« Les personnages et les situations de ces récits étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes, des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »
[1]Voici la suite des souvenirs professionnels de Jérémie Richeplan, parfois autocaresseur dans le sens du poil pour la bonne cause !
Jérémie : « Je vous avais promis de vous parler de cette période bénie, dite pionnière, de cette époque marquée par la spectaculaire envolée de la traversée de nos frontières.
Il faut bien dire que tout n’était pas si simple en ce temps, où les cartes routières « pour aller à l’étranger » ne se trouvaient pas si simplement au bureau de tabac du coin, où rares étaient les plans de villes qui ne se dégottaient que sur place, où n’existaient ni téléphone portable ni GPS… même pas en rêve !
Cela veut dire qu’en plus de ses qualités de tourneur de volant, le chauffeur devait aussi être doté d’un sacré sens de l’orientation et savoir cultiver de vrais talents de comédien pour faire mine de bien connaitre ses itinéraires afin de s’assurer de la tranquillité de ses clients !
Avec votre autorisation, je me permettrai de rappeler aux lecteurs de « La Quot. », (,) l’accumulation des préoccupations de notre métier dans les années 60/70, alors qu’il ne s’agissait dans la plupart des cas que de simples passages vers des pays voisins très limitrophes ?
Peut-on aussi souligner que le moindre défaut de carte d’identité condamnait le client distrait à faire demi-tour et à rentrer chez lui immédiatement, par ses propres moyens de surcroît … Et ce n’est pas si vieux !
Pour nous replacer dans le contexte, nous devons nous souvenir que le spectre « mur de Berlin» était toujours bien présent, debout pour rappeler à chaque voyageur que le monde était partagé en deux blocs, et pour bien marquer l’infranchissable distance entre les cultures de l’Ouest et celles de l’Est…
Pour un conducteur de car responsable de ses touristes, déjà trituré par sa pétoche, il faut avouer qu’une arrivée tardive à Berlin se transformait vite en cauchemar lorsqu’il fallait se dépatouiller face à la complexité des différentes zones « occupées »…
Comme bien d’autres cauchemars lorsqu’il fallait piétiner pendant de longues heures devant une frontière polonaise, tchécoslovaque ou hongroise….
Je peux vous l’affirmer, lorsqu’on a vécu ce genre d’expériences, croyez-moi, on est carrément blindé !
Ni les clients, ni le conducteur ne peuvent oublier non plus ce violent mal de ventre qui se déclenche après avoir vécu le doux plaisir des tergiversations avec les gardes frontières de Franco en Espagne, de Salazar au Portugal ou de Tito en Yougoslavie…
Alors seulement après, on est en mesure de pouvoir affirmer que l’on connait le sens du mot patience….
Quand on a dansé de joie à l’embarquement de l’autocar et de ses passagers après l’épreuve des contrôles de douane sous le régime des colonels grecs… on peut parfaitement mesurer le bonheur d’être aujourd’hui dans une Europe sans frontière, avec une monnaie unique, et la facilité de pouvoir communiquer et de se comprendre !
Mais rappelez-vous, en dépit de tout cela, un détail, et (non) vraiment pas négligeable celui là… Les voyageurs revenaient tous heureux… super contents… ravis… enchantés !
Les comportements ont bien changé(s)…
Il n’y a pas quoi se marrer quand on écoute l’un ou l’autre des hommes politiques souhaiter le retour aux monnaies nationales !
Bandes de ballots… ils en sont émouvant de connerie !
C’est sûr qu’ils n’ont jamais dû entendre parler du contrôle des changes, ni se trouver dans les interminables queues des douanes à attendre un malheureux coup de tampon… D’accord, les chauffeurs avaient la responsabilité des passages en douanes… mais pas celle des attentes infinies devant les bureaux de change…..
Tiens ! Tu veux un exemple ?
Si tu partais avec ton équipe de voyageurs une quinzaine de jours pour un circuit découverte en Norvège… et ben t’avais intérêt à savoir compter, car l’unique machine à calculer/convertir de la boîte était réservée à la comptable de la boîte.
Donc, en plus du souci que te procurait le pognon qui t’était confié pour payer les hôtels, restaurants et services au passage, tu étais constamment soumis à l’épreuve de à la question !
La question, mais quelle question ? C’est bien simple, immédiatement après chaque passage de frontière et à chaque arrêt, t’avais tous les clients qui te tombaient sur le poil avec billets et pièces au creux de la main pour te poser invariablement la même question :
– « Dis don’ Jérémie, çà fait combien çà en Francs ? ».
Tu te rends compte ? çà commençait par les deutschemarks, ensuite venaient les couronnes suédoises, puis finlandaises, norvégiennes, danoises, les florins, les francs belges et luxembourgeois… Une vraie partie de plaisir au quotidien et pour finir, au retour, le chemin inverse pour la reconversion en francs.
Fallait quand même être plus que démerd’… Il faut ajouter que ces premiers circuits se faisaient sans accompagnateur et c’était à nous de préparer chaque soir le trajet du lendemain avec les commentaires idoines, en priant le ciel que le micro ne tombe pas en panne ! »
(A suivre)
Jean Pierre Michel
PS : Sans aucun lien avec le récit de Jérémie qui précède :
Une lumière a clignoté fort sur la petite lucarne de France 2 au 20 heures du 20 juin 2013 – date à marquer d’une pierre blanche – le grand, l’immense, le monumental – David Pujadas, et je ne cire pas les pompes de l’intervieweur des présidents, mais il est quand même parvenu à parler du « retour en grâce de l’autocar » sans que personne ne l’y oblige…
C’est assez remarquable pour être mentionné ici !
Et pour nous, P.R. c’est direct champagne au frais, car la bonne nouvelle, elle est pour « La Quot », on en a la preuve : les stars présentateurs TV lisent nos éditos…
Jugez par vous mêmes !
ConcertoPourAutocarFN.mp3 http://www.tousavospostes.com [2]
http://www.tousavospostes.com/podcast/linstant-detente-concerto-pour-autocar-de-christian-fontenay [3]