[1]« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux »… déclamait Marcel Proust au temps où Optic 2000 ne s’en chargeait pas !
Nous savons tous que les autocaristes évoluent en ce moment même comme des poissons dans l’eau dans les allées du « MAP PRO International », pendant ces deux journées qui leur sont consacrées à la porte de Versailles.
Seul bémol, désormais classique pour les professionnels du tourisme sur route, ils vont devoir se retaper dans quelques jours le trajet vers la capitale pour assister à leur Congrès FNTV annuel… C’est un manque de coordination bien regrettable !
Attention, on accède au MAP à une seule condition, celle d’y être convié… il est pour cela exigé d’être agent de voyages, autocariste, tour-opérateur, agent réceptif ou évènementiel… et c’est là toute la nuance sélective, la grande différence avec ceux qui ouvrent grandes leurs portes, au risque de ressembler à la Foire de Paris.
Non…Non… Non… ici, on vient pour bosser !
Etonnant… tiens ! On n’a pas entendu dire que le top départ du cru 2013 serait claironné par Madame la Ministre… Constat bien malheureux, si l’on tient compte du nombre croissant des fervents adeptes de ce célèbre slogan : « C’est pas parce qu’on n’y comprend rien, qu’on a rien à dire« .
C’est une maxime contagieuse à la mode qui se propage rapidement, à en juger par le délire verbal qui s’est emparé des gugusses pompeux qui prétendent parler d’autrui alors qu’ils ne maîtrisent qu’un seul grand sujet : leur satisfaisante personne !
Un observateur averti repère rapidement ce « Moimoimoi »… Ce «Jejeje » qui nous fatigue grave et qui parcourt pourtant en continu les allées des salons « grand public », noblesse et tradition obligent…
L’individu déambule sans organisation particulière, mais selon des habitudes bien ancrées, armé de ses critiques fielleuses, de remarques assassines bien affûtées argumentées de petites câlineries à répétition !
Aucun doute pour le reconnaître, fastoche… il se balade avec sa petite sacoche, arborant un air inspiré…
Et si tu veux te marrer, regarde le faire… il évolue sans but précis, mais d’un pas ferme et décidé, confiant et persuadé de son importance.
Faut quand même faire gaffe… car il recherche l’un de ses semblables, un autre « homo sapiens salonicus », qui sitôt repéré sera harponné sur place et contraint de subir son sketch bien huilé. Ce magnifique numéro de voltige verbale débutera intarissablement par un retentissant : « Ô-LA-LA-MOI-JE !» emprunt de la plus sincère et fausse modestie !
La scène est un vrai spectacle… l’homme (rarement la femme) poitrine ou ventre pointé contre sa victime, l’haleine forte… la tête pivotante sur roulement à 180°, se tient à l’affut dans un même temps de l’attention de son interlocuteur et d’un potentiel nouveau courtisan.
Inutile de rêver que ces deux bavards accordent la moindre importance à ce que dit, pense ou réponde son interlocuteur, pensez-vous… Leur dialogue se résume à un match-play entre les « O-BEN-MOI-JE » et autres « AH-OUI-MAIS-MOI-JE » !
Le guide du bon goût salonique leur dicte à ce moment là de choisir le stand le plus proche et le mieux achalandé, et de trouver l’alibi pour le coup à boire et le plateau de petit toasts que l’on avalera sans scrupules aux frais de cet exposant que l’on ne connaît même pas, mais auquel on laissera espérer un utopique bon contact, en prenant soin de ne pas lui faire comprendre trop vite qu’on dilapide son temps.
Lorsqu’il prend conscience de la supercherie et comprend qu’il ne risque pas d’accrocher la moindre affaire avec ces imposteurs, l’exposant abusé finit par prendre définitivement les boules en entendant chanter les vertus de son plus direct concurrent et vanter les produits beaucoup moins chers du voisin.
Il songe en ruminant aux sommes colossales qu’il a déboursées pour obtenir cet espace de vente (et les frais associés), et se ronge les sangs en pensant aux coups de pompe occultes qui se perdent… » Enfin, enfin… voilà qu’ils filent ces deux cons… Putain, c’est pas trop tôt ! J’te parie qu’ils partent maintenant en quête du prochain candide susceptible de leur payer à bouffer ce soir… »
Mais soyons un peu positifs ! La visite d’un salon reste quand même enrichissante : elle a le mérite de te conforter dans l’idée que ce proche collègue qui vient de t’embrasser n’hésitera pas à te tailler un beau costume dès la prochaine occas’, c’est-à-dire au prochain virage de l’allée suivante…
Comme chacun sait, les meilleurs amis restent ceux qui officient le plus loin possible de ton pré-carré… ou à la limite, ceux dont l’incompétence peut te servir de faire valoir… Sinon gare, çà bâche grave !
– « Bon, mon Arlette, tu t’es quand même pas autant cassé la tête pour faire grandir ce bébé et lire de telles absurdités… JP, enfin quand même… qu’est ce qui te prend ? ».
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ces schémas ne s’appliquent pas au MAP… Dans ton salon à toi, il faut le redire… le clamer… l’affirmer… Un tel scénario n’est pas concevable, chez toi, on vient seulement pour BOSSER… et faut faire vite !
Le MAP PRO international est un salon 100 % business qui permet aux visiteurs de découvrir toute l’activité touristique du moment, 4 500 hôtes soigneusement sélectionnés, venus des quatre coins de France, voire du monde entier, à qui tu offres la possibilité de rencontrer plus de 400 exposants dans l’ambiance de travail particulièrement conviviale dont tu as le secret… et qui a depuis toujours favorisé les échanges et généré les bonnes affaires…
Les derniers chiffres dont on dispose font rêver, voire espérer comme le début de la fin de crise… Vise un peu, mon n’veu : les voyages en groupes génèrent environ 7,5 milliards d’euros et représentent presque 70 millions de journées à organiser, à mitonner pour le plus grand bonheur des touristes !
C’est pas une paille ça… Allez au boulot !
Arlette, tu t’rappelles du MIT d’octobre 93, y’a 30 ans ? Tu étais auprès de Jean aux côtés du Ministre Roland Carraz dont le discours avait pour thème : « Reconnaître la spécificité du grand tourisme en autocar »… çà avait d’la gueule, quand même, non ?
Allez… Bisous et beau salon !
Jean Pierre Michel
(à suivre)