Croisières : le Show gagnant
18 mars 2016 Bertrand Figuier Aucun commentaire Production Baromêtre Opodo, Chantiers de Saint Nazaire, Croisières, guy raffour 3482 vues
Quel est le secret du marché de la croisière ? Alors que leurs confrères du tourisme terrestre pâtissent de tous les maux, économie en berne, sécurité impuissante… les croisiéristes affichent une santé insolente.
Bien sûr, certains grincheux vont pouvoir ricaner car, enfin, en 2015, la croissance annuelle n’est pas à deux chiffres ; elle « plafonne » à 3,9 % au lieu des 14 % de 2014.
Cela représente tout de même 615 000 passagers contre 593 000 l’année précédente, soit 23 000 clients supplémentaires… belle performance, pour une zone de chalandise qui, selon Guy Raffour et le baromètre Opodo, qui perd peu à peu de sa taille.
Avec 9 % des parts de Marché, la France se trouve même à la 4ème place du marché européen, qui lui aussi, comme chaque année, connaît une hausse et qui, comme la France, constate aussi un ralentissement de cette hausse, à 3,1 % de plus qu’en 2014, soit 200 000 passagers en plus dans sa besace.
Mieux encore, pour les croisiéristes, le taux de pénétration reste infime, à 0,9 %, quand il caracole à 4 % en Norvège, à 2,7 en Grande Bretagne ou à 2,2 en Allemagne.
C’est dire si ces messieurs ont du champ et de la visibilité devant eux.
Alors vraiment, comment se fait-il que ça marche aussi bien ? C’est vrai quoi, le client est le même pour tous ; à priori, il vit dans le même pays, subit les mêmes avanies et redoute les mêmes dangers que tous les français ?
On sait bien que c’est un produit vacances « comme les autres » ; que l’on a plusieurs destinations pour le prix d’une, qu’on voyage tous les jours sans refaire sa valise, que l’âge moyen du passager a largement baissé…
Tout ça, on le sait ; le marketing et la pub dont les croisiéristes ont alimenté les médias a eu des effets indubitables, la formation des agents de voyages a fait le reste.
Et bien d’abord, je crois que les compagnies de croisières donnent raison à ceux qui pensent que l’investissement c’est la croissance.
Combien ont-elles investi depuis 20 ou 30 ans et quel était alors le marché de la croisière ? À peu près négligeable, hormis aux USA, en Grande Bretagne ou en Italie et, comme l’aviation 10 ou 20 ans avant, un luxe qui justifiait amplement des bateaux à taille humaine.
Combien vont-elles investir encore ? Demandez aux Chantiers de Saint Nazaire ; demandez aussi à LVMH qui compte ajouter 4 navires haut de gamme à la flotte du Ponant.
Ensuite, je pense que la leçon de l’Aquile Lauro, en 1985, a été non seulement bien comprise mais aussi bien exploitée à tous les points de vue.
Aujourd’hui les clients se sentent en sécurité sur un navire… ils voient, où ils ont vu lors d’une croisière précédente, les mesures de sécurité antiterroristes et ils ont confiance.
De plus, les compagnies réagissent vite en cas de crise sur une destination ; elles annulent l’escale, sans susciter de récriminations de la part des clients, d’autant plus qu’une autre escale leur ait rapidement proposée. De sorte que le passager ressent le drame, mais loin de lui, comme chez lui quand il regarde le journal de Enfin, et c’est ça, me semble-t-il, le plus décisif, en dehors des questions de coût ou de modèle économique.
À l’inverse de Pierre Doulcet, mon éminent confrère, je crois que le gigantisme des navires fait partie du succès de la croisière, qu’il est parfaitement légitime dans son avenir, au même titre que la croisière en caïque, en yacht, en voilier ou en paquebot de taille plus intime.
Pourquoi ?
Parce que les gens veulent du spectacle ! Surtout en période de crise.
Ces bateaux gigantesques sont déjà un spectacle incroyable à eux seuls, mais leur agencement intérieur l’est aussi, il est prévu pour ça. Quand à l’extérieur du navire, la mer, le ciel, les nuits étoilées… tout ça, c’est encore du spectacle.
Et puis, bien sur, il y a l’arrivée aux escales… tantôt le matin, aux aurores, tantôt entre chien et loup, avec le soleil couchant ou lorsque les lumières de la villes commencent à briller devant les yeux des passagers éblouis.
Encore un spectacle…
Pas un jour pareil… qui dit mieux ?
Bertrand Figuier
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