Le conseil d’administration d’Air France-KLM a tranché hier jeudi en faveur d’un plan de restructuration d’Air France qui pourrait s’avérer douloureux sur le plan social pour la compagnie en perte de compétitivité face à ses concurrents.
Cette décision signe l’arrêt de mort du plan de productivité et de croissance « Perform 2020 » dont l’un des leviers consistait à augmenter le temps de vol annuel des personnels navigants à rémunération constante. Une mesure qui a rencontré une vive opposition des syndicats de pilotes.
« Face à l’impossibilité de signer des accords permettant au sein d’Air France la mise en oeuvre de mesures de productivité conduisant à un retour à la profitabilité pérenne, les administrateurs considèrent indispensable de mettre en place un plan alternatif« , a indiqué la direction dans un communiqué.
Les administrateurs ont voté « à l’unanimité », y compris les représentants du principal syndicat de pilotes SNPL et de l’Etat, en faveur de ce plan, selon la direction.
La direction d’Air France avait annoncé mercredi « l’échec des négociations » avec les syndicats représentatifs de ses pilotes sur son plan de développement Perform ouvrant la voie à la mise en oeuvre d’un « plan B ».
Ce plan alternatif dont la direction agitait la menace depuis plusieurs semaines prévoit une réduction de 10% de l’offre long courrier, de nombreux départs contraints et le report des commandes de Boeing 787, un avion de dernière génération très prisé par les pilotes.
Pour Julien Duboz, porte-parole du SPAF (21 % voix pilotes), la décision du conseil d’administration est « sans surprise ».
Réduire l’activité au sein d’Air France « serait une grave erreur de management dans un secteur en croissance. Ce serait catastrophique, suicidaire », a-t-il ajouté.
Les syndicats sont dans l’attente de précisions sur le contenu du « plan B » dont les contours devraient être précisés en comité central d’entreprise lundi.
Air France a entamé sans succès de difficiles négociations avec les syndicats afin de les convaincre de la nécessité de réduire une nouvelle fois les coûts du personnel.
« Perform 2020 » devait prendre le relais du plan de restructuration « Transform 2015 » qui a conduit à supprimer 5.500 emplois sans départs contraints. Il s’est traduit également par des gels de salaires et des pertes de jours de repos.
Face à une concurrence de plus en plus vive des low-cost, de Lufthansa et de British Airways-Iberia (IAG) en Europe, et du Golfe sur le long courrier, le groupe Air France (la compagnie et ses filiales) s’est fixé pour objectif une économie d’1,13 milliard d’euros d’ici 2017.
Ces gains doivent permettre de réinvestir dans la croissance et réduire l’écart accumulé.
Selon une étude d’APDC -une association regroupant 34 compagnies aériennes- en long-courrier, il y a « 25% d’écart de coût de l’heure de vol entre Air France et la concurrence ».
Le principal chantier de la direction porte sur les lignes long courrier actuellement déficitaires pour moitié. L’entreprise vise 80% de lignes rentables en 2017.
Sur le volet social, la mise en oeuvre du « plan B » pourrait représenter, selon les syndicats, entre 3.000 et 8.000 emplois, avec des départs contraints pour la première fois dans l’histoire l’ex-compagnie nationale dont l’Etat détient toujours 17,6%.