Dépression en vol, un mal à prendre en compte

23 décembre 2016   François Teyssier   Aucun commentaire   Transport    Andreas Lubitz, dépression, Harvard Chan School  

Tous se souviennent de l’Airbus A.320 précipité par Andreas Lubitz, le copilote de l’avion Germanwings sur une montagne des Alpes françaises entraînant avec lui dans sa mort les 149 passagers. Un acte prémédité,choquant, écœurant. Mais le cas n’était pas unique. En Namibie, en novembre 2013 dans des circonstances étrangement similaires un pilote de la LAM a volontairement précipité au sol un Embraer 190 tuant 33 personnes.

D’autres plus ou moins contestés sont survenus au cours de ces dernières années. Un avion d’Egyptair un autre de Silk Air. Soit environ 500 personnes au cours de ces 20 dernières années.

C’est vrai que le stress des pilotes de ligne est important. La charge de travail harassante et les contrôles constants.

Une récente étude au cours de laquelle 3 500 pilotes commerciaux ont été entendus anonymement fait ressortir des résultats préoccupants. Sur les 1 848 ayant répondu concernant la santé mentale, il en est ressorti que plusieurs centaines d’entre-eux peuvent être médicalement considérés comme étant dépressifs.

Cette étude réalisée de département science de l’Harvard Chan School vient d’être publiée sur « the journal Environmental Health. » Il en ressort que 4,1 % des pilotes ayant participé à cette étude ont des tendances suicidaires.

Le questionnaire a été basé sur des critères médicaux concernant le dépistage et le traitement thérapeutique de la dépression. Et après avoir pesé le pour et le contre, il a été décidé que le déroulement de l’étude serait anonyme. Pour assurer une stricte confidentialité. Et leur garantir qu’ils ne pourraient pas tracés ultérieurement.

C’est le traitement des réponses collectées qui fait ressortir divers stade de dépression 1430 d’entre-eux précisant qu’ils ont travaillé dans un état dépressif au cours des 7 derniers jours avant de répondre à l’étude.

La plupart avouant même qu’ils ne cherchent pas vraiment à se soigner par peur des conséquences sur leur carrière. La plus importante étant de ne plus piloter.

Pire, 75 pilotes (4,1% des personnes interrogées) ont rapportés des pensées suicidaires au cours des deux dernières semaines avant le début de l’enquête.

Ce qui ne rassurera pas tous ceux qui ont peur de l’avion.

Le Dr. Andrew F. Leuchter, professeur en psychiatrie et spécialiste de biologie comportementale à l’UCLA tempère les résultats de cette étude en faisant remarquer que les pensées suicidaires sont courantes parmi les personnes déprimées. Et elles sont nombreuses en ces temps.

En conclusion, il précise qu’heureusement, la plupart ne passent jamais à l’acte et que les statistiques concernant les pilotes ne sont pas fondamentalement différentes du reste de la population.

L’association des pilotes de ligne de son côté confirme que le transport aérien reste le moyen de transport le plus sûr au monde.

Que 27 000 décollages et atterrissages sont effectués quotidiennement dans toutes sortes de situations. Ce qui est parfaitement exact.

C’est vrai que ce n’est qu’une étude médicale anonyme qu’il faut considérer comme moins significative que les chiffres le laissent paraître.

Mais il ne faut la négliger ou la rejeter pour autant.

François Teyssier