Raoul Nabet se tourne vers les petites entreprises


Depuis mercredi dernier, plus question de doubler le minimum des garanties financières, plus question de seuil…

Retour à la case départ ? Le président de l’APST fait le point de la situation.

La Quotidienne : Après le récent revirement du gouvernement sur l’arrêté du 29 octobre 2014, que pensez-aujourd’hui des polémiques d’hier ?

Raoul Nabet : Ces polémiques n’ont rien apporté au débat. Elles sont sûrement dues à une méconnaissance des problèmes qui n’a rien non plus d’étonnant.

Quand on a le nez dans le guidon, et que les temps sont difficiles depuis trop longtemps, on s’occupe surtout de ses affaires. Il y a 20 ans, les crises passaient et les affaires repartaient vite. … Il y avait de la croissance à cette époque.

Depuis 2008, en revanche, la crise est structurelle, elle dure ; bien malin, celui qui peut dire quand cela finira… Il faut donc apprendre à vivre avec.

Il faut s’adapter sans cesse, de plus en plus rapidement, et ça peut devenir minant. Ce n’est pas un hasard, surtout avec tous les « baby-boomers » du tourisme, si on quitte l’APST d’abord pour une « cessation d’activité ». Les pures défaillances n’arrivent qu’en 3ème position, derrière les regroupements d’entreprises…

Avec le manque de croissance actuel, leur nombre augmente légèrement mais le coût s’alourdit nettement plus.

LQ. : Pour éviter toute confusion, pouvez-vous nous dire où nous en sommes exactement ?

RN. : Mercredi dernier, même si le projet doit être prêt pour le 1er juillet prochain, il n’y a pas eu de décision.

Des pistes de travail on été tracées, c’est tout. Il va falloir travailler et rester vigilant.

En attendant, au regard de la loi, pour tous les opérateurs de voyages, l’arrêté du 29 octobre reste en application jusqu’au terme des contrats, c’est à dire jusqu’au 31 décembre 2015. Pour être très clair, si l’idée générale et le calendrier aboutissent comme prévu, le nouveau décret ne s’appliquera qu’aux nouveaux entrants ; les autres devront attendre l’expiration de leur contrat en cours.

LQ. : Cela dit, le gouvernement va plutôt dans la bonne direction ?

RN. : Avec la disparition du seuil minimum, c’est effectivement une bonne nouvelle pour les petites et très petites entreprises qui étaient défavorisés jusqu’à présent. Par ailleurs, l’APST pourra proposer aux nouveaux entrants un tarif d’entrée plus bas qu’aujourd’hui tandis qu’elle appliquera pour tous les autres un tarif au risque réel.

Cela étant, pour nous, le terrain n’est pas modifié, sauf que l’APST ne sera plus la seule à apporter la garantie totale des fonds déposés avec la prise en charge des clients. Le grand gagnant, c’est le consommateur…

LQ. : Pourtant, si tous les garants sont sur la même ligne, seuls les organismes financiers devront répondre aux critères de Bâle III ?

RN. : Nous sommes un organisme de garantie professionnelle agréé par l’État ; nous ne sommes pas une banque, ni un établissement de crédit, et nous n’aspirons pas à le devenir. D’ailleurs, ce secteur est très réglementé et ce serait trop compliqué pour nous comme pour l’UNAT.

Si certains organismes financiers veulent invoquer une distorsion de concurrence face à leurs contraintes financières particulières, ce sera au gouvernement de répondre.

Quelle sera sa volonté ? Voudra-t-il faire disparaître une association qui fonctionne bien depuis 53 ans et qui, dès 1997, en France et en Europe, a été précurseur dans la protection du consommateur avec la garantie totale des fonds déposés. Je ne le crois pas.

Pourquoi supprimer des associations professionnelles qui permettent à des gens d’exercer une activité en toute sécurité pour le client, y compris dans des territoires reculés ?

LQ. : Comment l’APST va-t-elle se différencier désormais ?

RN. : Dans le cadre du nouveau décret, au 1er juillet prochain, qui sera mieux placé que l’APST pour apporter la garantie totale des fonds déposés, pour assurer la poursuite du voyage et le rapatriement des voyageurs ? Qui assurera mieux que l’APST les départs prévus en se substituant au gérant de l’entreprise défaillante de façon quasi invisible pour le consommateur ? Les organismes financiers feront ils de la publicité auprès des consommateurs pour soutenir les opérateurs de tourisme ? Soutiendront-ils eux aussi les nouveaux entrants ? Et puis l’APST est une association à but non lucratif, avec des bénévoles qui ne cherchent pas le profit mais la pérennité d’une profession. Est-ce aussi le cas des organismes financiers ? Voilà quelques questions que le gouvernement et les professionnels pourront se poser.

LQ. : Et quels seront les principaux piliers de développement pour l’APST ?

RN. : Notre avenir sera de plus en plus tourné vers les petites et très petites entreprises. Les adhérents plus importants ont moins besoin de nous ; ce qui ne nous empêchera pas de répondre aussi à leur demande éventuelle. Nous allons poursuivre aussi le travail entamé avec le cabinet Deloitte pour rendre nos processus plus simples, plus automatiques et plus réactifs. Il s’agit de récupérer au plus vite et les plus en amont possible les informations clés, de mettre également en place les outils de prévention les plus pertinents. Ce dossier est déjà très avancé, et nous aurons bientôt plus de chiffres, plus de statistiques, pour évaluer au mieux le risque réel de chaque adhérent.

Enfin, nous allons aussi enrichir notre offre de services, avec de la formation, de la protection juridique et des protections complémentaires pour le consommateur. Je pense par exemple au « fonds de calamité » et plus encore à la garantie « Ticket Only » qui va inévitablement revenir sur la table.

Notre projet est déjà écrit ; on peut l’envisager séparément, ou bien en collaboration avec tous les acteurs de la filière.

Propos recueillis par Bertrand Figuier





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