Airbus, Bombardier et Boeing, un psychodrame ou un vaudeville ?


Personnellement, je pencherai plutôt pour un vaudeville d’Eugène Labiche : « la peine du Talion » qui me semble être le meilleur exemple possible. En fait, l’unique drame-vaudeville de son répertoire. Le rôle de l’amant au grand cœur et opportuniste étant tenu par Airbus. Celui de la jeune fille un peu naïve et en grand péril par Bombardier et le mari jaloux et bafoué serait dévolu à Boeing. Avec en guest-star, dans le rôle de l’imprécateur, Donald Trump himself.

Disons-le tout net, Il y a dix ans, en créant le programme Cseries, l’ambition de Bombardier n’était pas de le donner gratuitement clé en main à Airbus presque une décennie plus tard.

Avant d’en arriver là, l’avionneur européen a bénéficié de toute une série d’erreurs stratégiques des constructeurs nord-américains. La preuve que la loi de Murphy a toujours de beaux jours devant elle.

Bombardier a eu « plus gros yeux que grand ventre » La société familiale de Dorval à présumée de ses possibilités financières et commerciales.

Mais en 2009, elle avait surtout pariée sur l’abandon par les grands constructeurs des gammes d’appareils d’une capacité inférieure à 150 places. Une prise de risque osée qui est devenue à son terme une erreur stratégique majeure.

Mais, c’est Boeing a fait la plus grosse erreur lorsqu’il a manipulé Delta Airlines pour initier un différend sur fond d’antidumping contre Bombardier.

La déclaration publique de Bombardier affirmant avoir perdu de l’argent sur la vente de 75 CS 100 à Delta a poussé Boeing à penser qu’ils n’avaient plus d’autre choix que d’agir. Un enchaînement pernicieux et fatal.

Pour Bombardier, qui avait été préalablement fiscalement étrillé par l’administration américaine, pour l’empêche de s’implanter sur le marché américain, c’était la goutte qui faisait déborder le vase.

Etre pénalisé de 300% sur le prix de vente des Cseries, Boeing voulait achever un concurrent relativement inoffensif.
Résultat : il n’a fait que le pousser dans les bras de son compétiteur le plus féroce. Mal vu donc. Surtout lorsque l’on a perdu son hégémonie sur un marche mondial ultra-compétitif. Un pêché d’orgueil donc.

Donald Trump, lui, devrait gagner à tous les coups. Son administration a dans un premier servie de bras armé pour tenter de détruire Bombardier au motif de l’un se ses cheval de bataille : le protectionnisme.

Lorsqu’ Airbus s’est érigé en protecteur de Bombardier et a eu la subtilité d’annoncer la création d’une usine de montage des Cseries en Alabama qui donnerait du travail aux américains. La décision astucieuse d’un deus ex machina bloquait Donald Trump tout en lui offrant sur un plateau la possibilité de changer de destrier en cours de bataille et d’entonner la trompette l’hymne de la défense de l’emploi made in USA.

Le nationalisme, un autre axe important de son programme politique. Qui à l’avantage de plaire à son électorat populaire.

L’art du politique de retomber sur ses pieds. Boeing devenait de facto, le « dindon de la farce. » Encore et toujours du théâtre populaire.

En forçant Bombardier à entrer dans une crise difficile Boeing à jeté l’avionneur canadien dans les bras d’Airbus. La seule solution envisageable pour sortir de la crise. Une version moderne de « l’arroseur arrosé. »

En s’interrogeant sur le principe « d’être ou avoir été », Boeing devrait chercher à repositionner sa stratégie commerciale et se concentrer sur le développement de meilleurs produits. Plutôt que de se draper dans sa dignité perdue et batailler dans le seul but de nuire à ses compétiteurs. Cela pourrait le pousser à se rapprocher d’Embraer pour lutter à armes égales.

François Teyssier





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