Mecque du tourisme en Espagne, Barcelone retient son souffle et espère que l’attentat sanglant qui l’a frappée en plein centre n’affectera pas ce secteur clé de son économie qui jusqu’à présent tient le coup.
Ouf la reprise est là. Difficile cette semaine de trouver une chambre à Barcelone si ce n’est à un prix exorbitant, dans la deuxième ville d’Espagne.
Le puissant secteur touristique voit ce rendez-vous comme un test après les attentats jihadistes qui ont fait 15 morts et
plus de 120 blessés à Barcelone et Cambrils, station balnéaire à 120 kilomètres plus au sud.
[1]Le double attentat, revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique, s’est produit en pleine haute saison dans deux sites touristiques: les Ramblas et la station balnéaire de Cambrils sur la « Costa Dorada ».
« Barcelone reviendra. Peut-être pas au niveau d’avant, parce que nous étions dans une année record, battant chaque mois les records des années précédentes, mais ce ne sera pas aussi dramatique que ces jours-ci. » explique t-on à l’hôtel de ville
Un impact somme toute limité
Barcelone, qui avec plus de 400 hôtels tire 12 à 14 % de ses revenus du tourisme, a accueilli en 2016 près de 30 millions de visiteurs.
Tant et si bien qu’avant les attentats, la municipalité réfléchissait à comment endiguer le flot de touristes, tandis que des citoyens manifestaient, parfois violemment, contre ce qu’ils considéraient comme une « invasion« .
Les professionnels, qui se sont réunis en urgence avec la maire Ada Colau, affirment avoir besoin de temps pour analyser l’impact des attaques, mais pour l’instant, il semble limité.
[2]À l’hôtel Rialto, à une centaine de mètres de là où Younes Abouyaacoub a laissé sa camionnette avec laquelle il a tué 13 personnes, on n’a enregistré que cinq annulations sur 80 entrées prévues.
« C’est pratiquement inchangé. Il y a eu très peu d’annulations, surtout de gens qui venaient passer une seule nuit. Les séjours longs ont été maintenus« , a assuré le chef de réception, Vicente Rodriguez.
En bord de mer, l’hôtel W à l’emblématique forme de voile, a bien enregistré quelques annulations, mais elles « se sont stabilisées ces dernières heures », indique son directeur général, Stijn Oyen, sans donner de chiffres.
L’Union espagnole d’agences de voyage n’a pas non plus remarqué d’annulations. « Ce qu’il peut se passer, c’est que des gens qui avaient prévu d’aller bientôt à Barcelone attendent un peu« , assure son vice-président José Luis Méndez.
« C’est arrivé à Paris, à Londres, à Berlin, à Bruxelles, à Nice… ma conclusion est triste, mais c’est qu’on s’habitue à ce genre d’événements« , dit-il.
Sur les Ramblas, de nouveau grouillantes de touristes et de locaux, Falko Wieclemann, un professeur allemand de 49 ans, contemple avec son épouse et sa fille les fleurs, bougies et messages en mémoire des victimes.
« Nous nous sentons en sécurité. C’est un acte isolé. Nous venons de Berlin, là-bas il s’est passé la même chose, et la vie doit continuer« .