La Confédération des acteurs du tourisme (CAT) a demandé hier mercredi aux autorités d’œuvrer pour améliorer la desserte des aéroports de province, afin d’éviter pour Paris le phénomène de saturation touristique qui touche certaines villes comme Barcelone ou Venise.
La CAT, lancée en juin 2017, rassemble 14 organisations professionnelles et associations du tourisme – hôteliers, restaurateurs, voyagistes, transporteurs, métiers de l’événementiel ou activités génératrices de flux touristiques comme les croisières fluviales – qui représentent près de 400.000 salariés en France.
« Environ 80 % de la fréquentation touristique se porte sur 20 % du territoire » français, a résumé Jean-Luc Michaud, fondateur de l’Institut du tourisme (IFT), un des membres fondateurs de la CAT, lors d’une conférence de presse.
« On estime qu’en France, on n’est pas encore concernés par la problématique du sur-tourisme, mais on doit avoir une approche qualitative pour éviter une sur-densité« , et ne pas se focaliser « avant tout sur un objectif de volumétrie« , estime Jean-Virgile Crance, président du Groupement national des chaînes hôtelières, alors que le gouvernement vise les 100 millions de visiteurs étrangers d’ici à 2020, contre 87 millions l’an dernier.
« La France est dans une situation unique en Europe qui nous pénalise, avec une hypertrophie aérienne: les aéroports de Paris reçoivent un peu plus de 100 millions de touristes par an, et le deuxième aéroport, Nice, est très loin derrière avec 14 millions. Dans les autres pays c’est beaucoup plus équilibré » entre les principales villes, souligne Pierre-Louis Roucaries, de l’Union française des métiers de l’événement (Unimev).
Pour Roland Héguy, président de la principale organisation du secteur hôtelier (Umih), « le monopole d’Air France n’aide pas beaucoup. C’est long de faire bouger les choses » alors qu' »il faut agir dès maintenant, et répartir intelligemment le tourisme sur tout le territoire en repensant le transport« .
« Ce n’est pas un problème d’infrastructures aéroportuaires, mais un problème de droits de trafic, c’est vraiment un problème d’accorder ces droits à des compagnies qui sont quasi-systématiquement étrangères, de manière à ce qu’il y ait une desserte mieux répartie sur le territoire« , relève Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage (agences de voyage).
Pour lui, « le tourisme, c’est un problème d’aménagement du territoire, il faudrait un investissement gouvernemental pour répartir les touristes sur plusieurs zones territoriales. Même ceux qui veulent absolument aller à Paris peuvent arriver par d’autres aéroports« .
D’autant que ce sont « des investissements qui profitent également aux habitants« , relève Cyril Darbier, de la Fédération nationale des transports de Voyageurs (FNTV).