Brexit, l’imbroglio impossible côté tourisme


Deal or No Deal, accord ou pas d’accord, nul ne sait comment Theresa May, la Première Ministre britannique, va pouvoir se sortir de ce choix cornélien devant un parlement où chacun joue une partition politique bien souvent inspirée par des motivations personnelles. Mais le plus grave est qu’il semblerait que pendant les presque deux années qui ont suivies la mise en application de l’article 50, le gouvernement et les politiques britanniques de tous bords, notamment en matière de tourisme, n’aient pas vraiment pris la mesure de ce qui attendait le Royaume Uni.

Déjà il y a peu, en découvrant que le simple fait de faire simplement tamponner les déclarations douanières pour chaque camion en transit de ou vers l’Europe allait entrainer des embouteillages monstres et surtout des retards extrêmement préjudiciables à l’industrie britannique, le Ministère des Transports a signé des accords sans appel d’offre avec deux compagnies de ferries européennes pour augmenter les lignes de fret trans-Manche.

La difficile situation politique actuelle

Depuis peu quelques mois le gouvernement de Theresa May (photo ci-contre), demande fermement aux industriels britanniques de constituer des stocks pour faire face à un risque de pénurie dans les premières semaines du Brexit.

Cela concerne les médicaments, les pièces détachées et tout le reste. Le week-end dernier ce fut au tour de l’importateur des glaces « Magnum » d’annoncer dans la presse qu’il avait fait des stocks pour tenir jusqu’à l’été. Cela pourrait faire sourire mais la situation n’est pas si simple.

En fait, fin novembre dernier Theresa May est parvenu à un accord de principe avec l’Union Européenne, qui incluait aussi l’arbitrage financier de près de 40 milliards d’euros soldes des obligations dues par le Royaume Uni à l’Union Européenne, mais qui proposait de garder une période de transition jusqu’au 31 décembre 2020 durant laquelle, le droit européen continuerait à s’appliquer au Royaume Uni sans que celui-ci puisse interférer dans les processus, mais en contre-partie il pourrait bénéficier en totalité de l’accès au marché européen durant toute cette période.

Et d’ici au 1er janvier 2021, des milliers accords définitifs devaient avoir été signés pour donner un cadre législatif aux liens de toute sorte qui relient l’Europe et le Royaume Uni.

Mais ce projet d’accord suscite une large hostilité du Parlement Britannique et Theresa May espère l’amender un peu auprès des autorités européennes qui de leur côté refusent toute renégociation importante de dernière minute.

Le scénario noir d’un Brexit sans accord devient de plus en plus plausible. Cela reviendrait à stopper instantanément tous les liens légaux au soir du 29 mars prochain. Et la liste est interminable! Alors faisant preuve de pragmatisme, Theresa May a commencé à annoncer que même sans accord validé, elle a négocié avec l’Union Européenne des positions réalistes pour éviter un arrêt brutal des relations communes.

Des bonnes nouvelles malgré tout

Voici les principaux points pour les quels la Commission Européenne a donné son accord mais qui ne seront valables que jusqu’au 31 décembre 2020. Dans cette courte période tous les cas les vols commerciaux continueront à être assurés par les compagnies aériennes actuellement homologuées.

Le même principe de réciprocité s’appliquera pour les voyageurs européens visitant le Royaume Uni pour des séjours de moins de 3 mois (carte d’identité ou passeport et pas de visa). Donc les voyageurs pourront continuer à traverser la Manche pour leurs vacances.

Mais sans avalisation de l’accord de nombreux points risquent d’être largement modifiés. Les droits des passagers sont toujours ceux au jour même de leur voyage. Les droits des passagers d’un vol au départ de l’Union sont inchangés quelque soit la compagnie, mais si le retour se fait sur une compagnie britannique, alors là c’est seulement le droit britannique qui s’appliquera…

Quelques incertitudes également

Que va-t-il se passait pour les cartes de sécurité sociale européenne, faut-il souscrire une assurance voyage comme avec un grand nombre de pays-tiers ? Et lors d’utilisation de son téléphone portable au Royaume Uni, va-t-on voir revenir les frais de roaming qui coûtaient une fortune à chacun avant que l’Europe ne les supprime?
Et quid des frais bancaires de transfert d’argent, car les virements SEPA actuellement gratuits ne seront plus valables.

Le plus important c’est que accord ou pas, l’horloge tourne et même avec la meilleure ouverture d’esprit des deux côtés et le plus grand pragmatisme, il va falloir après le 29 mars prochain mettre les bouchées doubles sur ces millions d’accords définitifs à trouver avant le 31 décembre 2020.

Mais une destination toujours attractive

En attendant, le Royaume Uni reste une destination qui accueille à bras ouverts les touristes européens, et avec la situation actuelle qui a fait bien baisser le niveau de la livre sterling, c’est une destination particulièrement attractive.

Et il faut savoir que même le plus fervent supporter du Brexit n’a aucune animosité envers les touristes européens.

Leur opposition n’est tournée que vers des supposées main-mises sur l’indépendance économique de leur pays.

De s’être longuement promenés le week-end dernier à Londres, nous avons pu constater de visu que le tourisme s’y porte comme un charme, que l’ambiance y est toujours aussi chaleureuse et n’oubliez-pas que le français reste la langue étrangère que l’on entend le plus dans les rues londoniennes.

Frédéric de Poligny





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