Affaire Siano/ Nouvelles Frontières : Patrons, caids et classe moyenne


bertrand FiguierDans l’affaire Siano & Debufnoir (les ex-dirigeants Nouvelles Frontières/TUI pour lesquels le parquet a requis jeudi « 15.000 à 20.000 euros » d’amende pour avoir tenté par des opérations comptables douteuses de cacher les difficultés du voyagiste), ce n’est pas tant que les intéressés soient coupables ou non qui me travaille, c’est qu’une fois de plus des dirigeants – (vrais pirates ou idiots utiles ? la justice tranchera le 3 juillet prochain) – soient encore impliqués dans des malversations.

Que voulez-vous ? Un jour, on apprend que la Société générale aurait été au courant des paris « risqués » de Jérôme Kerviel et qu’elle n’aurait rien dit tant que celui-ci lui rapportait des fortunes. Un peu comme chez TUI, où nos syndicats s’étonnent que la maison mère et son représentant, Bart Barckx, n’aient rien vu, eux non plus, ou alors trop tard…

Le lendemain, Christian Ménanteau (RTL) nous apprend que les grandes banques internationales ont été condamnées à 240 milliards de $ depuis la crise des « subprimes » et que depuis 2008, elles n’ont rien changer à leurs pratiques illicites, comme la manipulation des taux du genre Euribor et autres.

Il paraît même qu’elle provisionne ces amendes !

Et si l’on regarde un peu plus largement, on voit régulièrement des responsables de grandes entreprises s’octroyer des primes, des retraites chapeau ou des parachutes dorés en tous genres en laissant derrière eux des bilan désastreux, des dettes et des chômeurs: regardez Areva.

Rien qu’aujourd’hui, la nouvelle, c’est que le patron d’Orange, Stéphane Richard, est inculpé dans l’affaire B. Tapie… un panier de crabes anthropophages que tout le monde connaît bien,…

On voit aussi des hauts fonctionnaires, dirigeants des grandes institutions comme l’INA par exemple, se faire pincer les doigts dans le pot de confiture et se recaser vite fait dans un ministère quelconque, au frais du contribuable et sans la moindre sanction.

Et que dire des élus, députés, maires, ou même ministres, qui planquent de l’argent à l’étranger, oublient de payer leurs impôts, déclarent des bicyclettes ou accumuler les fausses factures comme d’autres les arrêts maladie…

Un mot m’a frappé dans les propos du juge chargé de l’affaire Siano & Debufnoir. En parlant du désormais fameux « débornage », il se serait étonné des montages juridiques et des manipulations comptables dont sont friandes les grandes entreprises, championnes de « l’optimisation fiscale » aurait-il souligné avec malice !

Ce doux euphémisme est effectivement savoureux, quand on sait à quelle sauce Bercy, et sans doute tous les services fiscaux des pays européens, peut manger les PME et les TPE ou les commerçants, les artisans et les particuliers…

Tandis que les banques et les sociétés du CAC 40…

Je vous renvoie au livre de Jean de Maillard, « L’arnaque, ou la finance au dessus des lois et des règles » (Gallimard)… Ce Vice-Président du tribunal de grande instance d’Orléans a été viré pour ce travail ! Que n’aurait-il du prendre le taxi au lieu d’écrire un livre…

Mais le haut du panier, nos élites, a-t-on coutume de dire, ne sont pas les seules à jouer dans l’interlope financier. Ceux d’en bas, nos caïds de la drogue en particulier, font le chemin inverse et quittent la pénombre pour s’afficher de plus en plus au grand jour.

Pas plus tard qu’hier matin, une radio nationale des plus sérieuses nous annonçait dans un reportage de belle facture, que les trafiquants marseillais installaient des barrières métalliques, comme dans les concerts de rock, pour organiser un peu le flux des clients qui font la queue aux pieds des HLM…

« Manque plus que les tickets, comme à l’accueil de la sécu » précisait la journaliste en hésitant quand même à rire trop franchement de cette situation.

Et pas question de retirer la nuit ce dispositif commercial, histoire de laisser les habitants rentrer librement chez eux… Bonjour les représailles ! prévenait-elle aussi avant de constater à moitié épatée que ces joyeux lurons se sont parfaitement adaptés aux méthodes marketing pour vendre leur marchandises : « certains d’entre eux auraient pu devenir d’excellents commerciaux… » affirmait-elle en réalisant combien la vie est parfois très « injuste ».

Alors aujourd’hui, si je résume bien, nos élites sont de plus en plus criminelles et nos gangsters ont de plus en plus pignon sur rue…

Comme le dit l’adage, les extrêmes se rejoignent souvent.

Et là je vois plus précisément l’étau dans lequel se trouve prise au piège la classe moyenne, cette belle classe, travailleuse et pressurisée, qui regroupe, pour quelques temps encore, la majorité de vos clients.

Il n’y a pas à dire ; déjà que le mois d’avril a été mauvais selon le baromètre du SNAV… On n’est pas sorti de l’auberge.

Bertrand Figuier





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