La crise ? Quelle crise ? Voyez Four Seasons
21 janvier 2015 Rédaction Aucun commentaire Hotellerie B757 mono-classe, Bali, croisière sur le Nil, Four Seasons, Hercule Poirot, Istanbul, Los Angeles, ONG, Orient Express, Papeete, super riches, Sydney 4372 vues
C’est proprement stupéfiant.
Comment aujourd’hui peut-on tolérer une telle discrimination contre une minorité aussi minoritaire ?!!!
C’est vrai quoi… La crise, tout le monde en profite, sauf les « super riches » qui voient leur revenu augmenter de façon faramineuse.
Et ce scandale dure depuis plusieurs années…
Rien qu’entre 2010 et 2014, les 80 personnes les plus riches du monde ont vu leur patrimoine personnel grimper de 600 Mds $ (cf RTL) !
Impossible de s’intégrer dans ces conditions ; c’est évident.
Surtout que leur portefeuille individuel moyen frise déjà les 25 Mds $ et que leur capital cumulé équivaut à celui des 3,5 Mds d’individus les plus pauvres du monde.
N’a-t-on aucune dignité ? Comment peut-on, aujourd’hui, surtout dans le pays des Droits de l’homme, tolérer une telle exclusion à l’égard d’un groupe social qui sert tant le bien commun ?
Résultat des courses, pour dépenser leur argent, si durement gagné au service de la collectivité, ces pauvres gens sont obligés de dépenser encore plus grassement, en particulier pour leurs loisirs.
Eux qui, déjà, financent l’économie, la création d’emplois, le marché de l’art contemporain, la mode, le luxe et tant de fondations généreuses, voilà qu’il leur faut aussi financer l’innovation dans la production touristique.
Impensable ! D’ailleurs, c’est bien simple, je m’indigne sur le champ. Tout çan’est plus tolérable.
Mine de rien, ne riez pas, l’exercice est difficile quand on accumule autant d’argent en quelques mois ou en quelques années… chaque nouvelle dépense est forcément un trait de génie, le fruit d’un travail intense.
Et vous n’imaginez pas les prodiges d’imagination qu’il faut déployer pour donner à ces exclus l’occasion de dépenser utilement, de se sentir « social » en consommant « intelligent », et leur faire oublier le sacrifice, le sens du renoncement, qu’on exige d’eux à chaque instant de leur journée.
Prenons juste, au hasard, une chaîne d’hôtels exemplaire à cet égard : Four Seasons.
Elle a toujours été à la pointe du luxe, façon « trente glorieuses », avec des infrastructures de rêve, un service irréprochable… Bref, un vrai Michel-Ange de l’hôtellerie : tout le monde en conviendra.
Et bien ce n’est plus suffisant.
La voilà contrainte de passer à la vitesse supérieure, par solidarité avec cette malheureuse clientèle, et d’inventer un produit encore plus spectaculaire, encore plus exclusif, encore plus cher.
Four Seasons dispose désormais d’un B757 mono-classe, rien que de la First, arborant fièrement ses couleurs, et prépare deux voyages exceptionnels pour 52 clients qui vont débourser entre 69 000 et 119 000 US$ par personne.
Le premier est un tour du monde et décolle le 16 mars prochain au départ de Los Angeles, pour 24 jours de voyage et des étapes à Papeete, Sydney, Bali ou Istanbul.
Le départ du second est programmé pour le 20 avril pour une découverte harassante de 16 jours à travers l’Europe.
A ce prix-là, malgré ses efforts, la chaîne a dû intégrer dans ses prix tous les éléments du voyage, sans le moindre supplément : les vols, avec des fauteuils en cuir, convertibles en lit et fait main en Italie, la gastronomie, champagne compris, les transferts et le séjour dans les établissements de la marque.
Four Seasons aurait aimé vendre plus cher encore, histoire de soulager au mieux l’angoisse légitime d’une clientèle victime parmi les victimes, mais cela sortait trop des canons communs de la comptabilité internationale.
Il n’empêche, on doit aujourd’hui saluer cette 1ère mondiale, d’autant plus qu’elle affiche complet, et que Four Seasons, quitte à endosser le rôle des ONG défaillantes, se voit déjà contrainte de programmer d’autres vols en 2016.
Bien sûr, les esprits chagrins diront que c’est une immense régression pour la démocratie, que nous revenons aux temps maudits des rentiers opulents, d’Hercule Poirot, de l’Orient Express et de la croisière sur le Nil.
Et alors ? Doit-on rester sans rien faire quand des gens ont autant de peine pour dépenser leur argent ?
Peut-on vraiment, humainement, les abandonner à leur triste sort ?
Dire qu’aucun casino n’y a pensé avant ! Voilà le plus grand scandale !
Pour l’honneur du genre humain, heureusement qu’une chaîne d’hôtel, d’habitude si réservée, a su relever le flambeau…
Sans tambour ni trompette, car l’abnégation, on l’oublie trop souvent, est d’abord une affaire de discrétion.
Didier Lépine. Reporter
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