Un fin baromètre sur la place des Femmes dirigeantes dans le tourisme

10 mars 2016   Bertrand Figuier   Aucun commentaire   À la une, France    Agnès Gascoin, Baromètre, Femmes du tourisme    3684 vues

Avec son trophée 2016, l’Association femmes du tourisme n’a pas fait que saluer les jeunes talents féminins qui se destinent au tourisme (voir notre édition d’hier). En avant première, dans les locaux de la FNTP, elle a aussi annoncé certains des résultats du baromètre inédit qu’elle a lancé avec le soutien de la Direction générale des entreprises sur la « place des femmes dirigeantes dans le tourisme ».

1 200 personnes qualifiées ont répondu au questionnaire anonyme de l’association et ce panel couvre à la fois toutes les tailles d’entreprises, toutes les régions de France, y compris l’Outremer, et quasiment toutes les générations actives puisque les répondantes se partagent à 20 % en dessous de 35 ans et 80 % au dessus.

Parmi elles, la majorité est composée de cadres salariées mais les dirigeantes ont aussi apporté leur pierre à l’édifice pour dresser le profil de la professionnelle du tourisme. Et ce profil n’est pas aussi monolithique qu’on pourrait le croire, ni aussi larmoyant que certains médias grand public nous le décrivent à travers leurs marronniers annuels du 8 mars.

Plus de 50 % d’entre elles, par exemple, estiment que leur entreprise favorise l’égalité et la mixité professionnelle, tandis que 30 % ne se prononcent pas et que 20 % estiment leur entreprise indifférente ou réticente.

Certes, elles trouvent le temps long avant d’obtenir le statut de cadres, mais près de 70 % des répondantes affirment que leur poste et leurs fonctions actuelles sont « à la hauteur de leurs compétences ».

Enfin, près de la moitié d’entre elles estime que leur progression professionnelle a eu un impact positif sur leur qualité de vie ; on suppose ici qu’il ne s’agit pas seulement de pouvoir d’achat…

Dans le déroulement de leur carrière, qu’elles ont commencée plutôt jeunes, les répondantes considèrent par ailleurs que l’ambition, les compétences et la formation générale sont « les facteurs » qui impactent le plus leur carrière ; en cela, elles diffèrent sans doute assez peu des hommes.

Comme les hommes aussi, finalement, près de 50 % des cadres féminins qui ont répondu au questionnaire de l’association pensent avoir « sacrifié un peu de leur vie personnelle à leur carrière » et pour 30 % d’entre elles, c’est même beaucoup ; un « beaucoup » qui sent légèrement le « trop », probablement.

Cela dit, on est loin d’ignorer que des freins existent encore. Parmi les plus cités, d’abord la politique des entreprises, bien sûr ; ensuite les responsabilités familiales ; et enfin, plus surprenant, le manque de confiance en soi… preuve qu’on ne se voit pas uniquement en victime d’une société masculine.

Si 40 % des femmes du tourisme estiment que leur féminité est un handicap dans une carrière, 50 % estiment aussi que leurs choix professionnels peuvent avoir été dictés par leurs responsabilités familiales.

Par ailleurs, si 70 % des personnes interrogées ont un enfant, moins des 2/3 assurent n’avoir pas connu d’interruption de carrière et 65 % estiment que leurs maternités n’ont pas été un frein.

Nous ne connaîtrons que le 7 juin prochain l’ensemble des résultats du baromètre des Femmes du Tourisme qui le présenterons lors de la journée que la Direction générale des entreprises organise à la Cité de la mode.

Nous en serons plus à ce moment là sur des sujets plus délicats, comme les niveaux de salaires notamment, et sur les tendances entrepreneuriales.

Il n’empêche que le tableau brossé par Agnès Gascoin, la Présidente de l’Association, montre que les choses évoluent dans le bons sens, même si c’est un peu lent à certains égards…

C’est en tout cas bien moins sombre que ce qu’on entend couramment dans les médias en tous genres. Or « Tout ce qui est excessif est insignifiant » disait Talleyrand…

Avec ce baromètre au moins, on se dit heureusement que tout n’est pas perdu.

L’Homme, qui vivait encore dans des cavernes il n’y a pas si longtemps, peut encore espérer faire des progrès.

C’est plus motivant, non ?

Bertrand Figuier