- LaQuotidienne.fr - https://www.laquotidienne.fr -

Agents voyages, nous étions jeunes et larges d’épaules

alea-jacta-est [1]Je fais partie d’une génération d’agent de voyages qui a eu beaucoup de chance.

Dans ces années post soixante-huitardes, les Agents voyages étaient peu nombreux. Les voyagistes quasi inexistants.

Être Agents voyages signifiait qu’il fallait organiser soi-même, les voyages de ses clients. Sans disposer de l’aide de la moindre technologie.

Des voyageurs aisés, qui découvraient les voyages à l’étranger. Leur confiance était totale. Pourtant les marges seraient considérées aujourd’hui comme étant indécentes. Ils étaient de simples acheteurs.

Nous avions la grisante impression de tout inventer au quotidien. La seule vertu cardinale que nous avions était la fortitude, la force d’âme qui peut se résumer ainsi. Une «constance dans la poursuite du bien, affermissant la résolution de résister aux tentations et de surmonter les obstacles. »

Une époque qui aujourd’hui semble bénie. Tout était possible. Nous étions sans doute un peu inconscients. La période était particulièrement faste.

Puis est arrivé l’inévitable cataclysme l’avènement de : « l’industrialisation du process» !

Pour faire simple, la montée en puissance du «mass market». Les voyageurs, certes beaucoup plus nombreux sont devenus des consommateurs. End of game.

Je n’ai jamais eu le B.T.S. J’avais une bonne excuse, il n’existait pas lors de mon entrée dans la profession d’Agents voyages. Je dois dire qu’aujourd’hui ce n’est pas une frustration. Presque une fierté. Surtout lorsque je découvre les résultats 2014 de cet examen.

91,5 % des étudiants présentés ont été admis. Une augmentation de 5 % par rapport à l’année précédente. Ce qui à ce niveau, ne veut quasiment plus rien dire. Si ce n’est que cet examen est totalement banalisé.

L’originalité serait plutôt de l’avoir raté. Que ne feront pas nos gouvernants pour retarder le plus possible l’arrivée des jeunes dans la vie active ?

Combien deviendront un jour agent de voyages ? Sans doute fort peu, une petite minorité. Ce n’est pas le contexte économique actuel qui les aidera à réaliser facilement cette ambition.

Seuls les meilleurs, les plus pugnaces auront une petite chance de s’intégrer. Le retour de la sélection naturelle chère à Darwin. Je vous l’ai dit notre génération a eu beaucoup de chance. Mais il n’y a pas de quoi pavoiser.

Je suis même triste de voir l’évolution actuelle de la profession. A moins que ce ne soit son absence d’évolution.

Tout est devenu si complexe de nos jours. Il parait que c’est être réactionnaire. Alors, je l’assume.

L’idéal serait de tout réinventer. Les clients l’ont déjà fait en partie. Le problème c’est sont arrivés à se passer des services de la profession.

La faute à qui ? A l’intermédiation. Et il faudra bien arriver à en parler tôt ou tard…

Votre dévoué,

Lucius Maximus
Sénateur indépendant