Aprés Novak, Constantin pour booster le tourisme serbe
24 mai 2013 Rédaction Aucun commentaire Pays Belgrade, Constantin le grand, Gordana Plamenac, Jat Airways, Nis, Novack Djokovic, Serbie 6113 vues
Pour les Serbes, cette fin de mois de mai est importante à plus d’un titre. Elle correspond à l’ouverture du Tournoi de Roland Garros à Paris, et à l’anniversaire – ce mercredi 22- d’un dénommé Novak (Djokovic pour l’état civil), leur idole sportive…
De là à penser qu’il n’y a que le tennis en Serbie, il y a un pas. Un certain Constantin refuse, lui, de le franchir et vient même en ce week-end de Pentecôte de contester très officiellement la suprématie du dieu de la balle jaune.
C’est un fait, ce Constantin là n’est pas de première jeunesse puisqu’il est né le 27 février 272 à Naissus, aujourd’hui la petite ville de Nis au sud est du pays.
De son vrai nom Flavius Valerius Aurelius Constantinus Augustus; il demeure gravé à jamais dans les livres d’histoire comme Constantin 1er le Grand.
L’empereur à qui Dieu se serait adressé en personne.
Un héritage romain unique, et un gage pour l’Union européenne
Constantin ne fut pas d’ailleurs le seul empereur romain a voir le jour et à vivre en territoire serbe, puisque l’on n’en a dénombré pas moins de 16… mais il fut le premier à se convertir au christianisme et à renoncer à la politique de persécution de ses prédécesseurs. Il prit même le parti de s’appuyer sur la nouvelle religion pour consolider l’unité de l’empire. Et le 13 juin 313, de concert avec son homologue d’Orient, Licinius, c’est lui qui publia à Milan un édit de tolérance qui lui rallia les chrétiens.
L’Édit de Milan reste à jamais pour le culte chrétien un soutien fort et un moment crucial pour son développement.
Quelques années plus tard (280), la religion chrétienne devenait religion officielle de l’ Empire sous le règne de l’empereur Théodose le Grand.
313 à 2013, la commémoration de l’anniversaire de l’Édit de Milan et des 1 700 ans du christianisme en Europe va ainsi donner lieu tout au long de l’année à des manifestations à Rome, Jérusalem, Istanbul et Trèves, des villes liées à la vie de Constantin.
Les autorités serbes ont légitimement tenu à s’associer à ces commémorations en rappelant que Nis reste tout de même la ville natale de l’empereur.
Mais au delà, les dirigeants serbes et le premier d’entre eux, le président Tomislav Nikolic, cherchent visiblement à sensibiliser les étrangers sur la richesse de l’héritage romain en Serbie et sur son influence dans l’élaboration de la civilisation européenne.
Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, l’intention en filigrane vise à renforcer le rôle de la Serbie sur les cartes économiques, culturelles et touristiques.
Mais aussi politiques.
Il s’en trouve même pour penser que tout le spectaculaire programme de commémoration de cette année spéciale « Édit de Milan en Serbie » -avec le point d’orgue de ce week-end sur le site archéologique de Viminacium-, se voulait comme un petit message. Un message adressé à l’attention des chefs d’État et de gouvernement européens qui pourraient décider lors d’un sommet fin juin d’accorder une date pour l’ouverture des négociations d’adhésion de la Serbie à l’UE.
La déclaration du président Serbe (diffusée le 7 mai par la télévision nationale bosnienne) dans laquelle il déclare s’agenouiller et demander pardon pour le crime commis à Srebrenica, comme la normalisation des relation avec le Kosovo sont bien de nature aussi à relancer dialogue et coopération.
Séduire un marché français dans l’attente
Tout cela suffira t’il à attirer plus de touristes français en Serbie et à gommer l’image négative et la mauvaise réputation que ce pays a longtemps eu en France ? Force est de constater que même s’il reste bas en termes de chiffres (20 212 visiteurs en 2012, soit +11 %), le marché français demeure en progression depuis cinq ans.
Il s’agit essentiellement d’un tourisme individuel, malgré les louables efforts d’une dizaine de TO qui proposent, quelquefois avec l’aide de réceptifs serbes compétents, des packages pour le moins intéressants.
On constate d’autre part une belle progression de la clientèle jeune et festive attirée par la nouvelle aura de Belgrade, désormais surnommée la Barcelone de l’Est.
Mais pour tous, le séjour effectué, city-break ou traversée du pays, se traduit par un petit nombre de nuitées, la durée moyenne des séjours étant de 2,3 nuits ! (45 698 en 2012).
Pour Gordana Plamenac, l’emblématique Directrice Générale de l’Office National du Tourisme de Serbie, la situation ne pourra aller qu’en s’améliorant car son pays recèle d’atouts de nature à plaire aux Français.
« Nos sites culturels, nos traditions séculaires, notre gastronomie sans oublier de nombreux évènements et festivals tout au long de l’année: il y a chez nous tout ce qui attire vos compatriotes lorsqu’ils choisissent leur destination de vacances » nous a t’elle confié.
Selon elle, la desserte aérienne est maintenant adapté, un point que nous serions en mesure de contester tant notre expérience de vols avec la Jat Airways, la Cie nationale serbe, s’est révélée catastrophique.
Retards récurrents, manque d’informations, service digne d’un bas… low-cost… la privatisation annoncée de la Jat ne sera pas un luxe !
Côté hébergements, de nombreux établissements hôteliers de bon standing et bien entretenus ont vu le jour. Y compris dans des petites villes comme Nis ou Kladovo, dans la région du sud est que nous avons été amenés à visiter sur les traces de … Constantin.
Enfin, Mme Plamenac a confirmé que la Serbie allait poursuivre et développer ses efforts en matière de communication et de promotion du tourisme en France. Une nouvelle responsable pour les marchés France et Bénélux vient d’être nommée -Darja Butigan- et un Bureau de Tourisme sera prochainement ouvert au Centre Culturel Serbe. Son action prolongera celle de l’Agence RévolutionR chargée Presse et RP.
Et puis, en terme d’image et de publicité, il reste encore les exploits de Novak sur les courts en terre battue de Roland Garros.
Bon, c’est un fait, il n’y a pas que le tennis. Mais en Serbie, une chose est sûre: il y a plus de petits Novak dans les cours d’écoles que de petits Constantin…
Jean BEVERAGGI
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