maximus Aucun commentaire Alea Jacta Est, Distribution
Je me souviens d’un film qui date d’une dizaine d’année : « Appelez-moi Kubrick». Autant le dire, il ne laissera pas un souvenir impérissable dans les annales du cinéma. Mais, son scénario m’avait passionné.
Un Anglais, Alan Conway, joué par le génial John Malkovich, s’était fait passer pour Stanley Kubrick, qui, fuyant la presse et le monde, vivait alors en ermite dans son manoir de Childwickburry non loin de Londres.
Pendant ce temps, Alan Conway apparut à de nombreuses reprises dans des dîners mondains à Londres, plaisantant avec les critiques de cinéma, proposant des rôles à des actrices. Sans jamais payer les repas et les hébergements dans des hôtels de luxe qu’il fréquentait.
Comme le renard de la fable, il vivait aux dépens de ceux qui l’écoutaient.
Le plus étonnant, c’est qu’il ne ressemblait pas du tout au metteur en scène mythique. Même les journalistes furent
Aucune de ses victimes n’osa porter plainte. Pas même Stanley Kubrick dont il abusa l’identité mais qui fut fasciné par cette histoire. Il ne fut pas immédiatement identifié et inquiété. Seul un assistant de Stanley Kubrick retrouva sa trace bien des années plus tard, juste avant sa mort.
C’est de son enquête que fut tiré le film évoqué ci-dessus.
Bien sûr, ce n’était qu’un aigrefin. En tout cas pas un modèle à suivre. Et je n’ai pas les compétences suffisantes pour analyser en profondeur sa personnalité.
Mais, ce qui m’avait interpellé, c’est qu’Alan Conway avait été un agent de voyages tout ce qu’il y a de plus officiel. Et ce, pendant de nombreuses années.
Ayant été moi-même vendeur de voyages, j’ai toujours pensé qu’un agent de voyages devait être un peu schizophrène.
Pour s’adapter immédiatement vis à vis de clientèles souvent très différentes. Parler jeune avec les jeunes, paraître plus âgé avec ses aînés. S’adapter aux interlocuteurs de tous poils, qu’ils soient riches ou pauvres, casaniers ou aventuriers.
Dans tous les cas, il doit paraître être à son aise intéressant et crédible.
Attention, je ne cherche pas à démontrer que l’agent de voyages doit obligatoirement souffrir de troubles psychotiques.
Je cherche simplement à rendre hommage à son sens intuitif de l’adaptation, sa débrouillardise. Bref son talent.
Il doit également être un brin mythomane. Sinon comment expliquer, que dans bien des cas il doit parler de pays, de destinations qu’il ne connait pas, d’hôtels où il n’est jamais allés et que sans doute il ne connaitre jamais. De croisières qu’il n’a jamais faites.
Mais, il doit toujours rester crédible. Sinon, la sanction est terrible. Il perd la vente et parfois même la face. Chapeau les artistes, car c’est un exercice sans filet.
Alors, je me dis, qu’Alan Conway devrait être un sacré bon agent de voyages.
Bonne année à tous,
Votre dévoué
Lucius Maximus
Sénateur indépendant
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