Mysticisme, originalité et tradition, la recette de l’hôtellerie québécoise
29 février 2016 François Teyssier Aucun commentaire Hotellerie abbaye Val Notre Dame, Hotel de glace, monastère de l'Hôtel-Dieu de Québec, Québec authentique, Wendake 4876 vues
La phase apocryphe attribuée à André Malraux « Le XXIe siècle sera mystique ou ne sera pas. » est sans doute prémonitoire. Une chose est certaine c’est qu’actuellement de nombreuses personnes sont en quête personnelle de spiritualité, en recherche de ressourcement et de paix intérieure. Le Québec, plus que toutes autres régions l’a bien compris ce message et l’applique avec originalité à l’hôtellerie. Les exemples sont nombreux et originaux. Souvent, de bien belles histoires.
Hôtellerie monastique de Val Notre Dame à Saint Jean de Matha
Nos cousins québécois ne manquent pas de pragmatisme lorsqu’il s’agit de leur foi, de leurs convictions ou de préserver la pérennité de leur patrimoine spirituel ou foncier.
J’ai eu récemment l’opportunité et la chance de le découvrir, à plusieurs reprises en quelques jours, lors d’une récente découverte organisé par Québec authentique.
Le premier contact fut impromptu
Nous avons décidé de nous arrêter à l’abbaye Val Notre Dame à la sortie du village de Saint- Jean-de-Matha. Occupé par les 19 moines Cisterciens de la stricte observance (OCSO) qui fonctionne selon les règles édictées par Saint Benoit-de-Nursie depuis le XIe siècle. Néanmoins en fonction des aléas de l’histoire l’ordre s’est fortement éloigné de l’observance stricte de la règle initiale.
L’installation de cet ordre au Canada date de 1881. Originaire de l’abbaye de Bellefontaine dans le Maine-et-Loire, ces trappistes édifièrent tout d’abord l’abbaye N.D du lac à Oka dans les Laurentides. A son apogée, l’ordre comptait 179 moines. Mais petit à petit, ce nombre déclina inexorablement. L’abbaye était devenue beaucoup trop grande et lourde à entretenir pour la congrégation.
Ils la vendirent en 2007. Et firent un appel d’offre auprès de nombreux cabinets d’architecture canadiens. Le gagnant fit un projet d’une simplissime et lumineuse sobriété avant-gardiste. Une beauté intemporelle faisant la partie belle au bois et à la pierre. Un lieu propice au recueillement et à la sérénité. Les moines s’installèrent en 2009 dans la région de Lanaudière, au cœur d’une forêt située au pied de la montagne-coupée (que les moines baptisèrent montagne Saint Joseph.)
Nous fûmes agréablement accueillis par un sémillant moine coiffé d’un casque informatique. Il était en train de gérer les réservations hôtelières. Disponible, il nous fit découvrir avec professionnalisme les lieux magnifiquement mis en valeur.
Le silence est la règle de l’hôtellerie monastique. Elle est ouverte à toutes et tous. Chacun est libre d’organiser son temps comme il le veut. L’abbaye compte 13 chambres individuelles avec lavabos et balcons. Les sanitaires sont à l’étage. Une cafétéria est prévue pour les repas. Le confort est largement suffisant pour effectuer une retraite spirituelle ou un ressourcement. Mais selon l’adage « mens sana in corpore sano », le corps n’est pas oublié. Il possible en hiver de se promener en raquettes, faire du ski de fond. A l’automne, de cueillir des champignons des ateliers de mycologie sont régulièrement organisés.
Pas de prix fixe, chacun donne ce qu’il veut ou ce qu’il peut, mais il est suggéré de laisser un minimum de 60 CAD (42 € environ.)
Les repas inclus.
Actifs, les moines fabriquent également de nombreux produits comme de la chocolaterie de qualité (ganache) de succulents gâteaux aux fruit, du caramel velouté (l’Okaramel), du beurre d’arachide et de noix qu’ils vendent dans une grande et belle boutique toute proche. Le corps n’est vraiment pas oublié. http://www.abbayevalnotredame.ca/
Réservations : Frère André Gauthier est responsable des réservations. Elles peuvent être faites par téléphone, au 450-960-2889, poste 1164, ou par courriel : accueil@abbayevalnotredame.ca Adresse : Abbaye Val Notre-Dame – 250, Chemin de la Montagne-Coupée St-Jean-de-Matha (Québec) J0K 2S0
Arrivée au monastère
Wendake, l’enclave québecoise de la nation Huron-Wendake
A proximité du centre de la ville de Québec se trouve la petite ville de Wendake. Une paisible cité québecoise, des petites maisons individuelles avec des commerces aux noms qui fleurent bon la vieille France.
D’imposants 4 X 4 américains rutilants et de nombreuses voitures japonaises ou coréennes. Wendake est une enclave de 1,1 km2 traversée par la rivière Akiawenrahk appartenant à la communauté Huron. Autrement dit la réserve indienne huronne-wendate dont l’ancien nom était « village-Huron. » Tous les membres de la communauté parlent français. Le grand chef actuel est Konrad Sioui (photo).
En 2007, Wendake a été désigné comme étant la capitale culturelle du Canada. Une réserve de 3200 âmes environ où vivent de très nombreux artistes : écrivains, peintres, musiciens, historiens. Une communauté particulièrement dynamique et industrieuse qui abrite des nombreuses entreprises, dont G.V le plus important fabricant de raquettes-neige du continent nord-américain. Un tissu économique dense et performant, des gens particulièrement entreprenants.
Une ville qui réussit. Qui a crée de nombreux emplois pour les membres de la tribu, mais également pour les québécois de toutes origines confondues.
La réalisation la plus spectaculaire est incontestablement le magnifique hôtel musée « premières nations. » Un hôtel 4 étoiles financé, conçu, géré et animé par la communauté Huronne qui a confiée la direction générale de l’établissement à la sémillante et dynamique Colombe Bourque. Une professionnelle expérimentée et reconnue de l’hôtellerie québécoise.
L’architecture est particulièrement originale. S’inspirant des « maisons-longues » communautaires traditionnelles. Sans fenêtres d’un côté, totalement ouverte au monde et lumineuse de l’autre. L’hôtel est moderne, la décoration est résolument ethnique. Un excellent restaurant gastronomique « la traite », tout en délicatesse qui la part belle aux traditions. Une cave et un sommelier remarquable. Une belle adresse.
Les services sont nombreux, une boutique d’objets crées par les membres de la communauté huronne. Un magnifique spa « Nation. » Une expérience multi-sensorielle du corps et de l’âme. Plusieurs salles de conférence parfaitement équipées ont disponibles pour les événements MICE.
Il faut visiter le musée (payant) qui est intégré à l’hôtel. L’institution nationale et la fierté du peuple Huron-Wendat qui veille à préserver et mettre en valeur son riche patrimoine et le faire partager à toutes et tous.
Les 55 chambres sont immenses, toutes avec vue sur la rivière Akiawenrahk. Le confort est résolument moderne, la décoration fait la part belle à l’artisanat local. Le personnel est souriant, courtois et efficace.
Pas très loin, à l’extérieur se trouve la reconstitution d’un « maison-longue » Ekionkiestha reconstruite avec le concours, d’archéologues. L’effet est parfait. Un long bâtiment, des châlits collectifs sur plusieurs niveaux ou dormaient les familles huronnes. Des feux, un habitat communautaire élaboré et sécurisé. Des nuitées peuvent être organisées en ce lieu magique.
Pour notre part, nous avons passé la soirée en écoutant autour du feu les contes indiens sur la création du monde racontés par Yolande Picard, une extraordinaire conteuse du clan du loup qui, en costume traditionnel transporte son auditoire dans un monde onirique et spirituel. Elle chante de longues mélopées des nations amérindiennes. Joue du tambour traditionnel et transmet avec passion et talent les principales valeurs des nations indiennes. Une soirée qui est infiniment plus qu’une animation touristique. Une expérience unique à ne surtout pas rater.
Coordonnées : Hôtel-musée Premières Nations – 5, place de la rencontre Wendake [Québec] G0A 4V0 – Canada Téléphone : [418] 847 2222 – Courriel : info@hotelpremieresnations.ca
La préservation de l’héritage de la communauté des augustines
Leur nombre décroisant inexorablement. Tout au tout début du siècle, les Augustines de la Miséricorde de Jésus. Un ordre hospitalier qui a décidé de léguer leur patrimoine à la ville de Québec. Afin de mettre à l’abri un trésor, qui rassemble 40 000 pièces de collection, à la disposition de la collectivité. Regroupant ainsi les archives et autres artefacts en un « lieu de mémoire habité. »
En l’occurrence, le monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec – situé à la haute ville -, érigé dans les années qui ont suivies l’arrivée des premières augustines en 1639. Les Augustines ont jeté les bases du système de santé québécois actuel.
Elles ont fondées le premier établissement de soin en Amérique au nord du Mexique. Un ensemble patrimonial exceptionnel, nommé désormais Le Monastère des augustines. Aujourd’hui, seules 9 sœurs âgées vivent encore en ces lieux. Elles portent la tradition et transmettent leur savoir-faire et leurs connaissances médicales et spirituelles. Elles font partie du conseil d’administration de la fondation.
Aujourd’hui, après des travaux de rénovation et d’aménagement importants, respectant l’originalité des lieux, le monastère est un devenu un monastère-musée proposé sous une approche laïque. Il propose une intéressante exposition pédagogique permanente qui regroupe l’œuvre et l’évolution des techniques médicales et l’histoire des Augustines depuis leur arrivée au Québec. Des visites commentées peuvent être organisées. Une organisation sans but lucratif.
C’est également un lieu de rencontre et de culture participative, ou l’organisation de concert de musique classique. Cent activités sont offertes annuellement par une équipe de 80 collaborateurs. Un programme d’activités quotidiennes est proposé le plus souvent sous forme d’ateliers. C’est également un lieu d’organisation de séminaires ou de manifestations. 10 salles sont mises à disposition dont celle sous les voûtes datant de 1690.
De nombreux services basés sur le développement personnel de tous : yoga, connaissance de soi. Ainsi qu’un lieu de ressourcement des personnes soignantes et d’aides aux accompagnants de malades. S’ajoute le Centre Catherine-de-Saint-Augustin, qui continuera d’être le foyer de rayonnement de l’œuvre et de la spiritualité de la bienheureuse Catherine de Longpré originaire de Normandie qui fut l’une des fondatrices de l’église canadienne (1632-1668.)
La vocation hôtelière, est accessible à toutes et à tous, se traduit par l’existence dans l’ancien cloître des Augustines de chambres de deux catégories distinctes : 32 chambres dites « authentiques. » Les cellules monacales restaurées au confort et à la décoration relativement spartiate, mais néanmoins suffisant : Climatisation et chauffage par géothermie.
Ces chambres ne disposent que d’un lavabo et les sanitaires, d’excellente qualité, sont à l’étage. Un refuge de paix et d’intériorité où les résidents peuvent s‘imprégner de l’esprit des lieux.
La deuxième catégorie dite « contemporaine », qui comprend 32 chambres refaites avec le plus grand soin.
Confortables, dont la décoration bien que sobre, est recherchée et de bon goût. Climatisation, une salle de bain dans chaque chambre. Une modernité qui ne dépareillerait pas des hôtels traditionnels de bonne qualité.
Les prix varient en fonction des saisons et de la catégorie d’hébergement entre environ 100 à 200 CAD (70 à 140€.)
Il est à noter le très original restaurant santé, animé par un chef français. Un établissement ouvert à toutes et tous qui proposent une alimentation saine, consciente et équilibrée. Un buffet de légumes biologiques parfaitement préparés.
Tous les ingrédients sont triés sur le volet en provenance de fournisseurs locaux soigneusement sélectionnés, voire des jardins du monastère. Ici, pas d’artifices inutiles. Un choix de plats volontairement restreint. Une décoration minimaliste mais lumineuse. Une grande qualité basée sur le goût et une irréprochable qualité. Un pari parfaitement réussi. Une table originale à conseiller.
Monastère des Augustines – 77, rue des Remparts, Québec (Québec) G1R 0C3 Canada, T 418.694.1639 | 1 844.694.1639
L’hôtel de glace de Québec
Un hôtel saisonnier situé dans un parc à l’entrée de la ville de Québec. Un concept particulièrement original et unique ouvert depuis 16 ans. Conçu, ça ne s’invente pas, par un constructeur d’igloos québécois. Jacques Desbois, un entrepreneur visionnaire surnommé « Monsieur igloo. »
Un hôtel éphémère d’une superficie de 3 000 m2 qui nécessite 30 000 tonnes de neige pour sa construction. Un établissement qui se construit en hiver et détruit tous les ans printemps. Chaque année la réalisation est confiée au terme d’un concours à une équipe d’élèves architectes et designers de l’université de Laval.
Le mythe de Siphyse revisité par les québécois. Qu’il faut considérer comme Albert Camus. Sisyphe trouvant son bonheur dans l’accomplissement de la tâche qu’il entreprend, et non dans la signification de cette tâche.
Un endroit ludique et féérique, l’icône glacée de la ville de Québec l’hiver.
Un lieu qui se visite autant qu’il s’habite. La découverte débute par un passage obligé, un toboggan de glace sur lequel vous dévalerez d’un niveau.
Parfait pour les enfants.
Un concept original, car lors de périodes de grands froids, comme nous l’avons connue lors de notre séjour au Québec, ou les températures descendre jusqu’à – 30°, l’hôtel affiche une température constante variable de – 3° – 5°. Presque qu’agréable voire chaud. Tout est relatif.
Les 44 chambres et suites sont de superficies variables, selon qu’elles soient « standards » ou « suites ». Elles sont plus ou moins thématiquement décorées par des sculptures de glace souvent très élaborées réalisées par des artistes. L’entretien des lieux est constant, lissage de la glace, entretien.
Passer une nuit et une expérience qui ne s’improvise pas. Sur un socle de glace est posé un sommier en bois servant d’isolant, et d’un bon matelas. Vous vous insérerez dans un sac de couchage monoplace. D’un drap isolant et d’un oreiller. Les nuits de noce sont quasiment impossibles de ce fait. Il faut être chaude habillé, la technique de 3 couches s‘impose ainsi que des gants ou idéalement des moufles (mitaines au Québec) bonnets couvrant les oreilles, écharpe et bottes chaudes, des sandales et … un maillot de bain.
L’hôtel dispose d’une boutique, d’un bar de glace, très tendance et fréquenté, ou des cocktails originaux sont servis dans des verres taillés dans la glace. C’est également un espace de manifestations pour les partenaires. Un endroit pour visionner des événements sportifs par exemple.
Il existe une chapelle très originale, très appréciée par les communautés homosexuelles où de (faux) « mariages nordiques » sont organisés au son de la musique de Katy Perry. Délicieusement kitsch.
Les hétérosexuels, renouvellement souvent leurs vœux de mariage.
Plusieurs centaine de cérémonies ont été organisées ainsi, grâce à des forfaits clefs en main.
Un espace spas arctique ou il est possible de prendre un bain extérieur dans de l’eau très chaude. Une expérience unique et agréable.
Le prix d’entrée 2016 pour les visiteurs est de 18,25 CAD le jour et 14h25 le soir après 20h00. Tarifs réduits pour les séniors, les enfants et les familles. Laissez-passez saisonnier 28,25 CAD. Des visites guidée ont prévue toute les heures de 12h30 à 17h30. Forfait cocktail adulte (entrée et boisson : 27,50 CAD.) L’hôtel est ouvert aux visiteurs de 10h00 à minuit.
Hôtel de glace : 9530, rue de la Faune Québec – QC – Canada G1G 5H9 Téléphone : 418 623-2888 – 1 877 505-0423 Télécopie 418 623-2833 – Internet www.hoteldeglace-canada.com
François Teyssier
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