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Air France sauvera-t-elle Aigle Azur?

Depuis vendredi soir et l’arrêt brutal de tous ses vols, Aigle Azur a laissé sur le carreau des centaines de passagers sans aucune solution de remplacement. Seuls ceux ayant acheté en agence de voyages un forfait touristique (billet d’avion et prestation terrestre complémentaire) seront pris en charge par leur agence de voyages.

Pour tous ceux qui ont acheté un vol sec, même en agence de voyage, la seule option est d’acheter un nouveau billet sur une autre compagnie, en priant le ciel de trouver un vol disponible dans un délai rapide. Il leur faudra aussi faire une déclaration de créance auprès de l’administrateur judiciaire même si leurs chances d’être remboursés sont quasi nulles, car l’État et ses administrations, le fisc et l’URSSAF en particulier, se servent toujours les premiers.

Pour faire face aux problèmes de ces milliers de passagers laissés pour compte, plusieurs compagnies dont Air France et Vueling, ont aussitôt annoncé des tarifs réduits pour les passagers d’Aigle Azur. Air France a prévu d’augmenter la fréquence de ses rotations vers l’Algérie et aussi d’utiliser des appareils de plus grandes capacités pour l’Algérie et le Mali.

Quant à l’avenir d’ Aigle Azur, la réalité a rattrapé à grande vitesse la compagnie après les mensonges à répétition de ses dirigeants et les rocambolesques et dramatiques péripéties de ses derniers jours. Les soi-disant 20 millions d’euros censés permettre le maintien de l’activité n’étaient qu’un voile de fumée. Il n’y avait pas de trésor de guerre.

Du côté de la CFDT, le syndicat majoritaire chez Aigle Azur, l’espoir vient d’Air France. L’administratrice judiciaire d’Aigle Azur aurait reçu, d’après Raphaël Caccia (secrétaire général Transport Aérien de la CFDT) une lettre d’intention d’Air France qui étudierait les termes d’une possible offre de reprise. Le Ministre de l’Économie, Bruno Lemaire, a évoqué une offre de reprise principale et deux offres sérieuses (RTL).
Syndicats et personnel s’accrochent à cette idée d’une arrivée salvatrice d’Air France.

Évidemment pour cette dernière, il semble certain que mettre les mains sur les lignes « moyen-courrier » d’Aigle Azur c’est s’emparer d’une grande partie des 10.000 slots que possède Aigle Azur sur Orly. Avec les lignes vers l’Algérie en particulier, Air France pourrait faire une bonne affaire et dans ce cas, l’intégration des pilotes d’Aigle Azur et des avions au sein de sa filiale Transavia ferait coup double en assurant un fort beau développement de cette dernière.

Mais il est à craindre qu’une bonne part du personnel au sol d’Aigle Azur ne fasse pas partie de l’offre. A priori les deux appareils long-courrier (deux A330) devraient eux aussi être exclus de la proposition d’Air France. Par contre il se pourrait que le groupe aéronautique Dubreuil qui possède French Bee et Air Caraïbes, puisse se positionner sur ces deux appareils et les slots à Orly qui vont avec, lui offrant ainsi une rare possibilité de développement de ses deux filiales, car le nombre des slots sur Orly est totalement bloqué.

D’autres prétendants pourraient se manifester, mais pour des reprises partielles, comme Vueling très intéressée par les lignes vers le Portugal, car Vueling à la veille de la faillite d’Aigle Azur était sur le point d’en finaliser l’achat. Il se dit que AIG (British Airways, Iberia) regarderait le dossier. EasyJet pourrait formuler une offre sur certaines lignes, ce qui ne manquerait pas de sens pour une compagnie low cost, toujours à la recherche de lignes à fortes capacités.

En attendant, les appareils d’Aigle Azur sont peu à peu regroupés sur l’aéroport de Châteauroux dans l’Indre en attendant d’être fixés sur leur sort, soit rejoindre un repreneur soit repartir vers les sociétés de leasing qui en sont les vrais propriétaires.

C’est hier 9 septembre que les offres ont été transmises auprès de l’administratrice judiciaire qui devra ensuite les présenter aux représentants du personnel. Ce dossier est en tout cas suivi de très près par le gouvernement pour qui la disparition de la 2 ème compagnie aérienne française n’est vraiment pas un bon signal.

C’est Jean-Baptiste Djebbari (photo) tout juste nommé Secrétaire d’État au Transport, qui est en charge de ce dossier qui est un vrai désastre économique et humain. Aigle Azur c’était 300 millions de chiffre d’affaire, près de 2 millions de passagers par an et 1.150 emplois, 800 en France et 350 en Algérie.

Jean-Baptiste Djebbari qui est un ancien pilote de ligne, connait bien les méandres du monde de l’aérien et pourrait être un interlocuteur hautement qualifié pour tous les protagonistes de cette triste affaire.

Frédéric de Poligny