Ce qu’il y a de bien avec l’information, c’est qu’elle ménage des surprises ou des paradoxes qui passe souvent inaperçus. Là, quand même, ce serait difficile de ne pas mettre le doigt dessus. Crise économique et sociale, grèves, attentats… tout le monde pressent, subodore et diagnostique des conséquences lourdes. Comme pour le Brexit et sa catastrophe imminente…
Et pourtant, comme les Anglais, les agents de voyages doivent avoir le cuir plus dur qu’on ne le croit ! C’est du moins ce qui ressort du 1 er point presse de l’APST (l’Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme) sous la Présidence d’Alix Philippon (photo).
Au terme du 1 er semestre 2016, que constate-t- on ?
Le nombre d’adhérents augmente encore : près de 250 nouvelles membres pour un total de 3465 ; le montant global des sinistres est de 0,95 M € contre 2,56 M l’an dernier à la même période.
Quant aux passagers « aidés », ils sont 1659 contre 11 072 l’année précédente ; et si le nombre de dossiers est plus importants, 656 contre 568, c’est qu’il y a eu beaucoup plus de petits dossiers, autrement dit un peu plus de travail administratif pour les permanents.
Rien que ces chiffres peuvent surprendre quand on s’attend à un pire qui heureusement n’est jamais sûr.
Pour Alix Philipon, visiblement, c’est tant mieux, mais il n’est pas question d’en faire un fromage. C’est juste la « vérité du chiffre ».
Ce qui l’intéresse davantage, ce sont les progrès accomplis dans le sens du plan « Ensemble vers 2020 » qu’elle a présenté peu de temps après son élection.
De ce point de vue-là, les choses avancent pas mal, semble-t- il.
Les cotisations engrangées au 1 er semestre atteignent les 13,3 M € ; ça, c’est pour la « consolidation « liquide » du fond de garantie ».
Ensuite les ateliers, par exemple, ont enfin leurs responsables, et le travail a commencé, notamment sur la rénovation du site avec l’atelier internet dont Richard Soubielle est l’animateur.
De plus, pour enrichir la vie des adhérents et susciter davantage leur engagement au sein de l’association, le groupe qui va superviser et synthétiser les travaux rassemble 18 élus, 14 adhérents non élus et 6 permanents ; de quoi trouver un équilibre entre le terrain et les arcanes de l’institution.
Autre exemple, la volonté d’améliorer la communication interne et l’information vers les adhérents : l’APST vient effectivement de sortir sa nouvelle newsletter et sa 1 ère « note technique ».
Ce qui intéresse aussi beaucoup la Présidente, c’est la nature des nouveaux adhérents. Certes 84 % d’entre eux environ sont des agents de voyages, il n’empêche que les catégories qui grimpent le plus sur les 6 premiers mois de l’année, ce sont les organismes locaux de tourisme, les hébergeurs et les opérateurs de loisirs ou encore les associations de tourisme.
Ensemble, ces profils professionnels représentent désormais un petit peu plus de 16 % des adhérents.
C’est encore modeste, certes ; en revanche, si l’on se réfère au fichier d’Atout France, c’est dans ce vivier-là que l’APST a le plus gros potentiel d’impétrants ; on parle ainsi de 1 500 entités, des associations, des sociétés ou d’autres type de prestataires touristiques …
Enfin, dans le cadre de la transcription française de la directive européenne sur les normes prudentielles applicables au tourisme, ce qui intéresse au plus haut point la Présidente, c’est l’attractivité de l’APST.
A cet égard, parmi les nouveaux adhérents, certains sont des « revenants », TO ou agences ; ça n’a rien encore de spectaculaires, d’autant plus que, dans le même temps, 39 adhérents ont quitté l’APST pour un autre garant.
Mais ça vaut certainement le coup de suivre ce jeu de chaises musicales pour apprécier au mieux la réelle compétitivité de l’offre de l’APST.
Enfin, ce qui doit moins réjouir Alix Philipon, c’est la forte proportion des cessations d’activités parmi les radiations du 1 er semestre 2016.
Elles représentent en gros la moitié des radiations, 74 sur 142 ! Et, pour Emmanuel Toromanoff, le secrétaire général de l’APST, ce chiffre demande des explications, au moins sur les conditions dans lesquelles peut se dérouler aujourd’hui la transmission des entreprises.
Voilà du travail pour un atelier…
Alors, bien sûr, l’année n’est pas finie, même si le second trimestre s’annonce plutôt rassurant.
Et si l’on vise bien les 3500 adhérents pour la fin de l’année 2016, on se refuse toutefois à crier victoire trop vite.
Ça tombe bien, la prudence est mère de toutes les vertus.
Bertrand Figuier