La Malaisie ne s’en laisse pas compter


Les drames vécus par Malaysia Airlines en 2014, ont lourdement pesé sur le tourisme malaisien, en particulier sur sa fréquentation chinoise que l’on prévoit en baisse de près de 10 % par rapport à 2014, année où elle avait représenté 1,8 M de visiteurs.

Pour un secteur économique qui pèse environ 7 % du PIB national, c’est évidemment un problème de taille, d’autant plus que la crise économique tend à tasser le potentiel des marchés émetteurs, européens notamment, et que la destination pâtit aussi de la défiance des consommateurs envers tous les pays musulmans.

Pour Dato’ Seri Mohamed Nazri Aziz (photo), ministre du tourisme et de la culture, le problème islamique existe sans doute, mais son impact n’est pas réellement significatif sur les résultats du tourisme national.

En visite à Paris, après un passage à Milan, il n’a donc pas manqué de rappeler l’objectif de la Malaisie à l’horizon 2020 : rentrer dans le TOP 10 des destinations «en terme de revenus touristiques», avec 36 M de visiteurs et 38 Mds € de recette globale.

L’ambition peut paraître un peu démesurée quand on part notamment avec des scores 2014 de 27,4 M de touristes et une recette totale d’environ 18 Mds €, même si ces deux chiffres sont en hausse sur 2013, respectivement de 6,7 % et de 10 %.

Il n’empêche, selon le ministre, 2015 s’annonce suffisamment encourageant pour maintenir le cap.

Grâce au programme MyFest 2015, un enchaînement de festivités en tout genre, sportive, culturelle, shopping, traditionnelle ou gastronomiques et musicales, la Malaisie prévoir ainsi d’accueillir 29,4 M de visiteurs cette année, soit environ 7 % de progression sur 2014.

Les pistes retenues pour relever le défi sont le tourisme à haute contribution et la conquête de nouveaux marchés, Russie, Inde et Moyen-Orient notamment.

En droite ligne avec le « grand plan de transformation du tourisme », élaboré en 2009, le gouvernement malaisien prévoit également d’améliorer les liaisons aériennes moyen-courrier et la qualité des hébergements hôteliers.

Il compte surtout développer «l’offre touristique individuel et groupe » en mettant en avant 5 thèmes principaux : le luxe abordable, l’éco-tourisme, la famille, l’événementiel et le tourisme d’affaires.

À cet égard, le gouvernement malaisien mise sur tout ce qui pourra démarquer la destination vis-à-vis de ses deux voisines, la Thaïlande et l’Indonésie, qui lui font une grosse concurrence, et sur tout ce qui permettra aux différentes régions du pays de développer leur tourisme selon leurs propres atouts, quitte à subventionner leurs initiatives.

Levier incontournable quand on a de fortes ambitions, le marketing ne sera pas négligé, avec un budget en hausse et 4 M € rien que sur l’Europe. La France, 2ème marché européen après la Grande Bretagne, sera évidemment très concernée.

En 2014, nos compatriotes ont été 160 000 à se rendre en Malaisie, soit 19,8 % de plus qu’en 2013, et 2015 s’annonce encore en progression de 17,8 %, avec plus de 170 000 visiteurs… Un chiffre surprenant si on le compare aux statistiques du CETO, mais qui peut s’expliquer par les nombreux expatriés français implantés en Chine et en Asie du sud-est.

Quoi qu’il en soit, la Malaisie a bien l’intention d’enfoncer le clou dès la rentrée, en venant à l’IFTM Top Resa, par exemple, mais aussi en démarrant une vaste campagne de communication, au cinéma, dans le métro, à la télévision et dans les réseaux sociaux.

En attendant, alors que Air France annonce la fin de sa desserte au mois d’octobre, Dato’ Seri Mohamed Nazri Aziz doit déjà empêcher Malaysia Airlines de fermer sa ligne Kuala-Lumpur-Paris :

« Pour l’Europe, en dehors de Londres, il ne resterait plus que Frankfort et Amsterdam, » souligne-t-il en concluant que : « Cela aurait un impact fort sur la fréquentation de toute l’Europe du sud, et sur celle de la France en particulier car, selon un sondage récent du Figaro, les Français préfèrent visiblement les vols directs».

Vu la situation de la compagnie et les efforts de restructuration qu’elle doit fournir, le ministre devra être très convaincant. Mais pour un ex-ministre du développement économique, également ancien adjoint du 1er Ministre et du Ministre des finances, la tâche n’a rien d’insurmontable.

La preuve : Malaysia Airlines vient d’annoncer qu’elle entamera le 10 septembre prochain, avec plusieurs de ses partenaires, un grand roadshow de 2 mois qui la conduira dans toutes les grandes villes de France.

Bertrand Figuier





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