Le confinement a anesthésié notre profession, c’est un doux euphémisme ! Après l’agitation des premières semaines liée aux reports, s’en est suivie une longue période d’attente d’un frémissement qui n’est, in fine, jamais arrivé. La fin du confinement devait signer le début d’une reprise amplifiée par des annonces gouvernementales encourageantes. Mais l’Europe, si prompte à réagir à notre ordonnance apparemment trop « complaisante » n’a pu obtenir une position uniforme et lisible pour la réouverture des frontières de ses états membres, une catastrophe pour notre profession.
Quant au reste du Monde, les contraintes sanitaires d’arrivée dans les pays, toutes à géométrie variable, repoussent grand nombre de voyageurs. La résurgence du virus et les propos alarmants et ininterrompus des médias ont sonné le glas d’une timide reprise espérée.
A cette heure donc, et pour une période qu’aucun d’entre nous ne parvient à fixer dans le temps, nous nous retrouvons au fond du trou.
Nos clients, qui en très grande majorité, par manque de lisibilité d’ouverture des frontières, renoncent à partir ou craignent d’être reconfinés sur place et les producteurs qui peinent à s’engager durablement sur des axes aux frontières « mouvantes », comment pourrait on les blâmer ?
Quoiqu’il en soit, la réalité économique ne va pas tarder à faucher bon nombre de nos entreprises. Quand bien même le chômage partiel et le fonds de solidarité perdureront pour notre filière, le « reste à charge » de notre masse salariale estimée raisonnablement à 30% assorti d’une reprise du paiement des loyers et autres prêts divers à rembourser et sans que nous engrangions de chiffre d’affaire, va très vite rendre la situation intenable.
Lors de l’AG annuelle des EDV ce dernier mardi à Paris, Jean-Pierre MAS conseillait fortement aux adhérents de « sanctuariser » les acomptes clients en leur possession.
Combien d’agences de voyages en sont aujourd’hui réellement capables ? probablement bien moins que 50 %. Quand aux autres, elles puisent sur leurs réserves qui, par définition, ne seront pas inépuisables.
Combien de temps allons nous encore pouvoir tenir : 3 mois, 6 mois ?
La posture défensive consistant à demander encore plus d’interventionnisme de l’état ne peut être une solution durable et viable. Certes, ces aides nous sont aujourd’hui indispensables, vitales même, mais il nous faut « en même temps » adopter une posture offensive de telle sorte que l’aide de l’Etat combinée à un réveil de la profession puissent nous permettre d’envisager un avenir moins sombre.
Cette offensive aurait probablement du se déclencher plus tôt car la pandémie n’a fait qu’accélérer la fin d’un système, d’une époque.
Alors, comment faire pour agir plutôt que mourir ?
Partons d’un état des lieux de nos principaux atouts : des emplacements de premier ordre (en grande majorité), un sens aigu du Conseil et de la proximité clients, une réelle agilité.
Ces atouts, solidement chevillés au corps, sont depuis toujours mis au profit d’une seule activité : le tourisme. Pourquoi alors ne pas les élargir à d’autres activités commerciales ?
Le confinement a fait émerger de nouveaux modes de distribution comme des maraichers par exemple venus vendre leur production devant une boulangerie,….
Par ailleurs, le télétravail, en plein essor, a aussi montré les limites du travail au domicile. Sous louer une partie de son espace agence à d’autres professionnels ou à des télétravailleurs peut générer un complément de revenus sécurisé et pérenne.
Le savoir faire ET le savoir être du réseau des agents de voyage constituent une valeur incomparable qui, en période d’activité touristique quasi-nulle, pourrait être mise à profit d’autres branches d’activité.
Donner accès par exemple, pour une société de vente en ligne fortement dépendante des appels téléphoniques, à un réseau national d’experts du conseil et de l’écoute clients comme le sont les agents de voyage, peut s’avérer très pertinent. Un numéro d’appel national unique connecté à un automate téléphonique permet de dispatcher les appels sur un nombre illimité d’experts disséminés sur tout le territoire.
Le système est gagnant : pour l’entreprise, elle réduit ses charges de personnel et s’adjoint les services d’un réseau d’experts qu’elle ne paie qu’à l’intervention. Pour l’agent de voyages expert, il accède à un complément de revenu et peut gérer, à sa guise, le flux d’activité.
Naturellement, les sociétés prioritairement captives pour ce type de services pourraient être des compagnies aériennes, des centrales hôtelières , des loueurs de voitures, des parcs d’attractions, des sociétés de conciergerie…. mais pourquoi pas toute autre activité de services ?
Avec ces quelque 1500 adhérents disposant d’un maillage géographique exceptionnel en France, les ENTREPRISES du VOYAGE peuvent aisément créer l’interface entre les adhérents et les futures sociétés partenaires.
Que vous soyez agent de voyages, producteur ou éventuelle future société partenaire, n’hésitez pas à réagir à cet article en envoyant un message à La Quotidienne.
C’est, sans nul doute, la juxtaposition de différentes idées de ce type qui permettra à notre filière de se réinventer et peut être d’envisager un avenir plus radieux.
Je vous donne rendez-vous dans ces mêmes colonnes d’ici quelques jours pour suggérer d’autres pistes pour se réinventer ou réagir à vos propres idées ou suggestions.
Ensemble, passons à l’offensive !
JL Dufrenne