Caravaggio-Bernini, du baroque dans le coeur de Rome
7 février 2020 Rédaction Aucun commentaire Voir Caravaggio-Bernini, rome 2686 vues
Une nouvelle génération d’artistes ambitieux menée par le brillant peintre Caravage et le génial sculpteur Bernin a secoué de sa torpeur la ville éternelle de Rome au cours des premières décennies du XVIIè siècle. Ils ont introduit un nouveau langage artistique, incitant à l’émotion : c’est la naissance du baroque.
Un art théâtral, fait de drame, de dynamisme et de bravura. Un art dans lequel la peinture, la sculpture et l’architecture collaborent étroitement. Une révolution dans l’art occidental, qui a débuté à Rome et a laissé sa marque à travers toute l’Europe.
L’exposition Caravaggio-Bernini, le baroque à Rome présente plus de soixante-dix chefs-d’œuvre du Caravage, du Bernin et de leurs contemporains. Les peintures et sculptures proviennent de musées internationaux et de collections privées.
L’exposition Caravaggio-Bernini, le baroque à Rome est rendue possible en partie par Ammodo, ING, Kvadrat, Rijkspatronen et le ministère néerlandais de l’Éducation, de la Culture et des Sciences.
Le baroque à Rome
La culture discrète et sobre des Pays-Bas protestant du XVIIè siècle, est à l’opposée de l’effervescence artistique italienne du moment. Le baroque italien a apporté une révolution artistique qui a été ressentie dans toute l’Europe catholique romaine. Parmi les initiateurs, étaient le peintre Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Caravage (1571-1610) et le sculpteur Gian Lorenzo Bernini, dit Bernin (1598-1680).
Beaucoup d’autres talents artistiques se sont rassemblés autour de ces deux génies. La ville éternelle est en plein essor artistique au cours des premières décennies du XVIIè siècle. Rome devient rapidement un foyer international débordant de nouvelles idées et d’initiatives artistiques. Ce climat animé est le terreau d’un nouveau style, qui sera appelé baroque, d’après le mot barocco qui désigne la forme fantaisiste d’une perle naturelle.
Plus que jamais, peintres et sculpteurs travaillent ensemble. Les personnages principaux de l’exposition – Caravaggio, Bernini et ceux qui leur sont apparentés – incarnent cette fraternisation artistique. Ensemble, leurs œuvres racontent l’histoire de l’élan de cette scène artistique romaine et de ses innovations radicales de l’art, entre 1600 et 1640. Les termes clés du vocabulaire artistique de cette époque, sont des concepts tels que merveille (meraviglia), vivacité (vivezza), mouvement (moto), badinage (scherzo) ou horreur (terribilità).
Caravaggio et Bernini
Le baroque voit le jour vers 1600 en Italie. Caravage est au sommet de sa gloire et fait fureur à Rome avec ses peintures naturalistes au style complètement innovant et d’un clair-obscur pénétrant. Son art radical a fait naître un mouvement comptant de nombreux suiveurs, appelés plus tard les Caravagesques, comprenant, entre autres, les Gentileschi père et fille, Borgianni, Bartolomeo Manfredi, Guercino, Baglione et Mattia Preti, mais aussi des Néerlandais comme Ter Brugghen, Honthorst van Van Baburen.
Quelques années après la mort du Caravage en 1610, Bernin, aux multiples talents, se manifeste par une série de sculptures impressionnantes et techniquement virtuoses, pleines de mouvement, de drame et de vitalité. Au cours des décennies suivantes, Bernin donne ainsi un nouvel élan à l’héritage du Caravage. Le visage de Rome se voit totalement modifier. Les innovations du Bernin sont encore visibles dans de nombreux domaines et lieux, allant des portraits réalistes aux impressionnants monuments funéraires, des fontaines sculptées à l’architecture des églises.
Des points forts
Les points forts de l’exposition sont l’enchanteur Narcisse du Caravage, le Garçon mordu par un lézard, son Couronnement d’épines, et des œuvres du Bernin, comme son travail de jeunesse Bacchus, rarement montré, son émouvant Sébastien, le buste de Méduse, mais aussi des portraits en marbre de Thomas Baker, du cardinal de Richelieu et un Autoportrait peint.
Des peintures de Ludovico et d’Annibale Carrache, de Guido Reni, de Giovanni Baglione, des Gentileschi, de Nicolas Poussin, de Simon Vouet et de l’excentrique Tanzio da Varallo, entre autres, sont également présentées. Les sculptures d’Alessandro Algardi, notamment son Sonno (Sommeil) en marbre noir, le Faune Rondanini dansant du flamand romain François du Quesnoy, ainsi qu’un cheval de bronze jamais vu auparavant de Francesco Mochi quasiment en mouvement.
Formafantasma
L’exposition est conçue par l’agence Formafantasma, située à Amsterdam, et composée du duo Simone Farresin et Andrea Trimarchi. Ces concepteurs italiens ont opté pour un style élégant et discret qui laisse la place au langage baroque des œuvres d’art. L’utilisation subtile de couleurs et de matériaux – y compris l’utilisation de tissus Kvadrat dans des tons chauds – crée un environnement contemporain pour un art du XVIIè siècle puissant.
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