Selectour fait cavalier seul
17 octobre 2016 Bertrand Figuier 1 commentaire À la une Havas, Laurent Abitbol, Philippe Demonchy, selectour 4628 vues
La démocratie ! Dans les affaires, c’est souvent plus compliqué que dans la vie des nations. Comme dirait Laurent Abitbol (photo), le Président de Sélectour, ça donne souvent un commandement productif à 60 % de ce qu’il devrait et, surtout, de ce qu’il faudrait.
Son but à lui, c’est plus de lucidité partagée, plus de confiance et d’obéissance acceptées » pour faire grimper ce taux à 80 % au moins !
Mais comment faire si tout le monde persiste à ne voir midi qu’à sa porte ?
Il faut un sacré charisme pour y parvenir… une qualité qui est de moins en moins fréquente, dans le tourisme ou en général, chez les chefs d’entreprise ou parmi les élites économiques et politiques de notre pays.
De ce point de vue, le Conseil d’Administration élargi que Sélectour avait organisé vendredi dernier en Tunisie, m’a semblé ouvrir une perspective assez étonnante.
Toute le monde, certes, s’attendait plus ou moins à ce que l’enseigne soit simplifiée avec la disparition de la dénomination AFAT, un peu « absconse » il faut bien le dire, en particulier pour les consommateurs, et que le réseau se cale désormais sur la marque à la fois la plus connue du marché, la plus facile à comprendre et la plus mémorisable pour le client.
La chose s’est jouée à guichet ouvert, avec 15 des 17 administrateurs, mais en présence aussi des délégués régionaux et du comité d’audit, un rassemblement statutaire qui se tient deux fois par an, où Laurent Abitbol a obtenu une majorité légèrement supérieure au deux tiers.
En revanche, le nouveau Président a pu en plus présenter une stratégie, un programme d’action et des perspectives aussi ambitieux que cohérents.
Comme il le résumait lui-même, Sélectour va avoir une nouvelle enseigne, plus facile « à vendre », il prépare aussi une nouvelle agence, de quoi remobiliser les troupes et gagner, selon sa propre expérience chez Havas Voyages, plus de 20 % de chiffres d’affaires en moyenne.
A ça s’ajoute une campagne de communication autour du métier de l’agent de voyages, de ses compétences et des outils qui lui permettent d’offrir rapidement une vaste gamme de services.
Sans doute le réseau devra-t- il trancher sur le montant de la compagne et les 2 M € prévu risquent-ils de se voir amputer de moitié ; mais, si les réunions de travail prévues sur le sujet d’ici la fin de l’année le confirment, le reliquat servira en fait à soutenir financièrement les agences qui se lanceront dans leurs travaux de rénovation et d’adaptation.
Pour cette rénovation globale, on parle en effet d’un budget de 1 000 €/m 2 et, même si le réseau a négocié des taux avantageux pour les agences qui voudraient jouer vite le jeu, le siège de Sélectour pense qu’il est préférable d’accompagner les agences dans cette démarche.
Enfin, Laurent Abitbol parle aussi d’élargir la base du GIE en attirant un 3 ème larron. Pour le moment, il ne sait pas encore qui et il n’a aucune exclusive sur la nature de futur partenaire.
Cela étant, à bon entendeur salut… l’appel est lancé. C’est quand même la 3 ème fois qu’il le répète publiquement.
A plus long terme encore, le Président de Sélectour veut aussi s’attaquer à la structure de la coopérative du réseau. Ça n’est pas qu’il veuille en finir avec le volontariat des adhésions, ni même avec le modèle coopératif. Au contraire, il voudrait juste inventer une nouvelle formule ce coopérative et lui donner une forme de fonctionnement inédite.
S’il y arrive, nul doute qu’il aura fait un pas, utile à bien d’autres secteurs économiques, dans l’innovation sociale.
Selectour a donc du pain sur la planche avec son nouveau Président. Et pas pour demain, mais pour tout de suite. En effet, la plupart de ces chantiers doivent être bouclés soit pour le congrès de Québec, dans un mois approximativement.
Pour le plus lourd et le plus novateur, la rénovation de la Coopérative, Laurent Abitbol est persuadé que le groupe de travail mis en place à ce sujet sera en mesure de présenter un premier projet en février 2017 et que tout sera bouclé pour l’AG, extraordinaire bien sûr, du printemps prochain.
C’est très optimiste, certainement, car, même si ça s’annonce passionnant et nécessaire comme réflexion, ce projet risque d’être assez compliqué à concevoir, à formuler et à transmettre au point de faire, selon ses propres règles visiblement, la quasi-unanimité dans le Conseil d’administration.
Mais bon, selon plusieurs administrateurs, qui n’en reviennent pas eux-mêmes, le travail accompli en quelque mois autorise cette espérance et infuse au réseau un dynamisme qu’il n’avait plus connu depuis de nombreuses années.
Une chose est sûre, en tout cas, chez Selectour, ça sent la « révolution », dans le bon sens du terme.
Et, à froid, après ce Conseil d’Administration tunisien, on finit par se demander si le plus ancien des réseaux volontaires du tourisme n’est pas de retour ; s’il n’a pas enfin retrouvé un chef à la mesure de Philippe Demonchy, assez charismatique pour mobiliser et fédérer et avancer, « dans l’apaisement ».
Il paraît qu’en interne, on le taquine avec du « Duce » par-ci, du « dictateur » par-là ; il n’empêche que personne ne semble discuter ou même douter de son rôle moteur…
Pour moi, dans ce registre, « V 12 » conviendrait mieux que la référence romaine, mais bon…
En attendant, la concurrence a intérêt à se réveiller, Selectour est de retour.
Et comme dit la chanson : « Gare au gorille » !
Bertrand Figuier
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1 commentaire pour “Selectour fait cavalier seul”
Mais comment faire si tout le monde persiste à ne voir midi qu’à sa porte ?
Tous les domaines, personnels, professionnels, politiques sont concernés. La visibilité sur le marché mondial, compte tenu des milliards d’informations que véhicule le web rend nécessaire de se ranger dans une démarche collaborative pour attirer les prospects vers un point d’entrée unique puis de se répartir le gâteau intelligemment et équitablement. Tous ceux qui pensent faire cavalier seul s’epuiseront, humainement et financièrement, et disparaîtront comme de vieux dinosaures…Le tourisme réceptif français n’échappe pas à la règle, la FRENCH DMC ASSOCIATION est née pour répondre à cette attente.