AccorHotels a racheté en décembre dernier son concurrent canadien FRHI, propriétaire des hôtels de luxe Fairmont, Raffles et Swissotel, à des investisseurs qataris et saoudiens, pour 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros). Cette acquisition le hisse dans le peloton de tête du secteur au niveau mondial. En s’offrant le groupe canadien FRHI, rachat soumis au vote d’une assemblée générale extraordinaire, l’hôtelier français AccorHotels se donne une autre dimension, devenant un géant du luxe, tout en conservant ses marques économiques.
Actuellement, AccorHotels, dirigé par Sébastien Bazin depuis près de trois ans, totalise 17 marques allant de l’économique au haut de gamme, et 3 942 hôtels dans 92 pays. Avec ce rachat, la plus importante acquisition de son histoire, le géant de l’hôtellerie française détiendra 20 marques et 155 hôtels supplémentaires (dont 40 en développement). Il va désormais comptabiliser 500 établissements dans le secteur du luxe.
[1]Parmi les nouvelles adresses rachetées, on retrouve des établissements « légendaires » comme le Raffles à Singapour, le Savoy à Londres, le Fairmont Peace Hotel à Shanghai, le Plaza Hotel à New York, ou encore le Royal Monceau – Raffles Paris, permettant à AccorHotels d’avoir un premier palace sur la place de Paris.
A ce stade, les établissements du groupe FRHI conserveront leur noms actuels.
AccorHotels négocie ainsi un tournant dans son histoire, se renforçant sur le secteur du luxe et sur le territoire américain, premier marché émetteur au monde pour le tourisme international.
Une augmentation de capital obligatoire
Ce rachat modifie également en profondeur l’actionnariat du groupe hôtelier. En effet, les trois enseignes de luxe Fairmont, Raffles et Swissotel sont regroupées au sein du groupe canadien FRHI, lui-même détenu par les fonds souverains qatari (Qatar Investment Authority) et saoudien (Kingdom Holding Company of Saudi Arabia, propriété du prince saoudien Al Walid ben Talal) et par un fonds de pension canadien (OMERS).
Le groupe prévoit de financer les deux tiers de l’opération via une augmentation de capital réservée, qui permettra aux investisseurs qatari et saoudien de prendre respectivement 10,5 % et 5,8 % de son capital.
Depuis le début de l’année, l’actionnariat d’AccorHotels a été quelque peu chahuté avec la montée au capital du groupe chinois Jin Jiang, passé en cinq mois de 5 % à 15,06 % (et 13,15 % des droits de vote). Cela le hisse à ce jour, à la place du premier actionnaire, devant les deux historiques, le fonds Colony Capital (5,90 %) et la société d’investissement Eurazeo (5,18 %), tous deux voués à sortir.
Le rachat de FRHI redessine le capital : Colony et Eurazeo tombent à 9 %, Jin Jiang revient entre 12 % et 13 %, et 10,5 % pour les qatari et 5,8 % pour les Saoudiens, le reste étant en flottant.
Par ailleurs, AccorHotels, a lancé ces trois dernières années une accélération de la restructuration de son portefeuille d’actifs immobiliers via HotelInvest. Il a annoncé le 1er juillet avoir finalisé la cession de 85 de ses établissements en Europe, pour une valeur d’actif de 504 millions d’euros, à une structure détenue à 70 % par la société d’investissement Eurazeo et à 30 % par AccorHotels.
Outre la refonte de son offre restauration, le groupe a lancé dès l’automne 2014 sa transformation digitale, dotée d’une enveloppe de 225 millions d’euros sur cinq ans.
Le groupe a également pour objectif de renforcer ses marques
Dans le détail, AccorHotels totalise 393 hôtels et 84’720 chambres sur le segment luxe et haut de gamme dans le monde (Sofitel, MGallery by Sofitel, Pullman, The Sebel, Grand Mercure); 1 288 hôtels et 193’448 chambres sur le segment milieu de gamme (Adagio, Mercure, Novotel, Novotel Suites) et 2261 hôtels et 246’787 chambres sur le segment économique (Adagio access, ibis, hotelF1).