La 1ère Conférence internationale sur la digitalisation et le tourisme durable a réuni sur l’Ile Maurice scientifiques, chercheurs, responsables politiques et associatifs, professionnels du tourisme, pour un point de situation et les pistes d’avenir de la rencontre entre la technologie numérique et l’évolution du tourisme.
C’est l’élite du tourisme, du numérique et du développement durable que Anil Gayan, ministre du tourisme de Maurice, a réussi à réunir pour deux journées intenses de débats. Du professeur Geoffrey Lipman, président du International Coalition of Tourism Partners, collaborateur du Forum Economique Mondial de Davos, au docteur Luigi Cabrini, président du Conseil Mondial du Tourisme, en passant par, entre autres, le docteur Dirk Glaesser, président du programme de développement durable du tourisme à l’Organisation Mondiale du tourisme, ou Franck Püttman, patron du siège social de TUI à Berlin.
Dans l’assistance, des ministres et délégations de pays en recherche d’expansion touristique comme le Ghana ou le Bénin, de second souffle comme le Sénégal ou le Liban, d’écoute d’expérience comme la Hongrie. Côté français, ce sont les voisins de La Réunion et Mayotte, représentés par leurs présidents de conseil, qui se sont montrés très actifs.
Il faut dire que dans les discussions, la COP21 de Paris fut omniprésente. Et la proposition de création d’une Agence de l’océan indien sur le changement climatique, la protection et la conservation de la biodiversité, avancée par Denis Robert, président régional de La Réunion, a pris bonne place dans la déclaration finale adoptée à l’unanimité des participants.
Emploi et environnement unis
A l’heure où le big data permit de collecter une foule d’information, du simple avis sur des sites comme Tripadvisor à l’utilisation des GPS embarqués dans les véhicules, la digitalisation est devenue un paramètre incontournable pour les stratégies touristiques aussi bien pour les décisionnaires politiques, les hôteliers et les protecteurs de l’environnement.
A Maurice, la démonstration a été faite que l’on prenne la problématique par le numérique, la biodiversité ou la gestion hôtelière, les chemins de l’avenir du tourisme passaient inéluctablement par l’intégration des informations digitales issues des touristes pour gérer les flux, préserver les sites, étaler les séjours… Et faire connaître ses attraits sous l’angle du durable.
Les intervenants furent tous d’accord pour annoncer une explosion du nombre de voyageurs, avec entre autres une « invasion asiatique » de 900 millions de « middle class rich » Chinois et 500 millions d’Indous.
Les cas de ras-le-bol des résidents locaux tels que vus à Venise, Barcelone ou Dubrovnik, devraient se multiplier si des mesures de limitation ne sont pas prises. « Dans trop d’endroits, on annonce des mesurettes qui équivalent à changer les dispositions des transats sur le pont du Titanic, ironisait ainsi Geoffrey Lipman. Il ne faudra pas avoir peur de fermer un temps des lieux pour assurer leur avenir. »
La réponse se trouvera donc dans des propositions alternatives ou des promotions tarifaires avantageuses pour venir à d’autres moments. Il en va de l’emploi et de la préservation de la planète, enfin unis dans un même objectif, pour que le tourisme continue à apporter un pan important au développement économique de territoires, parfois démunis d’autres ressources. Et pour que les touristes reviennent heureux de leurs voyages.
Yves Pouchard