Ces 2,26 milliards € bienvenus pour Air France-KLM …
15 juin 2022 Frédéric De Poligny Aucun commentaire À la une Air France-KLM, Ben Smith, CMA-CGM, France, MSC, Transavia 3315 vues
C’est hier mardi matin qu’a été annoncé les résultats de la nouvelle capitalisation du groupe franco-néerlandais Air France-KLM. Dans une longue interview sur BFM-business, Ben Smith, le PDG du groupe est revenu sur cette épisode qui a renfloué les caisses de 2,26 milliards d’euros. En premier lieu il s’est félicité de la fidélité de ses actionnaires principaux, l’état Français et l’état Néerlandais qui ont souscrit à cette augmentation pour conserver respectivement leur 28,6 et 9,3 % du capital. Delta Air Lines (2,9 %) et China Airlines (4,7 %), actionnaires minoritaires, ont fait de même.
Mais la grande nouvelle -qui était un peu attendue- c’est l’entrée d’un nouvel actionnaire de référence, le groupe de transport maritime CMA-CGM qui prend la troisième place avec 9 % du capital.
L’entrée de CMA-CGM était prévisible depuis l’accord signé il y a un mois entre les deux groupes pour un partenariat sur les activités cargo d’AF-KLM. Et le mois dernier l’Assemblée Générale d’Air France-KLM avait entériné l’arrivée de Rodolphe Saadé, PDG de CMA CGM, comme membre du Conseil d’Administration du groupe aérien.
Le fret aérien, une cible de choix pour les affréteurs maritimes
Ce rapprochement des compagnies de transport maritime avec d’importantes compagnies aériennes qui ont des activités cargo est dans l’air du temps. D’une part, avec la pandémie Covid, le transport maritime a explosé avec une demande très importante et des tarifs subissant des hausses exponentielles, tandis que le transport aérien subissait de plein fouet un effondrement majeur de l’activité.
Les compagnies maritimes de fret qui disposent d’une solide assise financière, ont vu tout l’intérêt de se rapprocher des compagnies aériennes largement endettées, pour pouvoir proposer une offre globale à leurs clients. Car auparavant, elles ne pouvaient faire que du transport par bateaux, donc forcément du transport lent. Dorénavant, leurs clients pourront choisir.
Quant aux compagnies aériennes, elles pourront profiter de l’extrême densité du maillage commercial des transporteurs maritimes pour consolider et développer leurs activités cargo, revenant ainsi un peu vers leurs activités premières car, il faut le rappeler, la plupart des grandes compagnies aériennes sont nées du besoin de transporter rapidement du courrier, bien avant le transport de passagers.
Le tout premier à faire ce choix fut le groupe MSC, qui en plus de ces activités de croisières est le n°1 mondial du transport maritime par container. MSC s’est ainsi positionné pour racheter la compagnie italienne ITA (l’ex Al Italia) pour créer un partenariat stratégique sur le trafic cargo aérien-maritime, mais cerise sur le gâteau, comme MSC prévoit de faire participer Lufthansa à la gestion technique d’ITA, cela laisse présager d’un rapprochement en parallèle des activités cargo avec la compagnie allemande…
AF-KLM repart de l’avant
Grâce à cette recapitalisation de 2,26 milliards d’euros, AF-KLM va pouvoir affecter une partie de ces fonds, autour de 1,7 milliards, pour rembourser partiellement les prêts reçus de l’Etat Français, les PGE.
Car tant que ces prêts ne sont pas remboursés à 75 %, AF-KLM ne peut participer à aucun élargissement, à aucune prise de participation dans une autre compagnie même si une belle opportunité se présentait. Le reste soit plus ou moins 600 millions d’euros iront assainir un peu la dette du groupe.
Pour Ben Smith, la saison estivale de la compagnie est au beau fixe avec une demande très forte, même si les prix ont augmenté à cause de la guerre en Ukraine et de l’augmentation des coûts du carburant qui s’en est suivi.
Même les classes First et Business sont souvent complètes sur des destinations majeures comme les vols transatlantiques. La compagnie annonce déjà que les chiffres de fréquentation vont atteindre 90 % de ceux d’avant la crise.
Et depuis plusieurs mois, AF-KLM a décidé d’embaucher plusieurs centaines de pilotes et mécaniciens pour assurer le redémarrage de ses activités en prévision de l’importante reprise estivale, le groupe voulant éviter de se retrouver dans le même cas que nombre de compagnies, comme British Airways, qui ont dû annuler des centaines de vol programmés cet été faute de pilotes ou d’équipages en nombre suffisant.
Mais là où le bat pourrait blesser, ce serait du côté des infrastructures aéroportuaires où un manque crucial de personnel se fait sentir partout, bagagistes et personnels des contrôles de sécurité, entrainant des queues interminables et des retards conséquents…
Sans parler que les personnels présents étant en sous-effectif, leurs conditions de travail sont un peu tendues, ce qui amène leurs syndicats à programmer des journées de grève, sur les journées de grand départ bien évidemment !
Transavia va pouvoir se développer pour contrer les low-costs sur leur terrain
Lors de son interview sur BFM, Ben Smith a indiqué que dès cette été, Transavia verra sa flotte augmentée, pour un total de 60 appareils, et qu’en 2023, celle-ci montera à 80 appareils.
Pour lui, il n’est pas question de mettre Transavia en concurrence avec Air-France, mais plutôt de finaliser une filiale low-cost d’Air France pour concurrencer non pas la maison mère, mais pour lutter à armes égales contre les compagnies low-cost.
Au départ les pilotes d’Air France avait exigé et obtenu un accord pour que Transavia ne dispose que de 40 avions. Mais la situation actuelle demande de réagir au plus vite et de reprendre le dessus face à des compagnies très agressives sur les tarifs.
Maintenant avec cet élargissement de sa flotte, Transavia va pouvoir développer son réseau et son panel de destinations. Sa participation au redressement du groupe ne sera pas négligeable car elle va pouvoir faire revenir nombre de voyageurs qui s’étaient rabattus sur les autres low-costs comme EasyJet ou Ryanair par exemple.
Frédéric de Poligny
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