La Thaïlande perd son roi et tombe dans l’incertitude
14 octobre 2016 Rédaction Aucun commentaire Pays Bhumibol Adulyadej, Maha Vajiralongkorn, roi, thailande, Thaksin Shinawatra 4262 vues
Le roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej est mort jeudi après 70 ans d’un règne ayant fait de lui le plus vieux monarque du monde en exercice. Son décès plonge la Thaïlande dans une ère de grande incertitude en raison de son statut semi-divin.
Le palais n’a pas précisé la cause du décès du roi. « Sa Majesté s’est éteinte paisiblement à l’hôpital Siriraj« , a annoncé le palais royal dans un communiqué. Rapidement, toutes les chaînes de télévision se sont interrompues, présentant un écran gris.
Agé de 88 ans, le roi était considéré comme le seul ciment d’une nation très divisée politiquement.
Le souverain, qui avait passé ses jeunes années à Lausanne, était monté sur le trône en 1946, après la mort inexpliquée de son frère, et beaucoup de Thaïlandais n’ont jamais connu d’autre souverain.
Pas d’apparition publique depuis un an
Vêtus de rose et de jaune, les couleurs de la monarchie, plus d’un millier de fidèles étaient massés dans la soirée dans les jardins de l’hôpital Siriraj.
A mesure que la nouvelle de sa mort se répandait, les gens se mettaient à genoux, mains jointes en signe de prière. « Comment fera la Thaïlande sans toi, papa?« , se lamentait un jeune homme, se balançant d’avant en arrière en une longue plainte.
Bhumibol Adulyadej, hospitalisé depuis deux ans quasiment en continu, notamment pour des infections pulmonaires et de l’hydrocéphalie, n’était pas apparu en public depuis près d’un an.
Le chef de la junte au pouvoir depuis un coup d’Etat en mai 2014 a annoncé que le prince héritier Maha Vajiralongkorn, 64 ans, lui succéderait. Une période de deuil d’un an sera observée dans le pays et toutes les activités de « divertissement » seront très réduites pendant une période de 30 jours, a-t-il précisé.
Bien moins connu et vénéré par les Thaïlandais que son père, le nouveau roi vivait jusqu’ici la plupart du temps en Allemagne. De formation militaire, notamment à l’Académie de Duntroon, en Australie, il a un grade honorifique de général au sein de l’armée thaïlandaise.
Ces dernières années, il a souvent remplacé son père lors de cérémonies officielles, mais ses prises de parole sont restées rarissimes.
Culte de la personnalité
Bhumibol Adulyadej avait un statut de demi-dieu en Thaïlande, héritage de décennies de culte de la personnalité. Chez les particuliers, dans les administrations, dans les écoles, ses portraits sont omniprésents.
Ce culte a encore été renforcé depuis le coup d’Etat militaire. Le roi, la reine, l’héritier et le régent sont protégés par une loi réprimant les crimes de lèse-majesté parmi les plus sévères au monde. Depuis l’arrivée au pouvoir de la junte, les poursuites se sont multipliées et les sentences ont été alourdies.
En août 2015, un homme a été condamné à 30 ans de prison et une femme à 28 ans après avoir publié sur Facebook plusieurs messages jugés insultants pour la famille royale.
Une instabilité chronique
Les dix dernières années du règne de Bhumibol Adulyadej ont été marquées par une très grande instabilité politique. Elites ultra-royalistes (identifiées comme les « jaunes », la couleur de la royauté) et partisans de l’ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra (qui ont pour symbole le rouge) s’affrontent.
Le dernier coup d’Etat d’une longue série a été réalisé au nom de la sauvegarde de la monarchie par une armée soucieuse de verrouiller la scène politique à l’approche de la succession.
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