Compagnies aériennes du Golfe, ce qui a changé désormais
14 septembre 2016 Jean-Louis Baroux Aucun commentaire À la une Cheikh Ahmed ben Saeed Al Makthoub, Cheikh Akbar Al Baker, Christoph Mueller, compagnies aériennes du Golfe, Emirates, Etihad, Qatar Airways, Tim Clark 5688 vues
Deux nouvelles passées un peu inaperçues ont pourtant attiré mon attention la semaine dernière. Toutes les deux concernent des compagnies aériennes majeures du Golfe.
D’abord on apprend que le Cheikh Akbar Al Baker, le tonitruant et emblématique Président de Qatar Airways, annule l’achat de trois Airbus 320 Neo, dont la valeur est de 322 millions de dollars, au prétexte que les moteurs fabriqués par Pratt & Whitney ne délivraient pas les performances prévues.
Il n’exclut pas d’ailleurs d’annuler jusqu’à 5 appareils d’ici la fin de l’année. Au cours de cette même conférence de presse, il n’a pas caché qu’après un profit de 445 millions de dollars pour le dernier exercice, il n’excluait pas une perte fiscale pour l’année en cours qui se terminera le 31 mars prochain.
Voilà un premier avertissement sur un potentiel ralentissement dans la croissance effrénée des compagnies du Golfe. Il faut dire que l’année est peu propice au développement des marchés lesquels sont plombés par un fort ralentissement économique et une conjoncture politique pour le moins morose.
Il faut bien se rendre compte en effet que les nouveaux géants du Golfe sont impactés par tout événement pouvant survenir à n’importe quel point de la planète puisqu’ils sont vraiment des acteurs globaux.
Ainsi les démêlés territoriaux entre la Chine et les Philippines en mer de Chine ont une influence sur leur trafic, de même que le ralentissement de la croissance en Asie et en Chine en particulier, ou les attentats dont ont été victimes les pays occidentaux, au premier desquels la France, mais aussi la Belgique et l’Allemagne sans oublier bien sûr la Turquie.
Rien d’étonnant alors à ce que les résultats financiers s’en ressentent. Si la situation ne s’améliore pas, et cela est peu probable dans les mois, voire les toutes prochaines années, il ne serait pas étonnant que les compagnies du Golfe annulent, au moins en partie, les massives commandes d’avions qu’elles ont passées.
Sauf à ce qu’un nouveau marché leur soit ouvert. Un seul est significatif : c’est l’axe transatlantique.
Mais pour cela, les compagnies du Golfe doivent obtenir les droits de trafic entre les grandes capitales européennes et les principales villes du continent nord-américain. L’affaire n’est pas gagnée car les transporteurs américains et européens, largement soutenus par leurs états respectifs, sont vent debout contre l’attribution de tels droits.
Pour autant la partie n’est pas encore perdue pour les opérateurs du Golfe car ces derniers sont les principaux acheteurs des appareils fournis par les européens avec Airbus ou les américains avec Boeing.
Sans les commandes de ces transporteurs, les deux constructeurs seraient en très grande difficulté. Voilà un instrument de négociation dont ne manqueront pas de se servir les Qatar Airways, Etihad ou Emirates. La bagarre promet d’être intéressante.
Justement l’autre nouvelle a concerné Emirates. C’est l’arrivée prochaine de Christoph Mueller qui vient de quitter Malaysian Airlines dont il était le CEO pour des « raisons personnelles » qui peuvent tout cacher y compris une incapacité à mener au bout la stratégie de redressement qu’il a entamée.
Or donc le voilà entré chez Emirates. A ce stade on ne connait pas la position qu’il va occuper, mais elle ne pourra certainement pas être subalterne.
Il est alors pas inintéressant de se pencher sur le management de cette compagnie. Les principaux responsables vont être atteints par l’âge de la retraite. C’est en particulier le cas pour Tim Clark le Président d’Emirates qui aura 67 ans fin novembre. Certes, personne ne va le pousser à la porte et surtout pas le Cheikh Ahmed ben Saeed Al Makthoub le Président du Groupe Emirates qui s’entend si bien avec le patron de la compagnie. Mais enfin, on ne peut pas imaginer que les dirigeants ne préparent pas leur suite, même si le Cheikh Al Maktoub est beaucoup plus jeune de Tim Clark puisqu’il n’a que 58 ans.
Christoph Mueller a 54 ans et une solide expérience dans la gestion des compagnies aériennes après être passé chez Brussels Airways, Aer Lingus et Malaysian Airlines.
Mais Thierry Antonori actuellement à la tête du commercial de la compagnie avec le titre d’Executive Vice Président, n’a que 55 ans. On n’imagine pas Christoph Mueller venir dans cette organisation uniquement pour inaugurer les chrysanthèmes.
La succession de Tim Clark semble se dessiner. Sera-t-il remplacé par un Dubaïote comme par exemple le responsable de l’exploitation : Adel Ahmad Al Redha ou l’actuel DRH Abulazziz Al Ali, ou par l’un des « étrangers » : Antinori, Mueller ou Gary Chapman lequel est tout le même un peu âgé ?
Comprenons-nous bien, le départ de Tim Clark n’est pas annoncé et probablement pas encore d’actualité, mais l’âge est une composante inéluctable fusse pour les plus grands managers.
Jean-Louis Baroux
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