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Brexit : un Jack-pot de 52 millions d’euros pour Brittany Ferries

Brittany Ferries, la compagnie de ferries française (et bretonne) trans-Manche pouvait à juste titre éprouver quelques inquiétudes avec l’arrivée fort probable d’un Brexit sans accord, le « Hard Brexit » aussi appelé « Brexit no deal », qui risque d’enclencher un vrai cataclysme dans les ports Britanniques dès le 29 mars prochain.

En effet, dès le 29 mars 2019 à 23h (heure anglaise), minuit (heure française), le Royaume Uni devrait sortir officiellement de l’Union Européenne, et sans la signature d’un accord qui lui offrirait une période de transition de deux ans, il deviendrait ipso facto, un Etat tiers, l’égal d’une simple république bananière comme on disait autrefois !

Le rétablissement des barrières douanières, simplement pour les ports du Royaume Uni, va entrainer des délais d’attente monstrueux avec d’impressionnants bouchons.

Déjà pour le tunnel sous la Manche, le gouvernement Britannique lui-même parle de bouchons de 15 à 50 km de long pour accéder aux services des douanes avant l’embarquement dans les navettes d’Eurotunnel. Aussi envisage-t-il d’utiliser une partie de l’accès autoroutier au tunnel à Douvres comme parking d’attente pour les poids lourds, et de mettre à double sens les voies de sortie.

Car non seulement les contrôles douaniers des poids lourds sont administrativement longs et fastidieux, mais nos amis Britanniques viennent de remarquer qu’il va leur manquer plusieurs milliers de douaniers, ce qui ne vas pas accélérer les opérations.

Le gouvernement de Theresa May réalisant que l’économie du Royaume Uni dépend beaucoup de cette Europe qu’ils veulent quitter, mais qui est à la fois son premier fournisseur et son plus gros client, commence seulement à mesurer l’impact qu’aurait un simple ralentissement du trafic trans-Manche. Aucune étude officielle et sérieuse n’a été effectuée à ce jour dans ce domaine vital et hautement stratégique.

Ce week-end La BBC a annoncé que pour essayer de faire face à ce danger immédiat, le Ministère des Transports britannique venait de signer un méga-contrat de 109 millions de livres (soit environ 120 millions d’euros) avec 3 compagnies de ferries, la française Brittany Ferries, la danoise DFDS et la britannique Seaborne, pour augmenter le nombre de liaisons maritimes vers l’Europe en cas de « no deal ».

Ces contrats n’ont pas fait l’objet d’appels d’offre a précisé le Ministère à cause de « l’extrême urgence » de la situation.

Le contrat signé avec Brittany Ferries s’élève à 46,5 millions de livres, soit environ 51,9 millions d’euros, DFDS obtient un contrat très légèrement supérieur (52,6 Millions d’euros), tandis que la compagnie britannique se contente de 15,3 millions d’euros. Ces liaisons supplémentaires se feront au-départ-de et vers plusieurs ports du Sud et de l’Est de l’Angleterre pour tenter fluidifier le trafic en allégeant celui de Douvres.

Ce contrat de 51,9 millions d’euros va redistribuer les cartes chez Brittany Ferries, car la compagnie bretonne qui dessert largement l’Irlande depuis les ports français étudiait la possibilité d’augmenter son offre vers ce pays dont la partie Sud, la République d’Irlande, fait partie de l’Union Européenne, dans le cas où il y aurait un effondrement ou un ralentissement des traversées de France vers l’Angleterre.
Ces belles étrennes à 52 millions offertes par le gouvernement de sa Gracieuse Majesté seront appréciées à leur juste valeur mais elles sont déjà la reconnaissance par le Royaume Uni de l’importance et de la qualité des services de Brittany Ferries.

Mais pour assurer une augmentation des fréquences et des routes, Brittany Ferries risque d’être amenée à modifier quelque peu les horaires de certaines liaisons.

Et vraisemblablement la compagnie devra augmenter ses capacités de transport, avec l’acquisition ou la location d’au moins un navire supplémentaire.

Mais tout ceci ne dépend que de l’évolution absolument imprévisible du Brexit.

D’ici une quinzaine de jours avec le vote au Parlement Britannique, nous devrions en savoir un peu plus sur l’avenir de nos relations avec le Royaume Uni. Brexit avec accord, Brexit sans d’accord, ou même, pas de Brexit du tout, toutes ces options sont sur la table !
Alors comme le disent eux-mêmes nos chers voisins britanniques, « Wait and See ».

Frédéric de Poligny