Varatrip, un des leaders du tourisme sur Bali, a choisi cette année de se différencier des concurrents et de s’engager fortement dans un tourisme responsable et durable. Les visites aux animaux en zoo ou espace aquatique artificiel ont été supprimés du catalogue ; les bouteilles d’eau des clients sont récupérées et recyclées… jusqu’à la stérilisation des chiens pour les sauver.
A sa création en 1999, Varatrip (« vara » signifie « le meilleur » en sanscrit) se veut un spécialiste du mariage et de la lune de miel sur les plages paradisiaques de Bali, seule île hindouiste de l’Indonésie, plus grand pays musulman du monde.
En 2014, première évolution en ajoutant à l’activité matrimoniale celle d’agence de voyages, réceptif pour TO et excursions pour individuels.
[1]« Nous proposons plus de 20 programmes à la carte avec une spécificité d’endroits insolites ou d’événements comme admirer les solstices, explique Vivi Maria, General Manager. Mais cela ne nous suffisait pas : nous avons voulu être les premiers à nous engager concrètement pour un autre tourisme, tout aussi ludique mais protecteur de notre environnement au sens large. »
[2]Sur Bali où les Français furent 131 000 à se rendre en 2015, la plus forte population d’Europe mais seulement la 7ème des visiteurs au total, il n’existe paradoxalement que 150 guides francophones.
Varatrip, par sa spécificité, réussit à en convaincre une bonne partie à travailler en priorité avec lui. « Nos premiers clients sont les Chinois, les Indonésiens des autres îles et les Australiens, poursuit Vivi Maria. Séduire davantage de touristes européens et surtout Français est notre objectif et nos actions vont justement dans le sens de la sensibilité de l’Europe aux questions de développement durable. »
Pas question de « greenwashing » (l’art de faire croire que l’on fait écolo sans vraiment s’impliquer) chez Varatrip : la volonté se voit au concret sur le terrain à travers, par exemple, la sauvegarde du chien de Bali et du Starling, un oiseau endémique de l’île.
Le Bali Dog
C’est une histoire méconnue mais les scientifiques sont formels : le premier chien domestiqué par l’Homme au plus loin que l’on remonte dans l’histoire fut le Bali Dog.
[3]De taille moyenne, de plusieurs couleurs, l’animal n’est ni gardien, ni chasseur, juste un compagnon du quotidien de nombre de familles balinaises.
Attaché à sa maison, il ne s’en éloigne guère mais suite à une épidémie de rage en 2008, le gouvernement indonésien a décidé d’un vaste plan d’éradication des chiens errants à base de boulettes de viande empoisonnée jetées sur la voie publique. Une initiative qui a ulcéré Janice Girardi, une Américaine installée dans l’immobilier sur Bali depuis des lustres.
Elle a donc fondé et finance BAWA, Bali Animal Welfare Association, à but non lucratif qui emploie des Balinais pour démontrer aux autorités que la vaccination et stérilisation des chiens sont une meilleure voie que l’empoisonnement pour contenir les populations du chien endémique de l’île.
[4]Aujourd’hui, une équipe de 6 vétérinaires tourne avec des bénévoles de village en village. Un hangar ou une grange sont transformés le temps d’une journée en salle d’opération où les habitants sont tout heureux d’amener leur animal plutôt que de le voir mourir dans les souffrances des boulettes empoisonnées.
Varatrip a rejoint BAWA pour lui apporter sa puissance médiatique et ainsi faire connaître l’action au delà des frontières et auprès des oreilles du gouvernement de Jakarta jusqu’alors inflexible.
Le Bali Starling
Classé en danger critique d’extinction, le Bali Starling, aussi appelé étourneau ou martin de Rothschild, est dorénavant plus présent dans des parcs animaliers à travers la planète, comme le Jardin des plantes de Paris ou le zoo de La Palmyre en Charente-Maritime, que dans son milieu sauvage de Bali, seul endroit où il vive en liberté. Tout blanc à l’exception de la pointe de queue noire et un joli bandeau bleu sur les yeux, il est l’objet de toutes les attentions de Friends of the Natural Parks Fondation qui a mobilisé la population de la petite île de Penida pour le protéger.
En 2009, seuls 120 spécimens sauvages avaient été répertoriés sur Bali. Il en resterait aujourd’hui au maximum la moitié. Victime de sa grande beauté, de l’explosion du commerce des oiseaux exotiques et du changement climatique, le Starling, peu farouche et facile à attraper, est traqué par des chasseurs d’occasion car la capture d’un exemplaire sauvage est payée plus de 1000€ par des collectionneurs, de quoi faire vivre toute une famille durant un an.
[5]A Penida, l’association a réussi à sensibiliser les habitants à l’intérêt de le protéger dans son milieu. Entre autres grâce aux visites à sa rencontre qu’organise maintenant Varatrip et qui profite à toute l’île ainsi qu’aux protecteurs de l’oiseau.
« Nous lancerons chaque année de nouvelles initiatives, conclut Vivi Maria.
Bali sera toujours une destination extraordinaire par ses paysages, ses plages et sa culture, et sans s’en priver, bien au contraire, chacun peut choisir de faire en sorte que ses enfants en profiteront encore mieux à leur tour dans l’avenir. »
Yves et Sylvie Pouchard