Après le Burkina et le Mali, la Côte d’Ivoire a été la cible dimanche d’une attaque djihadiste. Un commando armé a fait seize morts dans la station balnéaire de Grand-Bassam. Six « terroristes » ont également péri dans cette opération, revendiquée par Al Qaïda.
« Le bilan est lourd, les terroristes ont réussi à tuer quatorze civils et nous avons perdu deux membres des forces spéciales« , a par la suite déclaré le président ivoirien Alassane Ouattara qui s’est rendu sur les lieux. Il a ajouté que six « terroristes » avaient été « neutralisés » et tués.
Les assaillants ont tué « quatorze civils dont quatre de race blanche« . Parmi ces victimes « nous avons identifié une (d’elles) de nationalité française et une allemande« , a annoncé le ministre ivoirien de l’Intérieur, Hamed Bakayoko au journal télévisé.
Le président français François Hollande a condamné « avec force (ce) lâche attentat ». « La France apporte son soutien logistique et de renseignement à la Côte d’Ivoire pour retrouver les agresseurs. Elle poursuivra et intensifiera sa coopération avec ses partenaires dans la lutte contre le terrorisme« , a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête pour assassinat terroriste après la revendication par les jihadistes. La France a ouvert des cellules de crise à Paris et à Abidjan et diffusé des consignes de sécurité à la communauté française dans ce pays.
Attentat revendiqué par AQMI
L’attaque a été revendiquée par le groupe Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), selon le service SITE de surveillance des sites islamistes. Selon un témoin, un des assaillants criait « Allah Akbar » (Dieu est grand en arabe).
Ces assaillants « puissamment armés et portant des cagoules ont tiré sur les occupants de L’Etoile du Sud, un grand hôtel pris d’assaut par les expatriés en cette période de canicule« , a expliqué un témoin joint par l’AFP.
Kalachnikov et ceintures de grenades
« On était sur la plage, on a entendu des coups de feu et on a vu des gens fuir, on a compris que c’était une attaque« , a raconté Braman Kinda, en montrant les photos de sept cadavres, dont au moins une femme, gisant sur la plage. Selon lui, les assaillants « parcouraient la plage en tirant des coups de feu« .
Le témoin a également filmé des grenades et des chargeurs apparemment laissés derrière eux par les assaillants. Abbas El-Roz, un ressortissant libanais qui séjournait à l’Etoile du Sud, a lui aussi raconté qu’un des assaillants portait un fusil d’assaut Kalachnikov et une ceinture de grenades.
L’attaque a provoqué des scènes de cohue sur le pont séparant la zone touristique visée, le Quartier de France, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. L’ambassade de France à Abidjan a demandé pour sa part à ses ressortissants à ne pas se déplacer dans la zone « pour ne pas gêner l’action des forces de l’ordre« .
Menaces djihadistes
Ville historique et ancienne capitale coloniale sur la côte du Golfe de Guinée, Grand-Bassam abrite plusieurs hôtels fréquentés par une clientèle d’expatriés le long d’une plage où afflue la population abidjanaise en fin de semaine.
C’est la première fois que le pays est la cible d’une attaque contre une zone touristique, alors que le secteur se remet lentement de dix ans de crise socio-politique. La Côte d’Ivoire avait jusqu’ici épargnée par les attentats de masse. Mais nombre d’analystes s’attendaient à ce qu’elle soit ciblée – comme le Sénégal, autre pays très touristique.
Dans une interview au site mauritanien Al-Akhbar en janvier, un chef d’Aqmi, Yahya Abou El Hamame, menaçait les alliés des « Croisés » de « les frapper, ainsi que les intérêts occidentaux chez eux ». La Côte d’Ivoire participe à la force de l’ONU déployée au Mali et un peu plus de 550 militaires français sont stationnés dans le pays.
Souvenirs d’autres attentats
Cette attaque fait écho à celles perpétrées dans d’autres villes africaines ces derniers mois. Le 15 novembre, un attentat revendiqué par AQMI avait visé un café-restaurant de Ouagadougou, faisant 30 morts, en majorité des étrangers.
Au Mali, une attaque djihadiste contre un grand hôtel de Bamako avait fait 20 morts, dont 14 étrangers, en plus des deux assaillants le 20 novembre. L’attaque de dimanche rappelle aussi celle d’un hôtel dans la station balnéaire tunisienne de Sousse, qui a fait 38 morts le 26 juin dernier.