Y a t-il, ou non, trop d’aéroports en France ?


En tant qu’organisation la plus représentative des compagnies aériennes en France, BAR France est directement concerné par les conclusions du rapport du CSAC (Conseil Supérieur de l’Aviation Civile) sur le maillage aéroportuaire publié au mois de janvier dernier.

En effet, les investissements aéroportuaires, les équipements publics, les charges d’exploitation, sont, dans leur ensemble, financés par des redevances ou des taxes, lesquelles sont payées par les compagnies aériennes et finalement par leurs passagers.

Un maillage hexagonal à améliorer

« Le rapport du Conseil Supérieur de l’Aviation Civile nous rappelle que la France compte 550 aéroports dont 460 en métropole  » explique ainsi Jean-Pierre Sauvage, le président du BAR.

Parmi eux 120 aéroports ont une activité commerciale de passagers. 57 ont accueilli au moins 3.000 passagers par an (en 2014). Ce qui signifie que 63 en accueillent moins de 3.000 par an soit moins de 10 par jour. (52 aéroports sont spécialisés dans une activité d’aviation d’affaires.)

Le rapport nous dit que la France n’a pas plus d’aéroports que les pays voisins, Grande Bretagne ou Italie.

« Mais la question de savoir si nous avons trop ou pas assez d’aéroports est secondaire. Ce qui compte, du point de vue du transport aérien, c’est l’utilité de chaque aéroport, l’équilibre de son exploitation et la qualité du service aéroportuaire fourni« .

Or, les aéroports ont pour première vocation de servir le transport aérien avant d’être des éléments d’aménagement du territoire.

Les aéroports ayant une vocation autre que de servir le transport aérien commercial ne sont pas traités dans ce rapport. Ils ressortissent aux comptes de la nation et des territoires.

Le rapport reconnait d’ailleurs que l’impact économique des aéroports est très difficile à évaluer

« Malgré les incertitudes et les difficultés pour comparer les performances économiques des aéroports le rapport nous apprend que l’équilibre budgétaire des aéroports est incertain au-dessous de 500 000 passagers et impossible au-dessous de 200 000 passagers. »

En revanche leurs coûts entrainent des charges pour la collectivité.

« Dans ce dernier cas les collectivités sont appelées à intervenir en prenant en charge directement certaines dépenses (ex. entretien des accès, mise à disposition de personnels) ou en apportant une subvention d’exploitation. Au-delà des coûts d’exploitation de l’aéroport, les collectivités peuvent également verser directement des soutiens financiers aux compagnies, notamment dans le cadre de contrats de marketing ».

Ces coûts ne portent pas seulement sur les collectivités locales ou régionales mais sur le budget des services de l’État (contrôle aérien, contrôle des Douanes et de police aux frontières, gendarmerie) », avec les conséquences économiques sur le transport aérien en France.

Les coûts de la sûreté et de la sécurité des petits aéroports sont financés par la péréquation de la taxe d’aéroport payée par les passagers des autres aéroports.

Il en est de même pour les charges de l’aviation civile qui sont supportées par la taxe de l’aviation civile elle-même payée par l’ensemble des passagers.

Il n’est pas acceptable que l’on fasse payer aux passagers des aéroports importants, qui sont souvent des passagers étrangers sources de devises, les déficits de gestion des plus petits aéroports.

De plus, la dispersion des moyens nuit à aux capacités d’investissement nationales.

L’utilité et la qualité des prestations fournies

Même s’ils ne sont pas en concurrence directe, les aéroports font l’objet de comparaison sur un plan international. Cette comparaison n’intéresse pas seulement les entreprises à la recherche de lieux d’implantation, elle intéresse aussi les investisseurs particuliers, les touristes et les institutions étrangères comme les universités.

Les aéroports ont donc une obligation de performance.

Cette performance s’évalue en termes de nombre et de qualité des dessertes aériennes, de qualité et de variété des services offerts, de qualité de l’accueil.

Les aéroports secondaires doivent, en particulier offrir un nombre suffisant de vols à destination du hub national principal et à destination des principaux hubs internationaux.

Pour augmenter le nombre des accès à ces hubs il est nécessaire de concentrer les trafics sur un nombre restreint d’aéroports.

La performance s’évalue également en termes de facilitations dans les aérogares au niveau de l’enregistrement, des salles d’embarquement, de la signalétique, de la qualité et de la variété des commerces et restaurants. Enfin la qualité de l’ambiance dans les aérogares et de l’accueil est également déterminante.

Pour atteindre cette variété et cette qualité de service les aéroports secondaires doivent atteindre une taille critique en termes de trafic et d’équipement dans des conditions économiques satisfaisantes.

Le rapport du CSAC démontre que le maillage aéroportuaire en France doit être élaboré d’une façon globale et cohérente pour éviter la dispersion des moyens de l’aviation civile et pour atteindre une qualité de service aux passagers de niveau international.





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