Opodo, comme les français, fait le gros dos

18 mars 2015   Bertrand Figuier   Aucun commentaire   Distribution       3170 vues

Le marché du tourisme se rétracte ! C’est l’enseignement ressort des chiffres présentés hier par le Cabinet Guy Raffour, qui annonçait hier matin les résultats de son 13ème baromètre Opodo.

Réalisée au cours des mois de janvier et février par 120 enquêteurs, auprès d’un panel de 1 035 personnes de 15 ans et plus, tous sexes, âges et condition sociales confondus, urbaines ou rurales, l’étude s’ouvre sur un note heureuse.

Le nombre de Français qui sont partis pour leurs loisirs, en court séjour, soit 1 à 3 nuits, ou en long séjour, soit 4 nuit et plus, marchand ou non marchand, gagne en effet 3 points pour atteindre 62 % et 32,9 M de personnes (+ 1,7 M par rapport à 2013).

Avec la France toujours en vedette des destinations (63 % des départs), malgré un léger recul de 2 %.

Hélas ce beau résultat ne nous dit rien sur la consommation réelle de nos compatriotes. Il montre juste que, quelles que soient les circonstances, ils se débrouilleront toujours pour s’échapper un peu au cours de l’année.

« C’est un besoin vital » explique le statisticien le plus rigoureux du tourisme, et on le croit aisément, vu l’ambiance générale de ces dernières années.

La preuve, avec son cortège de « ponts », 2014 a vu son taux de départ en court séjour marchand grimper de 3 %, à 35 % et 18,6 M de personnes.

« Un mouvement que confirment les ventes d’Opodo au mois de mai dernier« , a souligné Mario Gavira (photo), le directeur général, en évoquant des destinations citybreak comme Florence, Vienne ou Amsterdam.

Pourtant, ce baromètre montre surtout que le nombre de séjours par individus, quel qu’en soit le type, court séjour marchand et long séjour, a baissé singulièrement, passant de 5,5 en 2013 à 3, 5 en 2014.

Parmi nos compatriotes qui ont la chance de partir, ils sont désormais 50 % à réaliser un seul séjour contre 46 % l’an dernier ; à l’inverse, pour deux séjours et plus, comptez 50 % au lieu de 54 % en 2013…

Pour enfoncer ce clou, le taux de départ en long séjour marchand est passé de 39 % à 35 %, soit 4 points de moins, alors que les longs séjours non marchands ont aussi gagné un point, à 28 %.

Cela étant, marchand ou non, toutes les couches sociales ne sont pas logées à la même enseigne.

Les CSP+, par exemple, soit 6,8 M de gens qui représentent 18 % des départs, 88 % sont partis en 2014, soit 10 points de plus qu’en 2013.

Le taux de départ de la classe moyenne, celle qui fournit les gros bataillons de vacanciers avec 24,2 M de personnes et 45 % des départs, gagne aussi des points, à 62 % contre 57 % l’année précédente.

Les grands perdants, ce sont en fait les retraités, une catégorie qui grossit en volume mais dont le revenu moyen s’effrite régulièrement.
Avec 16,2 M de gens, ils ont représenté 26 % des départs, mais 53 % d’entre eux seulement sont partis en 2014 contre 55 % en 2013.

Cibles principales des professionnels du tourisme, sur les 32,9 M de « vacanciers » français, 12,1 M sont partis à l’étranger et dans les DOM-TOM, soit 37 % contre 35 % en 2013.

Guy Raffour y voit une bonne nouvelle pour les agents de voyages car, devant l’explosion du nombre de sites internet et la désintermédiation tout azimut des prestations, ils représentent à la fois une source de conseil et un gain de temps pour la construction d’un séjour.

En revanche, la banalisation d’internet, avec 71 % des Français partis qui ont préparé leur vacances en ligne, entraîne une augmentation de la vente directe.

Cette tendance, combinée au développement de l’économie collaborative, est évidemment moins drôle.

Reste le frein du règlement. 45 % des partants ont payé leurs achats en ligne, autant qu’en 2013… De quoi donner des belles perspectives aux investissements technologiques d’Opodo, estime Mario Gavira.

Sauf que nos compatriotes ont encore, selon l’étude Raffour, besoin d’un face à face humain pour donner leur bon argent.

Voilà le fil ; la pelote est sûrement derrière.

Bertrand Figuier