La plupart des observateurs l’avait annoncé, l’accord proposé par Air France à ses pilotes pour accroître leur productivité est caduc depuis hier lundi, ouvrant la voie à des mesures imposées par la direction, au risque de raviver un conflit social persistant.
Le projet d’accord « Perform 2020 » soumis aux pilotes il y a trois semaines etait en principe ouvert à la signature jusqu’à hier, mais le syndicat majoritaire, le SNPL, a d’ores et déjà décidé de le rejeter.
La direction proposait de baisser la rémunération à l’heure de vol, compensée par une augmentation du temps de travail, pour « coller à la saisonnalité » de l’activité d’Air France.
La compagnie offrait en outre d’augmenter les effectifs de ses pilotes à « plus de 3.900 pilotes à fin 2020« , contre près de 3.700 anticipés mi-2016.
« Inacceptable » pour le SNPL, qui a refusé « des sacrifices importants en échange de promesses sur l’emploi et la croissance« .
Cet échec annoncé offre désormais un argument à Air France pour appliquer seul d’autres mesures de productivité, approuvées par les pilotes dans le cadre du précédent accord « Transform 2015 » mais pas toutes appliquées en raison d’un litige entre la direction et le SNPL.
Le tribunal de Bobigny puis la cour d’appel de Paris avaient tranché en faveur de la direction, qui avait choisi d’attendre l’issue des négociations sur « Perform 2020 ».
L’attitude de la direction envers les pilotes sera déterminante dans les négociations sur « Perform 2020 » avec les personnels au sol et les navigants (hôtesses et stewards), qui ont, eux, accompli toute leur part de « Transform 2015 ».
Mais la mise en oeuvre unilatérale des dernières mesures du plan de restructuration serait « une politique de la terre brûlée« , a déclaré à l’AFP un responsable du SNPL, selon qui ce choix entraînerait assurément des recours devant les prud’hommes de la part des pilotes.
Une grève ne serait pas exclue, puisque le syndicat a récemment voté une motion « pour s’opposer par tous moyens, y compris la grève, à toute modification unilatérale par la direction des conditions de travail ou de rémunération des pilotes, ou de non respect du périmètre actuel« .
Un avertissement sans détour au patron de la maison-mère Air France-KLM, Alexandre de Juniac, qui quittera ses fonctions fin juillet, après un mandat de trois ans marqué par une grève des pilotes de deux semaines en septembre 2014, la plus longue de l’histoire de la compagnie.
Un vaste chantier également pour le nouveau patron, Jean-Marc Janaillac, tout juste nommé.