Une main tendue chez l’oncle Sam
6 janvier 2017 Aucun commentaire People Etats Unis, Mark Horvath, mendicité, parcmètres
Bien que la mendicité ne soit pas illégale aux États Unis, les américains ont de plus en plus de mal à supporter les mendiants qui tendent leurs sébiles dans les rues de leurs villes. Alors, toujours à la pointe du progrès, ils ont fini par imaginer une solution « high-tech. »
Certaines municipalités ont installées des parcmètres supposés « combattre » et éradiquer la mendicité dans la rue.
Mais cette solution semble ne pas être la panacée à la pauvreté.
L’idée était pourtant séduisante. L’installation de parcmètres colorés, voire décorés par des artistes le long des trottoirs devait permettre aux donateurs de se débarrasser de leur petite monnaie et d’aider financièrement les associations qui viennent en aide aux sans-abri.
Les cartes bancaires sont même acceptées. Une solution novatrice.
Après la Floride, Pasadena, Indianapolis, Corpus Christi, Denver, la ville de New Haven est la dernière agglomération bien-pensante qui vient d’installer quatre parcmètres et envisage un ajout prochain de six unités supplémentaires. Ne souriez pas, seule l’intention compte.
Au pays de l’oncle Sam, le « business », pardon, ça m’a échappé, du caritatif est programmé, marketé, comptabilisé.
L’argent, le « dollar-roi » n’est jamais bien loin du cœur du problème. Alors des comptes précis ont été faits.
Le comté de Dade en Floride a instauré une taxe spéciale sur la nourriture et les boissons qui rapporte 24 millions se dollars par an. Une part non négligeable du budget total de 61 millions alloués par le comté aux sans abris. En comparaison, les parcmètres ont rapportés 50 000 dollars au cours de la même période.
Toujours en Floride, la ville d’Orlando a collectée 2 450,07 dollars de dons depuis 2011. Date à laquelle ont été installés une douzaine de parcmètres.
En 2015 la «récolte » de dons s’est élevée à 181 dollars. Le pays de Mickey n’est pas généreux ou alors, tous ses gentils habitants sont devenus très pauvres.
Alors, les voix de détracteurs commencent à s’élever. Elles contestent l’efficacité de la mendicité automatisée. Le coût de l’achat, de l’installation et de l’entretien des parcmètres.
Elles affirment que s’est en fait pour mettre en avant l’autosatisfaction des créateurs de ces initiatives. Ils se donnent ainsi bonne conscience et cherchent à démontrer ainsi que les gouvernances locales prennent en charge le problème de la pauvreté.
Mark Horvath, l’avocat des sans-abri et fondateur d’un cabinet d’avocat des « gens invisibles » affirme que les parcmètres renforcent le stéréotype que tous les mendiants sont des marginaux dont la seule activité est de quémander de l’argent pour acheter de la drogue ou de l’alcool.
Il précise que la plupart des mendiants ne vivent pas dans la rue.
Qu’ils ne sont que des personnes qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Sa conclusion est impitoyable (pour les parcmètres) : il y a tellement de solutions plus efficaces : Instaurer un suivi humain régulier, des aides financières régulières, améliorer l’accès à habitat …
Il constate également qu’aucune étude n’a été faite et qu’il est impossible d’établir que les parcmètres ont réduit sensiblement la pauvreté. Et que ceux qui le pensent doivent croire au Père Noël et à la petite souris.
Bien, sûr, la mendicité est un problème, mais cela peut-être considéré comme une alternative en attendant de trouver un travail. Cela dit, beaucoup ne seront pas d’accord avec moi. Qu’importe.
Le problème est universel. Pour une fois, la France n’est pas en régression. Mais, là encore, les avis sont partagés.
Ce serait d’ailleurs intéressant de savoir ce qu’en penserait le regretté Coluche, non ?
François Teyssier